Plus de 150 professionnels présents à l’ouverture

Le mardi 27 août 2024, Taivini TEAI, ministre de l’Agriculture, des Ressources marines et de l’Environnement, a inauguré la quatrième session du Congrès du Secteur primaire de Polynésie française à Tubuai. L’événement s’est déroulé en présence de Rachel TAU, tāvana hau des Australes, de conseillers municipaux, de représentants du Régiment du Service Militaire Adapté (RSMA), de l’armement de Tuhaa Pae, ainsi que des directions, services et collaborateurs du Pays.

Plus de cent cinquante professionnels de l’agriculture et des ressources marines des îles de Tubuai, Rurutu, Rimatara et Rapa ont participé à ce congrès. L’archipel des Australes, souvent qualifié de « grenier de la Polynésie », fait face à plusieurs défis majeurs : retenir les professionnels et les jeunes sur les exploitations grâce à des formations adaptées et une évolution attractive des métiers ; développer les filières pour réduire la dépendance aux importations, répondre à la demande touristique, et augmenter la valeur des productions via l’agrotransformation ; et enfin, garantir un revenu stable, une protection sociale durable, ainsi qu’une retraite supérieure au moni ru’au. La coopération, notamment à travers des coopératives, est encouragée pour optimiser le suivi et l’efficacité dans l’attribution des aides du Pays.

Objectif : atteindre la souveraineté alimentaire

Fernand TAHIATA, tāvana de Tubuai, , a souligné l’importance de s’engager dans la démarche initiée par le Congrès. Thomas MOUTAME, président de la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire, a rappelé les atouts du secteur primaire en Polynésie, en particulier face aux défis mondiaux tels que la raréfaction des productions et la hausse des coûts. Le ministre a insisté sur l’objectif principal de sa démarche : contribuer à la souveraineté alimentaire de la Polynésie en collaboration avec les populations des îles.

Dans les Australes, cette souveraineté passe par le développement des cultures vivrières traditionnelles et modernes, ainsi qu’une meilleure valorisation des productions, y compris la partie non commercialisée, qui peut être transformée en compost ou en engrais naturel. Les ressources marines offrent également des opportunités, avec des projets d’élevage de bénitiers et de rori titi, ainsi que le développement de la pêche côtière. La filière élevage, actuellement dominée par la production porcine, présente aussi un potentiel pour le poulet de chair.

Les exploitations agricoles des Australes représentent 12 % du total des exploitations en Polynésie, avec des filières vivrières, maraîchères et fruitières significatives. Cependant, les professionnels doivent relever plusieurs défis : la formation et la montée en compétences, le stockage et la commercialisation dans un archipel isolé, la protection contre les nuisibles et la préservation de l’environnement, enfin la transformation, la valorisation et l’approvisionnement en eau.

Ateliers : connaître les aides et dispositifs professionnels

Les aides du Pays pour le développement des filières, s’élevant à 50 millions Fcpf annuellement pour l’archipel, sont sous-utilisées. Les professionnels sont donc invités à se renseigner lors des ateliers organisés dans le cadre du Congrès. Le ministre a également rappelé l’importance de la loi votée par l’Assemblée pour aménager et classer les terrains privés en zones agricoles protégées, incluant des bâtiments d’habitation. Le maintien de la prise en charge du fret a également été mis en avant comme un soutien indispensable aux agriculteurs. Enfin, la protection de l’environnement passe par la préservation des sols, la réduction des plastiques, et l’amélioration de la qualité nutritionnelle des repas des Polynésiens grâce à un plus grand usage de produits locaux comme le fe’i, le taro ou les autera, reconnus pour leurs bienfaits sur la santé.

Les Directions de l’Agriculture (DAG), des Ressources marines (DRM), de la Biosécurité, de l’Environnement (DIREN) et la Chambre de l’Agriculture et de la Pêche Lagonaire (CAPL) ont ensuite présenté des exposés spécifiquement adaptés aux problématiques des Australes. Les organismes de formation ont mis en avant les formations délocalisées et l’accompagnement des professionnels vers des pratiques de gestion d’entreprise. La commercialisation, enjeu stratégique, a fait l’objet de plusieurs discussions : la CAPL a présenté la plate-forme en ligne Matete.pf qui met en relation producteurs et acheteurs. En outre, l’utilisation des équipements de stockage, de lavage, de triage et de conditionnement dans les chambres froides pour les carottes a été expliquée par les représentants de la SNA Tuhaa Pae, afin de préserver des critères de qualité spécifiques.

Les questions et débats ont été réservés aux ateliers thématiques de l’après-midi, l’occasion pour les professionnels d’échanger longuement avec les représentants du Pays. Des visites organisées la veille, ont ponctué en déplacement, notamment à la scierie de Tubuai, sur la zone de triage, de lavage et de stockage des carottes en période de récolte, ainsi que sur un espace de démonstration de l’écloserie de bénitiers, dont les résultats s’avèrent particulièrement prometteurs.