Nahema TEMARII : « Les jeunes doivent avoir un lieu où se retrouver »

La ministre de la Jeunesse et des Sports, Nahema TEMARII a longuement visité, ce vendredi, le Quartier Jeunes (QJ) de Paris, où elle a été accueillie par Hélène BIDART, maire adjointe d’Anne HIDALGO. Le QJ, lieu d’accueil pour tous les jeunes de 16 à 30 ans, permet de trouver des solutions et des réponses concrètes aux besoins des jeunes et à leurs interrogations. Il abrite le Centre d’Information et Documentation Jeunesse (CIDJ) qui reçoit 1500 jeunes par mois et dispose d’un site aux 18 millions de pages vues.

« Je pense que la Polynésie a tout intérêt à s’inspirer de tout ce qui fonctionne au-delà du territoire. Je découvre un concept qui me semble adapté à la jeunesse d’aujourd’hui et j’ai beaucoup de chances que les équipes de la Mairie de Paris et du CIDJ aient accepté de partager leur expérience » a d’emblée indiqué Nahema TEMARII.

La ministre a souligné qu’en Polynésie les politiques publiques ne s’étaient jamais beaucoup occupées de la tranche d’âge de 16 à 30 ans. Les stratégies politiques qui ont pu être menées antérieurement manquent à ses yeux de coordination : « Donc l’objectif demain c’est d’accompagner les jeunes à court terme pour qu’ils envisagent l’avenir sereinement » a rajouté la ministre.

Si elle a souligné toute l’importance de cette visite du QJ et du CIDJ, elle a rappelé que dans un premier temps « il importe de travailler sur un schéma directeur pour aider la jeunesse polynésienne. Schéma directeur dont le calendrier devrait être connu au second semestre 2024, avec un plan d’actions, ce qui n’a pas été fait au cours des quinze dernières années. Ou si cela a été fait, cela n’a pas été déployé. La manière dont nous voulons le faire est totalement différente en adoptant une stratégie participative et collaborative ».

Ainsi en décembre le gouvernement tiendra les premières assises de la jeunesse. Y seront associés les politiques, les entrepreneurs et « surtout les jeunes que l’on n’oublie pas ». L’idée étant de réfléchir à tout ce qu’il manque et tout ce dont a besoin la Polynésie. Avec une seule posture : « être dans la co-construction et dans la capacité de lancer des projets correspondant aux besoins réels du terrain » a-t-elle martelé.

Parmi les priorités, figure la recherche d’une structure, d’un lieu dédié à la jeunesse car les seuls qui existent pour l’heure au fenua ont un caractère socio-éducatif : « nous devrons donc rapidement nous demander où créer ce Quartier Jeunesse. Il n’y a malheureusement aujourd’hui aucun endroit où les jeunes peuvent se rassembler si ce n’est au bord de la route, dans les boites de nuit, etc. » a pointé la ministre.

Dans l’esprit de Nahema TEMARII, les politiques publiques doivent permettre la mise à disposition de tout un panel de compétences, comme dans ce Quartier Jeunes de Paris, qui iraient de la santé mentale aux sujets qui font débat comme les addictions. Des sujets transversaux, si bien que Nahema TEMARII compte solliciter ses collègues ministres au sein du gouvernement pour que chacun apporte sa compétence.

En ce qui concerne la jeunesse des îles éloignés la ministre a manifesté l’intention de réunir les transporteurs maritimes et aériens. But avoué : « organiser une table ronde et voir comment soutenir nos jeunes. Il est essentiel qu’ils se rencontrent ». En 2024, il est aussi question de relancer les jeux des archipels : « ils prendront une autre tournure, pas seulement sportive. Ainsi ils intégreront les sports scolaires mais aussi les jeux intervilles. On associera les jeunes mais aussi les familles ».

 

Teahupo’o : la population doit être respectée

Au terme de la première semaine de sa mission à Paris, la ministre polynésienne a confirmé que suite à ses entretiens avec l’Etat, le dispositif « Pass’Sport » sera bien reconduit : « Nous avons aussi demandé son adaptation à notre spécificité locale car nous voyons bien que sur une enveloppe de 5000 Pass’Sport nous n’en avons écoulés que 400, tout simplement parce que les freins administratifs sont trop importants ». Le cabinet de madame Amélie OUDEA-CASTERA, la ministre des Sports de Métropole, est très ouvert sur cette question et « la bonne nouvelle, c’est que chez nous cela concernera aussi le sport traditionnel dans lequel j’inclus le Ori Tahiti. Nous allons travailler sur la flexibilité de ce dispositif qui est génial car l’idée est de rendre le sport accessible à tous » s’est réjoui la ministre polynésienne.

Interrogée sur la polémique de la Tour des Jeux à Teahupo’o, Nahema TEMARII a dit partager entièrement le point de vue du président Moetai BROTHERSON qui, dans une interview récente, a affirmé que ces jeux ne pourraient se faire contre la volonté de la population : « Il est de notre devoir aujourd’hui de travailler et retourner le sujet dans tous les sens pour trouver les solutions convenant à tout le monde. Depuis le départ je le dis, ces Jeux seront une réussite chez nous à condition que ce soit un succès populaire. Je parle à la fois des associations dont le mouvement est pacifique, j’insiste sur ce point, même si cela prend une ampleur phénoménale sur les réseaux sociaux. Ils ne sont pas là pour faire du mal mais pour défendre leur patrimoine. Ce qui me rend optimiste c’est que l’Etat et Paris 2024 sont prêt à revoir le cahier des charges. Ils ont accepté d’ouvrir la discussion. L’ensemble des parties ont conscience de l’enjeu. Et il est juste improbable de faire sans la population ».

La ministre a, de surcroît, tenu à rappeler que le gouvernement actuel avait hérité de ce dossier sensible : « Or le problème aujourd’hui est lié à la non-considération des habitants de Teahupo’o au départ ». A propos de l’élan de contestation ayant réuni plusieurs milliers de Polynésiens Nahema TEMARII a dit sa fierté de voir la jeunesse capable de se battre pour une cause : « cela donne foi et confiance en l’avenir » s’est-elle réjouie.