Une rencontre de concertation globale tripartite rassemblant le Pays, les organisations patronales et les syndicats de salariés, s’est déroulée, mardi après-midi, à la Présidence. Le Président Edouard Fritch, le Vice-Président, Teva Rohfritsch, et la ministre du Tourisme et du Travail, Nicole Bouteau, ont ainsi échangé avec les forces vives du Pays sur plusieurs thèmes avec en toile de fond la reprise de la vie économique.

Dans un premier temps, un fonctionnement en « bulle intérieure » va être mis en œuvre, en permettant la reprise du transport des biens et des personnes entre Tahiti et les îles. La situation sanitaire étant maîtrisée, il y a une volonté des maires, notamment des îles principales, pour une réouverture de la desserte interinsulaire, avec également une perspective de reprise de la desserte aérienne inter-insulaire, avec bien entendu des protocoles sanitaires à respecter. Les entreprises pourront également reprendre leurs activités dans les îles, notamment pour les chantiers du BTP qui sont suspendus depuis plusieurs semaines. Pour cette période, la Polynésie devra compter essentiellement sur elle-même, sur la consommation intérieure. Il nous faudra consommer, acheter, voyager, s’engager « local », afin de soutenir nos commerçants, nos entreprises, nos agriculteurs, pêcheurs, artisans, nos professionnels du tourisme, etc. Il en va de leur survie et de celle des emplois qu’ils portent.

 

Dans le cadre de cette crise majeure que personne ne pouvait prévoir, pour le secteur touristique, celui de l’hôtellerie, le temps sera plus long car tout dépendra de la situation de la pandémie sur nos marchés extérieurs, de la situation de l’aérien international. Le gouvernement travaille actuellement aux différents scenarii de la réouverture à l’internationale qui se fera par étape. Dans un premier temps, la réouverture à l’international sera liée au retour des Polynésiens et à la mobilité des fonctionnaires d’Etat affectés en Polynésie. Ces retours se feront par vague. Chaque passager entrant devra obligatoirement être testé au covid-19 et devra présenter un résultat négatif avant l’embarquement à Paris. Une fois arrivés à l’aéroport de Tahiti-Faaa, ils seront immédiatement confinés dans des hébergements dédiés durant 14 jours avec suivi sanitaire et sans possibilité durant cette période d’isolement de rentrer chez eux. Même si des discussions sont en cours avec des hôtels de la place pour augmenter la capacité d’accueil des voyageurs de retour au fenua, chaque vol de rapatriement a pour l’heure un nombre limité de passagers. Le gouvernement se doit d’être extrêmement vigilant et prudent, car il s’agit d’éviter une deuxième vague de covid, comme la situation que vivent aujourd’hui certains Pays (Corée du Sud, Allemagne).

Au lendemain de la décision de confinement, dans le cadre du Plan de Sauvegarde de l’Economie, le Pays a mis en place les moyens financiers conséquents et les dispositifs permettant aux entreprises et à leurs salariés d’être soutenus alors que l’activité économique était à l’arrêt quasi total. Ce sont près de 15 000 bénéficiaires, salariés, entrepreneurs indépendants qui ont été aidés sur la période du 21 mars au 20 avril pour un montant d’environ 1,5 milliards Fcfp. La période de confinement étant toujours active, les dispositifs de solidarité restent ouverts jusqu’à la fin du mois. « Je ne reviendrai pas sur les conditions d’extrême urgence dans lesquelles s’est mis en place cet édifice de solidarité. Je rappellerai juste que pour pouvoir être au rendez-vous de cette solidarité il a fallu bousculer l’ordre établi. C’était le seul moyen de verser en temps et en heure ces aides exceptionnelles », a indiqué le Président.

Présentation des dispositifs DIESE et DESETI

La rencontre de ce mardi a essentiellement permis d’échanger sur les deux dispositifs post-confinements, le DIESE et le DESETI, qui visent à favoriser les conditions de reprise de l’activité économique post-confinement. Le DIESE est destiné à soutenir les entreprises qui auront réduit temporairement leur activité par une aide financière permettant de compenser la perte de salaire des salariés impactés par la baisse du temps de travail. Le DESETI est quant à lui destiné à compenser la perte de revenus des travailleurs indépendants contraints de cesser temporairement leur activité du fait de la crise. En l’état actuel de la situation du Pays, ces dispostifs ne peuvent avoir qu’une courte durée de vie car la trésorerie du Pays n’est pas un puit sans fond.

Après s’être arrêté de fonctionner pendant plus d’un mois, le Pays va rentrer dans une crise sans précédent, sans doute encore plus que grave que celle que nous avons connu entre 2008 et 2013. Les conséquences seront beaucoup plus importantes avec une chute de notre richesse, notre PIB, de l’ordre de 135 milliards Fcfp, soit près de 20 %. Mais aussi, et surtout, la disparition de très nombreux emplois, notamment dans le secteur du tourisme et plus particulièrement de l’hôtellerie. Ce sont près de 12 000 salariés dont il s’agit, ce qui va fragiliser fortement le système de protection sociale.

Le Président a eu l’occasion, récemment, de sensibiliser le Président de la République sur la situation de dépendance de la Polynésie française à l’égard du tourisme international fortement impacté par la crise sanitaire mondiale. Le tourisme et ses activités annexes représentent plus de 15 % du PIB de la Polynésie française. Les besoins financiers du Pays pour faire face à la crise sont de l’ordre de 120 milliards Fcfp comprenant notamment les besoins de la CPS pour la survie de les régimes sociaux. Ces estimations seront affinées par un comité d’experts, composé de l’IEOM, l’ISPF et la DGFIP.

Le Président en a ainsi appelé à la solidarité nationale afin que cette dernière vienne soutenir « le temps long » de cette crise et aider la Polynésie à soutenir les entreprises et les emplois. Le Président a également rappelé qu’il est important que le dialogue social se poursuive plus que jamais entre la Pays et les partenaires sociaux mais il doit aussi et surtout se poursuivre et être animé au sein des entreprises notamment dans ce contexte de crise économique majeure. Les partenaires sociaux doivent à nouveau se réunir en début de semaine prochaine, notamment pour finaliser les échanges sur le DIESE et le DESETI.