La ministre de la Famille et des solidarités, en charge de l’égalité des chances, Isabelle Sachet a réuni, jeudi, à la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE) toutes les parties prenantes d’un projet de développement agricole pour la réinsertion d’anciens détenus porté par l’association Tamari’i Nuutania.

Aux côtés de la députée Nicole Sanquer, et des membres de l’association venus présenter leur projet de réinsertion, la ministre a sollicité l’expertise et le soutien des représentants de l’Etat, représenté par Raymond Yeddou, administrateur des îles du Vent et îles Sous-le-Vent, et Lionel Lecompte, directeur du service pénitentiaire d’insertion et de probation, du tavana de Taiarapu Ouest, Wilfred Tavaearii, des propriétaires, exploitants agricoles, riverains de la parcelle domaniale située à Vairao, du représentant de la Fondation Agir contre l’exclusion (FACE), Olivier Poté, des cadres des services du Pays comme la Direction des affaires foncières (DAF), la DSFE, et le Service de l’emploi de la formation et de l’insertion professionnelle (SEFI).

La ministre a rappelé, en préambule, la volonté forte du Pays, depuis plusieurs mois, de faire aboutir ce projet pilote prometteur qui doit contribuer à renforcer les liens sociaux en préparant au mieux les remises en liberté des détenus. Le plan d’urgence sociale, envisagé par le gouvernement, dispose en effet d’un volet en faveur de la lutte contre la marginalisation.

Le président de Tamari’i Nuutania et ses collaborateurs ont souligné leur motivation et les efforts investis dans les formations nécessaires dans le cadre de ce dossier. Il s’agit, au travers d’un projet agricole, de permettre la réinsertion sociale des personnes sortant de prisons, des ex-détenus du centre pénitentiaire Tatutu, à Papeari, notamment par le biais de la formation.

Cette initiative est destinée à lutter contre la récidive et à créer un centre de placement extérieur pour apporter à ces personnes des connaissances nouvelles en matière agricole. Les parcelles du domaine Fare Ava, situées sur le plateau de Vairao, au pk 10,8,  au-dessus de l’IFREMER sont identifiées. Le choix de produire des ananas et des papayes est retenu à la suite d’une étude de marché. L’intervention d’un formateur agricole, diplômé du centre agricole de Opunohu est également prévue. Il va proposer un programme de formation théorique et pratique.

Le SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation) aura la responsabilité de sélectionner les détenus en fin de peine aptes à suivre ces formations et les soumettra au juge de l’application des peines. Une convention tripartite entre ce dernier, l’administration pénitentiaire (SPIP et établissement) et l’association sera établie de manière à définir le rôle, les missions et les obligations de chaque partie pour le bon déroulement du centre.

La réunion de concertation a mis en évidence la convergence de vue des partenaires qui sont mobilisés pour favoriser la réussite de ce projet d’intérêt général qui n’a pas de précédent en Polynésie française.

Le directeur du SPIP a souligné son plein soutien à ce projet et la possibilité de mobiliser des financements spécifiques dans le cadre du placement extérieur soit journalier, par personne, en fonction de l’accompagnement proposé, soit plus global, dans le cadre du projet.

La ministre a rappelé le rôle important d’accompagnement de la Fondation FACE et remercié son représentant pour le travail de qualité réalisé avec l’association. Le tavana, quant à lui, a confirmé le soutien de la commune au projet. Les propriétaires privés du domaine Fare Ava ont compris les enjeux et reconnu l’intérêt général du projet. Leur volonté de développer une agriculture respectueuse de l’environnement rejoint celle de l’équipe projet de Tamari’i Nutania.

L’administrateur d’Etat a indiqué que le Haut-commissariat, au travers du nouveau Fonds pour le Développement de la vie associative, auquel la Polynésie est désormais éligible, a décidé de soutenir ce projet agricole qui est un facteur de réinsertion et de lutte contre la récidive. Il a également préconisé que le modèle économique de l’association soit affiné, de sorte que la mobilisation des crédits intervienne au meilleur moment pour faire démarrer ce projet.

La députée Nicole Sanquer a indiqué soutenir le travail de l’association depuis plusieurs mois et a manifesté sa satisfaction devant les partenaires présents. Elle a eu, lors de son dernier séjour parisien, l’occasion d’évoquer avec le cabinet de la ministre de la Justice et la direction de l’administration pénitentiaire ce projet qui a suscité chez ses interlocuteurs un réel enthousiasme.

La ministre a félicité les membres de Tamari’i Nuutania pour leur investissement pour une cause qui mérite toute l’attention des institutions et de la société civile. Elle a remercié les participants pour leur engagement à faire aboutir le dossier et a indiqué que le travail allait se poursuivre. Dans cette perspective, les services du Pays seront sollicités dans le traitement des questions foncières, d’aménagements routiers, de formations professionnelles et d’octroi des agréments. En vue d’une mise en œuvre rapide de ce dossier, une nouvelle réunion de concertation se tiendra prochainement.