Le Président de la Polynésie française, Edouard Fritch, a prononcé un discours lors de l’ouverture du séminaire de travail pour un projet de cadre juridique de valorisation des plantes médicinales, aromatiques et cosmétiques, qui s’est tenu vendredi matin au Lycée Hôtelier de Outumaoro. Le séminaire était organisé à l’initiative du ministre de l’Agriculture, de l’économie bleue et du domaine, en charge de la recherche, Tearii Te Moana Alpha, également présent pour l’évènement.

En novembre 2018, avait été organisé le 10ème CIPAM, « Congrès International sur les Plantes Aromatiques, Médicinales et cosmétiques ». Les débats avaient été riches et appréciés par tous, mais ces échanges entre intervenants d’origine très diverses, tant sur les plans géographiques, professionnels, ou culturels, avaient à nouveau mis en évidence la grande complexité du sujet pris dans son ensemble, dès lors notamment que l’on se fixe un objectif global de développement de cette filière.

« Les enjeux sont en effet nombreux, de même que les attentes de notre population en termes de reconnaissance des Ra’au Tahiti ». a souligné le Président dans son allocution.

Enjeux économiques d’abord pour le formidable potentiel que représente les plantes aromatiques, médicinales et cosmétiques déjà utilisées dans la société polynésienne de l’époque pré-européenne. Enjeu économique toujours dès lors que se pose la question des retombées concrètes pour les populations détentrices de ces savoirs désormais protégées par des dispositifs juridiques nouveaux, réglementant l’accès et le partage des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques et des connaissances traditionnelles associées. Enjeu sociétal et culturel ensuite, dès lors que c’est toute une population qui progressivement se réapproprie ces savoirs, découvre les bienfaits qu’ils peuvent procurer dans la vie quotidienne, et s’organise pour les préserver et les transmettre. Enjeu de santé publique enfin, puisque les plantes médicinales utilisées traditionnellement peuvent également se montrer utiles dans de nombreuses pathologies de la vie quotidienne.

 Aujourd’hui, le Gouvernement de la Polynésie française, s’inspirant de la stratégie de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en matière de médecine traditionnelle, reconnait la nécessité d’adopter une approche cohésive et intégrative des soins de santé, qui, à terme, permettra aux pouvoirs publics, aux professionnels et surtout, aux personnes qui recourent aux services de santé, d’avoir accès à une médecine traditionnelle qui soit sûre, respectueuse, efficiente par rapport aux coûts et efficace.

 Le Président a ensuite énoncé les trois objectifs stratégiques proposés par l’OMS : renforcer la base de connaissances pour une gestion active de la médecine traditionnelle par des politiques appropriées, renforcer l’assurance-qualité, la sécurité, l’usage approprié et l’efficacité de la médecine traditionnelle en réglementant les produits, pratiques et praticiens et enfin promouvoir un système de soin accessible à toute la population en intégrant de façon adéquate, les services de médecine traditionnelle dans la prestation des services de santé.

 « Reconnaissons-le, il s’agit d’objectifs complexes et ambitieux. Mais réussir à intégrer notre médecine traditionnelle de façon raisonnée et sécurisée dans un modèle de société fondé sur l’humanisme, est bien l’enjeu innovant de la médecine intégrative que je veux porter aujourd’hui devant vous. » a déclaré le Président.

 Toutes les parties prenantes présentes lors de ce séminaire ont été appelées à discuter et échanger sur trois thèmes essentiels : connaître et caractériser les propriétés médicinales, aromatiques et cosmétiques des ressources végétales ou animales, terrestres ou marines, afin de pouvoir les utiliser et les valoriser dans un cadre juridique approprié, protéger et sécuriser l’activité de production et vente de ces mêmes ressources, et enfin encadrer et sécuriser les pratiques et les usages.

 « Les ébauches de textes réglementaires aujourd’hui en discussion ont été élaborées par un prestataire juridique mandaté, mais ne constituent pas à ce stade le projet du gouvernement, d’un ministère ou d’un service. Ils doivent nous permettre d’échanger et d’avancer dans la réflexion, tout en gardant en tête les objectifs recherchés. » a conclu le Président.

 

 

discours du Président

 

communiqué