Le Haut-Commissaire, Dominique Sorain, et le Président de la Polynésie française, Edouard Fritch, en présence de plusieurs membres du gouvernement, ont reçu, ce mercredi 2 septembre, des représentants des organisations syndicales de salariés.

Cette rencontre fait suite à un appel des autorités à la discussion et à l’échange avec les partenaires sociaux sur des propositions relatives à la gestion de la crise et à la lutte contre l’épidémie de covid-19.

L’objectif premier partagé est de trouver un point d’équilibre entre la protection sanitaire, la poursuite de l’activité économique et la sauvegarde des emplois.

Dans ce cadre, les partenaires sociaux ont exprimé plusieurs propositions auxquelles les autorités ont répondu point par point :

·     La mise en place d’une quatorzaine stricte dans des sites dédiés pour tous les nouveaux arrivants sur le territoire polynésien

Les autorités ont rappelé que la réouverture progressive des frontières polynésiennes depuis le mois de juillet était nécessaire pour éviter la paralysie économique et sociale du fenua. Cette réouverture s’est effectuée selon un protocole sanitaire très strict et innovant, basé sur des tests successifs pour tous les arrivants, assorti de l’obligation de s’enregistrer sur la plateforme ETIS. Ce dispositif fonctionne puisqu’il a permis de détecter 19 cas positifs importés sur les près de 17 000 voyageurs (résidents et touristes) arrivés en Polynésie depuis le 15 juillet dernier soit 1 pour 1000.

Par ailleurs, le taux de retour des auto-tests est très satisfaisant, il s’élève à 95%. Tout sera mis en œuvre par les équipes du Pays pour améliorer ce taux de retour.

Le Haut-Commissaire et le Président de la Polynésie ont également indiqué que la mise en place d’une quatorzaine stricte pour tous les nouveaux arrivants est irréalisable et incompatible avec l’activité touristique. Compte tenu des 15 vols hebdomadaires par lesquels arrivent entre 2 500 et 3 000 personnes, l’île de Tahiti ne dispose pas des capacités d’hébergement suffisantes pour accueillir et placer les personnes arrivantes en quatorzaine.

     A l’aéroport de Tahiti Faa’a

Concernant l’arrivée des nouveaux arrivants sur le territoire polynésien et la vérification des tests RT-PCR 3 jours avant le départ, cette vérification des certificats médicaux est d’ores et déjà effectuée par les équipes de l’ARASS et sera amplifiée en lien avec la Police aux frontières.

Concernant la mise en place d’une caméra thermique à l’arrivée en Polynésie française, cette mesure serait faussement rassurante car l’absence de température ne signifie en aucun cas l’absence de covid-19. Ce dispositif n’est pas fiable car il est impossible de repérer les personnes asymptomatiques ou les personnes ayant pris un traitement pour baisser leur température. Cette mesure n’est d’ailleurs pas recommandée par le Haut conseil de la santé publique au niveau national.

En outre, les autorités ont proposé de renforcer les prescriptions de la plateforme ETIS en demandant à chaque personne nouvellement arrivée en Polynésie française de s’engager à limiter les contacts sociaux dans l’attente des résultats de leurs auto-tests.

     La sécurité portuaire

Le représentant de l’État a rappelé la mise en œuvre d’une procédure très rigoureuse pour toutes les arrivées par la voie maritime depuis le 21 mars dans les trois ports d’entrée identifiés que sont Nuku Hiva, Rikitea et Papeete. Cette procédure consiste en l’obligation pour tout navire d’effectuer, 48 heures avant l’arrivée dans un port polynésien, une déclaration de première touchée avec la transmission d’une fiche sanitaire, auprès des autorités sanitaires en lien avec des affaires maritimes, de la police aux frontières, de la Gendarmerie nationale et de la douane.

S’agissant de la sécurité du port de Papeete, et à la demande du syndicat des dockers, le Haut-Commissaire a souligné que ce sujet prioritaire dépasse largement le cadre sanitaire. Aussi, un travail va être mené pour prendre des mesures urgentes dans le domaine de la sécurité sanitaire afin de protéger tous les salariés du port.

En matière de sûreté, le travail déjà engagé va être amplifié pour renforcer les mesures de sûreté et de sécurité de cette zone stratégique, véritable poumon économique de notre territoire.

·     La protection des enfants scolarisés et des étudiants dans tous les établissements scolaires et universitaires

Depuis le 11 août, le port du masque est rendu obligatoire pour toutes les personnes, enseignantes et non enseignantes, et tous les élèves à partir de la classe de 6ème.

Pour le 1er degré, le port du masque n’est pas obligatoire mais il reste fortement recommandé.

Pour accompagner les familles nécessiteuses, la ministre de l’éducation a indiqué que les fonds sociaux ont rapidement été affectés aux établissements scolaires avant la rentrée de financer l’achat des masques sur demande des familles. Le montant de ces fonds sociaux s’élève à plus de 4 millions F CFP.

