Le Président de la Polynésie française, Edouard Fritch, a prononcé un discours, mardi soir à la Présidence, au terme de la visite du président de la République française, Emmanuel Macron, en Polynésie française.
Le discours a été prononcé dans le cadre d’une cérémonie organisée sous le chapiteau de la Présidence, en présence du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, du Haut-commissaire de la République, Dominique Sorain, du Président de l’Assemblée de la Polynésie française, Gaston Tong Sang, de l’ensemble des membres du gouvernement, des parlementaires, et de nombreux maires.
« Depuis votre arrivée vous avez appris beaucoup sur notre vaste territoire, sur ses habitants et sur leur attachement à leur culture et à leur identité. Ils ont aussi beaucoup appris de vous ! Un accueil communautaire exceptionnel vous a été réservé, accueil qui vous a plongé dans l’univers culturel unique et envoûtant qui est celui de nos Iles », a déclaré le Président dans son discours.
« Vous avez pu ressentir la pureté de la nature et la profondeur de la culture ancestrale des Marquisiens qui aspirent à faire inscrire leurs trésors au patrimoine mondial de l’Unesco. », a ajouté le Président.
Le Président a également remercié le chef de l’Etat pour l’aide apportée par l’Etat durant la crise sanitaire, sans quoi, de nombreuses entreprises et emplois auraient pu disparaître. Grâce à l’extension à la Polynésie française des dispositions des PGE, du fonds de solidarité de l’Etat (FSE), du dispositif de prise en charge des coûts fixes, de multiples artisans, artistes, commerçants, travailleurs indépendants ont été préservés de la précarité, voire de la pauvreté. « Je n’oublie pas le prêt accordé par l’Agence Française de Développement en 2020, garanti par l’Etat, qui a permis de financer en urgence les besoins du Pays et ceux de la Caisse de Prévoyance Sociale. », a souligné le Président.
Le Président a donc adressé la reconnaissance de tous les Polynésiens pour le soutien que l’Etat a apporté à la Polynésie française dans la lutte contre le virus de la Covid-19. « Vous nous avez notamment soutenus en nous donnant un accès prioritaire et sans limite aux vaccins, et en apportant des compétences médicales via la mobilisation de la réserve sanitaire. », a rappelé le Président.
Nucléaire, statut d’autonomie et intégration régionale
« Votre déplacement s’inscrit dans le prolongement de la Table ronde de haut niveau que vous avez organisé à Paris, au début du mois de juillet dernier, en réponse aux préoccupations légitimes des Polynésiens. Je retiens que les membres de la délégation Reko Tika, ‘ la Parole vraie ‘, sont revenus satisfaits de ce déplacement. Ils ont perçu, comme moi, l’évolution de la posture de l’Etat et de ses représentants sur ce dossier. », a indiqué, par ailleurs le Président.
« Vous le savez, je suis profondément attaché à notre statut d’autonomie qui offre à notre collectivité l’opportunité de se gouverner librement et démocratiquement tout en demeurant ancrée à la République, et j’y tiens. La conjugaison de l’action du Pays et de l’Etat constitue donc à mes yeux, la condition nécessaire pour atteindre les objectifs ambitieux et légitimes auxquels aspirent les polynésiens. Il me parait tout aussi important de veiller à notre stabilité politique et à notre unité pour que le partenariat avec l’Etat soit le plus efficient possible, sans à-coups et dans la durée. J’appelle cela la concorde, concorde entre les Polynésiens, concorde entre les communautés, mais aussi concorde dans les relations entre la Polynésie et la France. », a également indiqué le Président.
« En termes d’intégration régionale, je considère comme un succès l’acceptation de la Polynésie française au Forum des îles du Pacifique qui, comme nous le savons, est l’instance politique de dialogue de la région. Cette décision des Etats membres est la reconnaissance implicite de notre Autonomie, qui nous permet désormais d’interagir d’égal à égal avec nos amis du Pacifique. Ainsi, nous pouvons être l’un des acteurs crédibles et permanent de l’Axe Indopacifique qui vous tient à cœur et, le fait d’être français et polynésien dans un contexte géopolitique tendu autour du bassin Pacifique, est pour moi une chance. », a ajouté le Président dans son discours.
Le Président a ensuite évoqué différentes demandes faites à L’Etat. La première concerne l’installation, à Tahiti, de l’Institut National du Cancer (INCA) qui permettra de disposer localement, dans un seul lieu, d’un plateau technique de très haut niveau au service des patients et de la recherche. La seconde concerne la création d’un Fonds d’investissement dédié aux politiques de transition, doté par l’Etat et qui viendrait compléter utilement les dispositifs de financement existants. Il s’agirait ici d’accompagner des entreprises et des initiatives innovantes au bénéfice d’acteurs économiques ou associatifs engagés dans le changement. La troisième concerne la demande de prêt que la Polynésie a déposé auprès de l’AFD (Agence Française de développement) et de l’Etat pour financer le plan de relance mais aussi pour soutenir la CPS (Caisse de prévoyance sociale) et Air Tahiti Nui. La garantie de l’Etat permettrait de finaliser cette opération prochainement.
Construire un lendemain qui sera nécessairement durable et humain
Le Président a également attiré l’attention du président de la République sur le cas des Polynésiens qui s’engagent dans les forces armées ou de sécurité afin qu’ils puissent bénéficier d’un traitement juste et équitable lorsqu’ils s’installent en métropole. « Outre la retraite, il y a le sujet fonctionnaires d’origine polynésienne (enseignants, policiers, militaires de carrière…) qui ont toutes les peines du monde à faire reconnaître le centre de leurs intérêts matériels et moraux. Je vous propose qu’un comité consultatif mixte, Etat-Pays, soit mis en place pour examiner ensemble leur situation et donner un avis approprié aux circonstances. », a aussi indiqué le Président.
« Les Polynésiens veulent compter sur vous pour défendre avec conviction cette nouvelle vision des relations qui doivent exister entre la Polynésie et la France, ce nouveau paradigme, comme vous aimez à le dire, qui se consolidera autour du respect, de la vérité et de la confiance rétablie. La France, par votre intercession, saura se montrer reconnaissante pour nous aider à tourner la page en veillant à préserver la mémoire des faits au bénéfice des générations futures. Je suis enfin confiant qu’elle s’engagera à nos côtés, avec détermination pour construire un lendemain qui sera nécessairement durable et humain. », a conclu le Président.
Le président de la République s’est ensuite exprimé sous le chapiteau de la Présidence. A la fin de son allocution, il a eu l’occasion de saluer longuement une nouvelle fois le public venu assister à son discours, son retour pour Paris étant prévu pour le soir même, après trois journées passées en Polynésie française, à Tahiti, mais également sur l’île de Hiva, aux Marquises, à Manihi, aux Tuamotu, ainsi qu’à Moorea.