A la demande du président Edouard Fritch, la déléguée de la Polynésie française à Paris, Caroline Tang, a participé, mercredi, à la commémoration du centenaire de la libération de cette commune du Nord de la France par le Bataillon Mixte du Pacifique, le 25 octobre 1918. Un exploit édifiant.
« Matou tei tamarii volontaire
Ota oe iti tau mainei
Te faarii nei matou ite ture
No to mato’u hau metua
« Nous sommes les enfants volontaires
A qui tu as fait appel
Nous acceptons la loi
Celle de la Mère Patrie… »
Le chant « Tamarii volontaire », superbement interprété par l’adjudant-chef Manuka Uhila, a retenti à Vesles les Caumont, au terme d’une émouvante cérémonie.
Au fronton du monument aux morts figure aujourd’hui, la liste des 47 soldats du Pacifique, dont dix Polynésiens, tombés lors d’âpres et féroces combats, fauchés par les tirs de mortiers et des mitrailleuses de l’ennemi.
« Ce combat demeurera comme un fait d’armes à l’échelle nationale tant cette bataille a été décisive pour la victoire finale », a souligné Caroline Tang en présence du maire de la commune, de représentants de l’armée de terre, du département ainsi que d’associations d’anciens combattants.
La Déléguée de la Polynésie française a lu, un à un, les noms des « Aito » qui ont chacun reçu un hommage appuyé des porte-drapeaux. Une gerbe a été déposée par le premier magistrat de Vesles les Caumont et du sable de Polynésie française a été répandu au pied de la stèle par l’historienne polynésienne Corinne Raybaud qui représentait l’association « Mémoire polynésienne ».
Caroline Tang a rappelé que « la bravoure de nos soldats, venus du bout du monde, et je tiens ici à associer nos compatriotes Calédoniens, marquera à jamais la mémoire collective ». Un courage si grand que nombre d’entre eux ont été cités à l’ordre de l’armée.
La prouesse des combattants polynésiens
Un peu plus tôt, la mairie avait organisé une visite du champ de bataille. Le but était de permettre aux participants de mesurer à quel point les soldats du bataillon avaient connu des conditions dantesques cette fameuse nuit. Outre l’obscurité et le froid, ils ont, de minuit à 5h50, progressé lentement dans un marais, vaste tourbière, particulièrement humide.
A chaque pas ils pouvaient tomber dans des fosses de tourbes au risque d’y disparaître engloutis. Avec leurs grosses chaussures et leurs manteaux épais il ont traversé, sans bruit, le canal de la Buze, celui de la Souche, dit Canal Napoléon car creusé en 1875 sous Napoléon III, et la rivière de la Souche. Ils ont parfois formé un pont humain, à quelques-uns, l’eau jusqu’au torse, passant de mains en mains du matériel mais aussi certains de leurs camarades pour qu’ils demeurent au sec. Ces exploits accomplis, ils ont attendu l’heure de l’assaut, juste avant l’aube, pour surprendre l’occupant allemand. En fin de journée, les Allemands avaient été chassés de leurs positions.
Le 26 octobre, le Bataillon Mixte du Pacifique est placé en réserve. « Sa carrière d’unité combattante a pris fin : elle s’est achevée par une action d’éclat qui, dans la bataille de la Serre, a été de conséquence », selon un témoignage écrit du Colonel de Buttet, Historien, au Service Historique de l’Armée à Vincennes.
Sur place, Corinne Raybaud s’est dite impressionnée par le courage et l’énergie déployée par les Polynésiens : « c’était une véritable prouesse physique », a-t-elle souligné.
La commune de Vesles et Caumont avait aussi prévu un volet culturel avec une très belle exposition de costumes et objets d’époque, mais aussi de remarquables panneaux didactiques dont ceux réalisés par Jean-Christophe Shigetomi sur l’extraordinaire parcours des Poilus tahitiens.