Dès qu’il a eu connaissance du rapport d’expertise réalisé par la mission d’expertise dépêchée à Arutua le 18 avril dernier, le gouvernement a mis en place un barrage flottant entre le navire échoué et le lagon d’Arutua pour limiter les risques de pollution et permettre l’élaboration des étapes suivantes.
Par ordonnance du 30 avril, le Tribunal administratif de Papeete a fait droit au recours déposé par la Polynésie française en condamnant le propriétaire à dépolluer son navire sous astreinte de 500 000 Fcfp par jour de retard. Il l’a condamné également à agir pour retirer l’épave du récif dans un délai de quinze jours, au-delà duquel une seconde astreinte de 500 000 Fcfp par jour viendrait s’ajouter à la précédente.
Le propriétaire du thonier Shen Gang Shun 1 a finalement présenté un plan d’action le samedi 2 mai, soit plus d’un mois après l’échouement du navire survenu le 21 mars. Ce plan a été présenté au gouvernement pour approbation. Or, le gouvernement n’a pas à approuver un tel plan qui relève de la responsabilité du propriétaire et de ses prestataires. Il doit en revanche s’assurer qu’il est conforme aux dispositions règlementaires en vigueur dans ce type de situation et qu’il respecte les contraintes environnementales et celles concernant la sécurité des personnes.
Le Pays a examiné avec attention ce plan lors d’une réunion qui s’est tenue le lundi 4 mai dans les locaux de la DPAM. Il a fait part à cette occasion et par écrit de ses observations, principalement en ce qui concerne le mode opératoire des actions projetées. Ce plan a été élaboré par la société TMP, Travaux Maritimes de Polynésie, appartenant à la société Boyer et agissant pour le compte du propriétaire.
Le navire Tahiti Nui VIII (TN 8) de la flottille administrative affrété par l’opérateur interviendra durant la phase de dépollution du navire, avec le soutien du remorquer Aito 2 qui viendra le stabiliser durant les opérations, le thonier échoué n’étant accessible que par la haute mer. Le carburant du Shen Gang Shun 1 sera transbordé à bord du TN 8 ; cette opération prendra près de 48h. Les huiles se trouvant à bord et dans la salle des machines seront pompées et stockées dans des cubitainers sur le pont du TN 8. Les autres matières dangereuses, comme les bombonnes de fréon, les batteries et les peintures, seront évacuées à l’aide de big bag par la grue du TN 8.
Le transbordement des 75 tonnes de poissons et appâts situées dans les soutes du thonier sera assuré par des agents spécialisés et équipés de la TSP (Tahitienne de Secteurs Publics). Une fois extraite des cales, la cargaison de poisson sera triée sur le pont du TN 8 pour être débarrassée de ses matériaux plastiques, cartons et nylon de pêche. Elle sera ensuite rendue à la mer par le TN 8 lorsqu’il sera au large.
Seize membres d’équipage de la flottille administrative embarqueront à bord du TN 8. 18 autres personnes, notamment des personnels de la TMP et de la TSP embarqueront à bord de deux catamarans loués à cet effet et qui leur serviront de base vie.
Cette seconde étape est le préalable indispensable à la troisième étape qui consistera à déséchouer le navire. Le propriétaire et son prestataire principal (la TMP) ont prévu de faire appel à deux remorqueurs, le Aito Nui et le Aito 2. Sur cette dernière phase, le Pays a émis quelques réserves en invitant l’opérateur à la prudence pendant les opérations de renflouage, en raison de la position du navire qui est entièrement posé sur le récif.
A ce stade, le plan présenté ne prévoit aucune indication sur les mesures qui seraient prises si la coque venait à se déchirer, ou si le navire venait à se disloquer lors des opérations de traction. L’ensemble des opérations relève de la responsabilité de la société Boyer agissant pour le compte du propriétaire.
Le Pays a rappelé l’urgence à agir. Le TN 8 a appareillé mercredi 6 mai pour Arutua où la mise en place des opérations de la phase 2 concernant la dépollution du thonier a débuté.