Le thonier Shen Gang Shun échoué à Arutua depuis le 21 mars 2020 a été drossé sur le récif au cours de l’épisode de forte houle du week-end dernier. Le navire s’est retourné et est désormais couché sur son flan babord, plus à l’intérieur du récif, à quelques dizaines de mètres de sa position initiale. Pour rappel, à l’initiative du propriétaire, une première opération de dépollution et de déséchouement a été tentée, en vain. A cette occasion, le navire a été partiellement dépollué, de la plus grosse partie de ses carburants et huiles. Cependant tout n’avait pas pu être évacué, il restait également quelques équipements encore à bord, ainsi que les big-bag contenant la cargaison de poissons que les grues, dépêchées sur place par les remorqueurs, n’avaient pas pu lever. Le propriétaire avait alors sollicité une société de salvage (sauvetage) maritime des Pays-Bas et devait proposer un nouveau plan avec des moyens plus complexes qui n’existent pas en Polynésie française. Il a finalement rejeté cette option et il s’est mis aux abonnés absents.
Cette situation a donné lieu à une procédure en contentieux et à l’exécution de l’ordonnance du juge des référés du 30 avril 2020 condamnant solidairement les sociétés Shenzen Shengang Overseas Industrial Co. Ltd et Lung Soon Ocean Group, à verser une astreinte provisoire respective de 147 et 142 millions de francs. Dans le même temps, le Pays a engagé une procédure pour lui permettre de se substituer au propriétaire et d’engager les actions nécessaires au démantèlement du thonier.
Une consultation a été lancée le 25 juin dernier en vue de retirer l’épave du Shen Gang Shun échouée à Arutua. La consultation s’est clôturée hier, lundi 16 août à 11h, et quatre sociétés ont répondu. La commission d’ouverture des plis se réunira demain, mercredi 18 août, les offres seront examinées dans le détail. Le résultat de la consultation devrait être connu début septembre.
Le renversement du thonier survenu ce week-end sur le récif ne change rien à la situation car au regard des contraintes opérationnelles, il était envisagé de démanteler le navire sur place, comme l’avait déjà été le thonier échoué sur son flanc à Marutea Nord. Désormais le Shen Gang Shun est positionné de manière stable, ce qui va éviter fort probablement que sa coque ne se déchire davantage. La Direction de l’environnement (DIREN) et la Direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM) ont sollicité la collaboration de la commune de Arutua et de l’association A Paruru anae i te arutaimareva no Arutua pour mener une action de ramassage des déchets flottants et une surveillance sur site dans l’attente de l’opération de démantèlement afin de prévenir les atteintes portées au site.
Concernant le palangrier chinois Ping Tai Rong 49 qui s’est échoué le 23 juillet dernier sur le récif de l’atoll de Anuanurunga – Tuamotu Nord- Ouest (près de Nukutepipi et Anuanuraro), est dans une situation stable comme l’a confirmé la dernière mission de surveillance aérienne. Une mission conduite par le patrouilleur Arago au début du mois d’août a permis à deux sociétés de se rendre sur place pour apprécier la situation et proposer un plan opérationnel incluant la dépollution. Les rapports d’expertise ont été soumis au propriétaire.
Durant l’épisode de forte houle de ces jours derniers, et en l’absence d’intervention du propriétaire, la DPAM a fait dérouter un thonier, le Fetu Ura, de l’armement Fetu, se trouvant dans la zone pour effecteur une vigilance rapprochée. Il a été rejoint par un second thonier, le Lady Chris 4, présent dans la zone également et appartenant de la société Tahiti Océan Food. Les deux navires ont assuré une mission de veille aux abords du palangrier échoué afin de procéder le cas échéant à la récupération des fûts attachés sur le pont en cas de chute à la mer, ce qui ne fut pas nécessaire. Comme toute intervention afférente aux navires échoués, ces opérations maritimes et aériennes sont réalisées aux frais du propriétaire.
Sur la base des informations recueillies par les spécialistes lors de la seconde mission d’évaluation conduite par l’Arago, le propriétaire a été destinataire de toutes les informations recueillies par les missions d’évaluation afin de présenter un plan d’action et un planning dans les plus brefs délais. Une collaboration de la DPAM, de la DIREN, de la commune et de l’Etat permettra un suivi optimisé pour une issue que l’on souhaite rapide.
crédit photo : Raimana Maout