Le ministre de la Santé, Jacques Raynal, la directrice adjointe de la Santé, Merehau Mervin et le président de l’Université de Polynésie française, Patrick Capolsini, ont signé, vendredi, à la Direction de la santé, une convention de cofinancement pour le lancement de travaux de recherche pour en savoir plus sur la consommation d’ice et ses effets.
La Direction de la santé et l’Université de Polynésie française, par le biais de la Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique, vont ainsi en effet cofinancer des travaux de recherche sur les causes et les conséquences de la croissance de la consommation d’ice en Polynésie française. L’objectif : gagner en efficacité dans la prévention de l’ice et dans la prise en charge des personnes touchées par ce fléau.
Pour disposer d’informations fiables sur l’ice, une substance extrêmement addictive, de plus en plus répandue en Polynésie, la Direction de la santé et l’Université de la Polynésie française ont décidé de cofinancer ces travaux de recherche sut le thème « La consommation d’ice à Tahiti, politiques publiques, usages et trafics ».
Ces travaux de recherche auront le double intérêt de dégager des données fiables et objectives sur l’ice en Polynésie française, mais aussi de remettre en question les pratiques en matière de conduite des politiques publiques, de manière à permettre aux institutions de gagner en efficacité, tant en matière de prévention que de prise en charge de la consommation de produits stupéfiants.
Ces travaux de recherches comprendront trois étapes :
- Un diagnostic sociologique et épidémiologique. Préalable indispensable, cette étape consiste à collecter l’ensemble des données dispersées dans les institutions et auprès de différents acteurs, pour dresser un premier état de la situation. Elle est aussi l’occasion de contextualiser le phénomène en Polynésie française, en le confrontant à d’autres situations insulaires comparables, ainsi qu’aux pratiques d’autres pays.
- L’étude des conditions sociales, politiques et institutionnelles de l’émergence de l’ice, ainsi que les modalités de sa prise en charge. Il s’agira de mettre à jour les différentes logiques institutionnelles qui impulsent l’action publique, les dynamiques de coopération entre les acteurs mais aussi les conflits qui les opposent et constituent des obstacles à l’efficacité de la mise en œuvre des politiques publiques.
- Une étude ethnographique de quartiers dits « difficiles » ou « prioritaires » dans lesquels les pratiques sociales liées aux usages de drogue apparaissent comme les plus problématiques socialement : quelles sont les caractéristiques de ces zones de marginalité urbaine faisant figure de scènes de consommation et/ou de trafics ? Il s’agira d’échanger avec les habitants par différents intermédiaires et de rencontrer des familles directement touchées par la consommation de drogues. Il s’agit également de mieux appréhender cet appât du gain qui semble se dégager auprès des revendeurs.
L’ice, au-delà de ses effets dévastateurs sur la population, génère des réseaux d’importation structurés dont les profits entraînent leur lot de dérives relevant de la délinquance et même de la criminalité. Aussi, ce travail de recherche est apparu indispensable, tant pour l’obtention de données fiables, que pour la mise en place d’une politique publique de prévention et de prise en charge forte.