Le ministre de la Culture, en charge de l’Artisanat, Heremoana Maamaatuaiahutapu, a assisté ce jeudi matin à la présentation du projet Rara’a dans la salle de conférence du Musée de Tahiti des Îles – Te Fare Iamanaha.
Ce projet d’analyse du corpus des vanneries de Te Fare Iamanaha fait suite à l’étude menée par Céline Kerfant, Magali Mélandri et Christophe Moulherat, et à la publication de leur article « Pour une restitution d’un patrimoine (re)naissant : méthodes d’analyse et perspectives de l’imagerie numérique 3D sur un corpus d’éventails des îles Marquises ». Cette publication entre en effet en résonance avec les diverses initiatives menées par les artisans polynésiens depuis une dizaine d’année pour retrouver les techniques de tressage vernaculaires.
Ce projet original allie savoir-faire artisanaux et recherche scientifique. Une analyse des collections du corpus des vanneries du musée s’est accompagnée d’ateliers de tressage et d’échanges avec des artisanes, reconnues pour leur pratique, et avec 2 élèves du Centre des métiers d’Arts. Ce projet participe à l’apport et à la préservation de connaissances et met en œuvre une approche renouvelée entre les professionnels des institutions muséales, le monde de la recherche, et celui des artisans.
Ce projet d’analyse implique plusieurs institutions : le Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Iamanaha, le Musée du quai Branly Jacques Chirac, le service de l’Artisanat traditionnel, ainsi que le Centre des métiers d’Art. Il a par ailleurs bénéficié du soutien financier du Pays, de l’Union européenne via le programme Archipel EU, et de l’État via la mission aux affaires culturelles de la Polynésie Française. Air Tahiti Nui est également partenaire du projet.
Durant 2 semaines, les participantes au projet ont alterné entre analyse à l’Hirox (Système portable de mesure et de microscopie 3D numérique pour les Arts & la conservation), corpus de vanneries du MTI, principalement les éventails conservés par l’établissement, et ateliers de tressage afin d’expérimenter les différentes hypothèses émises. Ce travail d’analyse scientifique, allié à la pratique et l’expérience des artisanes, a ainsi permis de reproduire les techniques ancestrales de tressage pour les éventails de la société, mais aussi de confirmer des hypothèses quant aux matériaux employés.
A l’issue de ces 2 semaines de pratique, un partage d’expérience et une mise en commun des données a permis d’aboutir à la présentation, ce jour en présence des partenaires du projet, d’un bilan des études et des expérimentations menées. Si cette 1ère étape est un succès, elle va se poursuivre dans les mois qui viennent par des expérimentations pratiques. Mais des expériences similaires sont déjà envisagées pour prolonger ces travaux, notamment pour le tressage des éventails de type marquisien, qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Un partenariat avec le COMOTE a été évoqué pour les années à venir.
Enfin, Te Fare Iamanaha souhaite également organiser une exposition en fin d’année 2023, proposant à la fois un corpus de ses collections (et, éventuellement celles du Musée du quai Branly Jacques Chirac), ainsi qu’une sélection de productions artisanales de vanneries contemporaines et de travaux artistiques du Centre des métiers d’Art. Cette exposition serait également l’occasion de prolonger pour le grand public les résultats des recherches menées dans le cadre de ce projet. Une publication est également évoquée.
Participantes au projet :
Artisanes : Vainui Barsinas, Tevahine Teariki, Iera Tefaafana et Emerita Taputu
Centre des métiers d’Art : Océane Tamati , Hinerupe Lehot
Comité scientifique : Hélène Guiot (ethno-archéologue), Céline Kerfant (archéo-botaniste, Magali Melandri et Stéphanie Lecler-Caffarel pour le Musée du Quai-Branly Jacques Chirac, Tamara Maric et Marine Vallée pour le Musée de Tahiti et des Îles.