De plus, les communes de Polynésie française ont également œuvré pour produire et fournir des masques en tissu en grande quantité, qui ont déjà été distribués dans de nombreux établissements scolaires du public et du privé.

Par ailleurs, les établissements scolaires ont également bénéficié de la part du Pays de subventions de fonctionnement afin de s’équiper en savon et en gel hydro alcoolique.

Concernant la scolarisation en semi classe, cette disposition n’est pas réalisable dans l’immédiat, compte tenu de la question de la prise en charge et la garde des enfants ne pouvant pas être assurées par les parents salariés.

Enfin, la ministre de l’éducation a assuré que le nettoyage des locaux et du matériel est effectué quotidiennement de manière systématique dans tous les établissements scolaires pendant la pause méridienne et en fin de journée par les équipes d’entretien et le personnel communal.

·     La fermeture des établissements et certaines classes scolaires

Le Président de la Polynésie française a rappelé l’objectif de maintenir les écoles et les établissements scolaires ouverts quand la situation sanitaire le permet.

La méthode retenue est de faire des réponses graduées en fonction de l’analyse commune de la situation sanitaire de la direction de la santé et le bureau de veille sanitaire.

Cela peut se traduire par des fermetures partielles ou totales de manière ponctuelle et limitée dans le temps et sur des zones identifiées par le ministère de la santé et le ministère de l’éducation, lorsque la situation sanitaire l’exige.

·     La prise en charge par les autorités du Pays et de l’État des salaires des cas contacts mis d’autorité en isolement

Désormais et à compter de ce jour, le Bureau de veille sanitaire et l’Institut Louis Malardé délivreront des attestations aux cas contacts prescrivant de retourner au travail, en respectant les gestes barrières ou de rester chez soi (en télétravail ou congés). L’attestation sera délivrée au salarié qui prendra avec son employeur la décision la plus adéquate. L’isolement strict à domicile ne sera plus conseillé. Dès lors que le poste du salarié peut être aménagé, dans le respect strict des mesures barrières, il pourra réintégrer son entreprise.

Ce point sera discuté avec les employeurs que les autorités du Pays et de l’État rencontrent demain, jeudi 3 septembre.

·     Le port du masque doit être obligatoire en dehors du domicile et sur l’ensemble du territoire

La réponse des pouvoirs publics doit être proportionnée. La transmission du virus se fait avant tout dans les lieux clos, confinés et à forte fréquentation. Par conséquent l’obligation du port du masque, qui répond à l’objectif de limiter la transmission du virus, doit se faire dans ces lieux. Le port du masque a été étendu dans les lieux extérieurs à forte fréquentation en lien avec les tavana (zonages).

Les contrôles seront renforcés et les sanctions seront prises si nécessaire dès aujourd’hui.

Les règles pourront être renforcées, si cela est nécessaire et justifié, en fonction de l’évolution de l’épidémie. Mais la réponse doit être graduée, dans le dialogue avec les tavana et les acteurs locaux.

Le port du masque en tissu reste fortement recommandé par les autorités sanitaires.

·     La nécessité d’augmenter de la capacité des tests

Le ministre de la Santé a indiqué que trois laboratoires sont en capacité d’effectuer les tests RT-PCR :

o     L’institut Louis Malardé : environ de 300 tests par jour ;

o     Le centre hospitalier du Taaone : environ 150 tests par jour, notamment pour les patients accueillis dans la filière Covid ;

o     Un autre laboratoire de la place dispose également d’un appareil pour faire les tests : 16 tests.

Le Pays et l’État mettent tout en œuvre pour accélérer la livraison des commandes de réactifs et de matériels de prélèvement pour augmenter les capacités de test.

50 000 kits de prélèvements vont prochainement arriver en Polynésie française envoyés par le Ministère des solidarités et de la santé.

Une machine d’analyse pour l’ILM a été commandée et devrait arriver dans le courant du mois de septembre.

·     La mise en place d’une caisse de chômage

Le Gouvernement polynésien n’est pas opposé au principe d’une caisse chômage. Le Président de la Polynésie a indiqué que des réunions tripartites vont être prochainement lancées pour engager des discussions sur ce sujet. La période actuelle de crise n’est cependant pas favorable à sa mise en place immediate. En effet, tant les employeurs que les salariés ne disposent pas de la capacité financière pour soutenir ce dispositif.

Dans l’attente des travaux sur la caisse chômage, le dispositif du DIESE est prolongé jusqu’au premier trimestre 2021 et va évoluer afin d’augmenter le soutien financier des salariés en réduction de temps de travail.

Des secteurs supplémentaires ont été rendus éligibles en Conseil des ministres : les bars, les discothèques, les boites de nuit notamment.

Le Haut-Commissaire et le Président de la Polynésie française rencontreront dès demain les organisations patronales pour compléter ses premiers échanges et définir des axes de travail prioritaires.