La délégation polynésienne emmenée par le président Edouard Fritch a été reçue longuement, vendredi à Matignon, par le Premier ministre Edouard Philippe. La ministre Annick Girardin a participé à cette importante réunion, certes centrée sur le toilettage du statut et le bilan des assises de l’Outre-mer, mais qui s’est achevée par la signature d’un avenant qui prolonge d’un an la convention solidarité.
« Nous devrions dans les mois à venir rediscuter d’une autre convention. Mais compte tenu de l’urgence et la situation de la Polynésie nous avons signé la reconduction de la convention actuelle », s’est réjoui le président de la Polynésie française au sortir de l’entretien.
Autre bonne nouvelle : le Premier ministre, dans le cadre des assises de l’Outre-mer a confirmé l’intervention de l’Etat dans la construction du câble qui va désenclaver l’archipel des Marquises et celui des Tuamotu. « C’est un projet d’environ 6 milliards Fcfp et l’Etat participera à hauteur de 1,2 milliards Fcfp. C’est pour nous un soutien important » a tenu à préciser Edouard Fritch.
Par ailleurs, Edouard Philippe s’est engagé à examiner les propositions faites par la Polynésie au travers des assises de l’Outre-mer. « Ces propositions s’articulent autour de trois points importants pour nous : l’activité économique et la création d’emplois, dans un second temps c’est le désenclavement et la continuité territoriale, et puis enfin, la solidarité », a indiqué le président de la Polynésie française.
Centre de mémoire : « Je demande la terre »
En ce qui concerne le nucléaire, Edouard Fritch a tenu à remercier son interlocuteur car « il faut constater qu’aujourd’hui le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires, le CIVEN, fonctionne mieux ». Il a néanmoins rappelé la nécessité que le centre de mémoire soit rapidement construit. Un terrain au centre de Papeete semble être le lieu idéal mais il appartient au ministère de la Défense. « Je ne demande pas d’aide financière, a tenu à préciser le président de la Polynésie, je demande la terre sur laquelle doit se construire ce centre de mémoire », a-t-il ajouté.
Un forum des Pays et territoires d’Outre mer (PTOM), présidé par la Polynésie française, doit se tenir début 2019 à Papeete. Le président du Pays a proposé au Premier ministre de se déplacer à cette occasion : « C’est important car, avec le Brexit, la France est pratiquement le seul pays européen présent dans le Pacifique ».
Un statut d’autonomie plus souple
En ce qui concerne le statut, Edouard Fritch a mis l’accent sur le fait qu’il ne fallait pas toucher aux fondamentaux de l’autonomie. « Il n’est pas question de la remettre en cause », a-t-il martelé. En revanche le Pays demande une plus grande souplesse dans l’utilisation « de cet outil qu’est le statut d’autonomie pour le travail quotidien, pour le vote des lois, les relations avec les pays extérieurs, certes de compétence d’Etat, mais le Pays peut aussi travailler dans ce sens ».
Edouard Fritch s’est dit très heureux de l’issue de cette réunion à Matignon. La dernière remontait à un an et « à l’époque nous avions dit au Premier ministre que nous allions nous battre pour appartenir au Forum. C’est fait. Et nous battre pour gagner les élections. Et on a gagné les élections. Nous nous sommes donc retrouvés avec de très bonnes nouvelles l’un pour l’autre », a conclu satisfait le président de la Polynésie française.