Dans un message de condoléances, le ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutpu, rend hommage à Louise Kimitete, une grande dame de la culture, qui nous a quitté à l’âge de 81 ans.
« Je viens d’apprendre, avec une profonde tristesse, la disparition d’une grande, d’une très grande dame de la culture de notre Pays: Mamie Louise Kimitete vient de nous quitter, ce mercredi 25 mars. Née à Hatihe’u, dans l’île de Nuku Hiva aux Marquises, Mamie Louise allait avoir 81 ans en juin prochain. Avec notre regretté Coco Hotahota, c’est une seconde grande figure de la culture polynésienne qui s’en va.
Je voudrais ici, en mon nom, au nom du président Edouard Fritch et des membres de notre gouvernement, du directeur du Conservatoire artistique, Fabien Mara Dinard, de tous les professeurs et élèves de Te Fare Upa Rau, adresser nos plus sincères condoléances à la famille de Madame Louise Kimitete, à ses enfants, mootua, hina et toute son immense famille de cœur.
Mamie Louise résume, par son incroyable parcours, le mouvement de renaissance de la danse traditionnelle tahitienne. Elle avait débuté à 16 ans son chemin et sa passion – “la danse est ma prière”, disait-elle – avec le groupe ‘Arioi de Mémé de Montluc, avant de rejoindre “Heiva”, de Madeleine Moua où elle fera la connaissance de Coco Hotahota, Pauline Morgan et Joseph Uura.
Puis elle suivra son mari à Hawaii, durant plus de 10 années. Un passage qui lui fera prendre conscience de l’importance de la transmission des gestes de notre culture commune. Et Mamie Louise, tout naturellement, rejoindra le conservatoire quelques temps à peine après la création de l’établissement, en 1981.
Mamie Louise a aussi chorégraphié des spectacles pour plusieurs groupes: Tiare Tahiti, Temaeva, Temarama, Heikura Nui, Teva i Tai, Toa Reva, ‘Aha Tau… et formé plusieurs lauréats des concours individuels de danse du Heiva.
Peu de femmes se sont autant battues qu’elle pour la transmission des pas mais surtout, de l’esprit de la danse traditionnelle tahitienne. Elle régnait dans sa salle de danse où personne mais vraiment personne n’avait le droit d’entrer chaussé. Les règles étaient impitoyables, la discipline absolue, mais à la fin, nos élèves, nos enfants, sortaient formés de magnifique manière. C’est à Louise qu’ils et elles le devaient.
Des générations se sont pressées pour suivre ses enseignements. Le monde entier venait lui rendre hommage, notamment lors des stages internationaux à Te Fare Upa Rau. C’est que Madame Louise Kimitete n’était pas qu’une professeure de danse. Elle était également poétesse, et écrivit, durant plus de trente ans, tous les textes que des milliers d’élèves allaient chanter et interpréter place To’ata, sous les étoiles du temple de la danse traditionnelle.
Pour avoir donné autant d’amour autour d’elle, chaque instant, chaque jour de sa vie, c’est parce qu’elle avait un cœur immense, avec de la place pour chacun.
Je lui rends hommage aujourd’hui, au moment où notre Fenua traverse l’une des crises les plus graves de notre Histoire contemporaine.
Je pris pour elle et je lui demande de nous guider sur ce chemin qu’elle empruntait tous les jours : un chemin d’amour et de lumière, le chemin du don de soi aux autres, le chemin du partage. Nous en avons plus que jamais besoin ».
Heremoana MAAMAATUAIAHUTAPU