Steeve Lefoc, directeur de cabinet du ministère de l’Agriculture, Philippe Couraud, directeur de l’Agriculture (DAG), Merehau Mervin, directrice de la Santé (DS), Jean-Michel Garcia, représentant la direction générale de l’Education et des Enseignements (DGEE), et Heimana Ah-Min, secrétaire général de la chambre d’Agriculture et de la Pêche Lagonaire (CAPL), ont tenu une conférence de presse ce lundi matin, à la Présidence, pour présenter le plan de Transition Alimentaire de la Polynésie française (PTrA), pour les 10 prochaines années à venir.
La population de Polynésie souffre de nombreuses pathologies liées au mode de vie et en particulier à l’alimentation. Depuis 2020, la pandémie de Covid-19 a mis en exergue le mauvais état de santé général de la population, souvent en surpoids, avec des aggravations liées notamment au diabète et aux maladies cardio-vasculaires. Pour rappel, la précarité alimentaire touche près d’un quart de la population, et nous notons que 70 % de la population adulte est en surpoids, dont 40 % au stade d’obésité. Il faut noter également que 75 % des produits consommés par la population locale sont issus de l’importation.
Ainsi, face à cette réalité, aux conséquences de la crise sanitaire et aux problématiques de santé publique auxquelles fait face le territoire polynésien, le Gouvernement a souhaité faire de l’alimentation des polynésiens un chantier prioritaire. La transition alimentaire a été positionnée comme un axe fondamental des politiques publiques, visant à transformer le système agro-alimentaire polynésien, afin de procurer à tous, une alimentation saine, abordable et durable, utilisant davantage de produits locaux.
Dans cet objectif, la direction de l’Agriculture (DAG), la direction de la Santé (DS), et la direction des Ressources Marines (DRM), ont associé les différents ministères et acteurs du territoire, à la co-construction d’un plan de Transition Alimentaire (PTrA) afin notamment de définir les objectifs et le plan d’actions du Fenua en matière d’agriculture et d’alimentation durable pour les 10 prochaines années à venir, visant particulièrement à rétablir de bons indicateurs de la santé de la population.
Le caractère particulier de ce plan est qu’il intègre et renforce des actions et programmes actuellement portés par les différents ministères et les met en perspective sur les 10 prochaines années. Il comporte également des mesures nouvelles afin de répondre à l’objectif central de l’amélioration de la qualité sanitaire de l’alimentation des polynésiens et de son accessibilité. L’autre particularité de ce PTrA, est qu’il mixe également des actions qui agissent sur le comportement alimentaire, sur la disponibilité physique et l’économique des produits, sur les chaines de valeurs de production locale, sur l’autoconsommation et sur la réduction de l’empreinte écologique de l’alimentation.
Vers une autonomie alimentaire plus saine, biologique, et de meilleure qualité nutritionnelle
Parmi les nouvelles mesures proposées dans ce plan de Transition Alimentaire, nous pouvons souligner :
- La mise en œuvre de Plans d’alimentation communaux (PAC) qui s’articuleront avec le dispositif de « Communes en santé », l’échelon communal étant l’échelon privilégié de déploiement sur le terrain d’une grande partie des actions du PtrA ;
- La mise en œuvre de restrictions à caractère juridique ou financière afin de détourner les citoyens de certains aliments ;
- La création d’une banque alimentaire « fruits, légumes et produits vivriers » : aliments à haute valeur nutritionnelle, à destination des ressortissants du RST résidant dans certains quartiers de l’agglomération ;
- La création d’une centrale d’achat publique de biens alimentaires orientés vers les fruits / légumes / produits vivriers, destinés à approvisionner les services de restauration scolaire ;
- Et l’accompagnement des familles dans la production de fruits et légumes autoconsommés avec notamment le développement de potagers au sein de toutes les écoles de l’archipel des Tuamotu.
Le défi est donc multiple, sanitaire, culturel, économique, social et environnemental. Il peut s’articuler notamment avec les ambitions d’un tourisme durable, qui ferait de la Polynésie française une destination d’expérience d’une alimentation locale pionnière dans le Pacifique, savoureuse, saine et durable, mais aussi résiliente face aux défis du réchauffement climatique.
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