Sur l’ensemble des enjeux sanitaires, environnementaux et sociétaux liés au fait nucléaire, il en est un qui touche nombre de Polynésiens dans leur chair de manière terrible et pressante et qui bouleverse leurs familles, il s’agit de l’indemnisation des victimes.
La suppression de la notion de risque négligeable de la Loi Morin avait été obtenue, grâce à la pugnacité des parlementaires de la majorité Tapura Huiraatira, par un article inséré dans la loi EROM (égalité réelle outre-mer), votée le 28 février 2017. Ce même article 113 a prévu une commission paritaire, composée pour moitié de parlementaires et pour moitié de personnalités qualifiées désignées par le gouvernement central, chargée de proposer à ce dernier « les mesures destinées à réserver l’indemnisation aux personnes dont la maladie est causée par les essais nucléaires. »
Dix des douze membres de cette commission extra parlementaire « EROM-113 », présidée par la sénatrice Lana Tetuanui, sont actuellement en déplacement en Polynésie française. Arrivés hier soir, le 26 septembre, ils resteront jusqu’au 4 octobre. Au programme sont prévus diverses rencontres à Papeete ainsi qu’un déplacement sur Moruroa, Hao, Rikitea et Tureia.
Le président du Pays, Edouard Fritch, a reçu jeudi matin à 9h les membres de cette délégation. Lors de cet entretien, le président Fritch a rappelé les attentes des Polynésiens au regard des conséquences sanitaires des essais nucléaires et leur exigence de preuves concrètes de la reconnaissance par l’Etat de sa responsabilité, notamment par un déblocage rapide des dossiers de demande d’indemnisation déposés auprès du comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (CIVEN). Il a souligné qu’au-delà des blessures qu’ils endurent, les malades et leurs familles ont pu ressentir de l’humiliation face à la lenteur et à l’excessive complexité de l’instruction de leurs dossiers.
Il a donc insisté auprès de la délégation de la commission « EROM-113 » venue à sa rencontre sur l’urgence de parfaire le système d’indemnisation pour qu’il soit rapide, efficace, respectueux des personnes, facile d’accès pour les requérants, et bien sûr équitable et équilibré, tout en saluant les efforts de l’actuel président du CIVEN, Alain Christnacht, ayant déjà abouti à une nette amélioration du dispositif.
Il a indiqué que ce système devrait inclure, à son sens, le remboursement des dépenses induites prises en charge par notre caisse de protection sociale. Enfin, il a souligné la faute morale commise par l’Etat à l’encontre des populations de la Polynésie française, faute morale maintenant incontestable et incontestée. La commission « EROM-113 » a annoncé qu’elle remettrait son rapport de préconisations au Premier ministre d’ici la fin du mois d’octobre 2018.