L’enjeu : « définir un modèle de santé polynésien moderne, viable et solidaire. »

Les premières assises de la santé se sont ouvertes ce vendredi matin à la présidence, coorganisées par le ministre de l’Économie en charge de la Protection sociale, Yvonnick Raffin, et le ministre de la Santé en charge de la Prévention, le docteur Jacques Raynal.  Pour la première fois dans l’histoire du Fenua, l’ensemble des acteurs de santé du Pays, les partenaires sociaux, sont rassemblés pour réfléchir collectivement. Ces assises constituent un engagement pris par le président Edouard Fritch lors de la signature du protocole d’accord du 29 novembre 2021 signé à la présidence avec les organisations syndicales.

« Notre modèle actuel date de 1995, soit 27 ans déjà, c’est-à-dire une génération. Or, notre société change, le monde qui nous entoure change. Les mentalités évoluent. Ce qui apparaissait indispensable dans notre vie, il y a 27 ans, a changé de nature aujourd’hui. Aussi, il est temps de réactualiser nos dispositifs et nos mesures, selon les attentes et les besoins qui collent à notre temps. Ces assises vont permettre de mettre exergue ces nouveaux besoins et attentes. » a souligné le président Edouard Fritch dans son propos introductif, rappelant d’emblée les objectifs ambitieux de ces assises : « Il s’agit de définir collectivement des politiques publiques de santé pour 280.000 habitants, sur un territoire qui s’étend sur plus de 5 millions de km2, le tout pour les 20 ou 30 prochaines années. Rien que ça ! ».

Plusieurs défis se présentent au Pays, qui l’obligent en même temps à adapter l’offre de soin avec la réalité de la population et assurer une meilleure maîtrise de nos dépenses. Quelques constats soulignent les enjeux : le vieillissement de la population, l’augmentation des longues maladies, la hausse vertigineuse des maladies comportementales au sein de la population, comme l’obésité qui bat des records, et en conséquence, une augmentation inexorable des dépenses de santé. Cette réalité a un coût : 60 milliards Fcfp par an, uniquement pour les régimes sociaux.

Ces faits doivent être traités avec gravité, a souligné le Président, et ils nous imposent une rigueur intellectuelle stricte. « Je disais que la santé à un coût, mais pour notre Gouvernement la santé n’a pas de prix ! Nous devons trouver un juste milieu pour préserver ce bien si précieux qu’est la santé. Dès lors, vos prochains travaux doivent intégrer cette impérieuse nécessité : la maîtrise de nos dépenses de santé. Mais nous ne devons pas perdre de vue l’importance des efforts à faire en termes de prévention. Prévenir la maladie, ce sont des dépenses en moins. Nous ne pouvons pas nous cacher derrière notre petit doigt ou bien faire peser cette charge sur les générations à venir. » 

L’intervention du Président s’est poursuivie par la présentation de la situation actuelle des dépenses de santé, faite par le directeur général de la Caisse de Prévoyance Sociale, Vincent Fabre. Une présentation précise et exhaustive qui a permis de dresser les constats et de souligner l’urgence, avant de laisser place aux interventions des ministres. Le ministre de l’Économie en charge de la Protection sociale, Yvonnick Raffin, est revenu sur la situation financière de la PSG et ses perspectives à moyen et long terme, tandis que le ministre de la Santé en charge de la Prévention, le docteur Jacques Raynal, est revenu sur le fonctionnement de la santé, la mobilisation de ses personnels à Tahiti et dans les archipels et la nécessité de trouver de nouveaux équilibres.

S’en est suivi un temps d’échanges avec les participants venus nombreux à ces assises, professionnels et cadres de la santé des secteurs publics et privés, responsables hospitaliers des cliniques et des hôpitaux, partenaires sociaux, chefs d’entreprises, dirigeants des organisations patronales et syndicales, cadres de la CPS, etc.

Les assises de la santé se poursuivront avec les tables rondes dans un mois, prévues les 1, 2 et 3 juin prochain à l’hôtel Hilton de Faa’a. Ces ateliers devront proposer les solutions à mettre en œuvre pour pérenniser la protection sociale et l’offre de soin, et ainsi, poser, comme l’a souhaité le président « un modèle de santé polynésien moderne, viable et solidaire. »