‘Ia ora na,

Monsieur le Haut-Commissaire de la République en Polynésie française,

Monsieur Benoît HAMON, Président d’ESS France, qui nous suit en visioconférence,

Monsieur Ben Amar ZEGHADI, Délégué national aux Outre-Mer d’ESS France,

Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,

Madame la Présidente du Conseil économique, social, environnemental et culturel,

Madame la Vice-présidente de la Polynésie française,

Mesdames, Messieurs les ministres,

Mesdames, Messieurs les Représentants à l’Assemblée de la Polynésie française

Mesdames, Messieurs les membres du Conseil économique, social, environnemental et culturel,

Mesdames, Messieurs les maires et élus des communes,

Mesdames, Messieurs les directeurs d’établissement et chefs de service de l’Etat et du Pays,

Mesdames, Messieurs, l’ensemble des acteurs de l’Economie sociale et solidaire polynésienne,

Mesdames, Messieurs,

C’est avec un certain enthousiasme que j’ai le plaisir d’ouvrir, en votre présence, la séance de ce matin en cette première édition de la Semaine de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) organisée en Polynésie française.

S’il s’agit d’un secteur économique dit « émergent » sur notre territoire, encore méconnu par le grand public sur le plan purement économique, soyez rassurés : l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) a toujours existé au Fenua no te ao Mā’ohi !

En effet, on la retrouve dans toutes les strates de la société : du social au culturel en passant par l’activité économique (plus ou moins formelle), y compris au sein de l’activité associative et de nos églises. Cette solidarité communautaire spontanée se constate dans bien des situations, encore aujourd’hui : lorsqu’il s’agit d’aller prêter main forte à une famille dans le besoin dont la maison tombe en ruine ; lorsqu’il s’agit d’aller aider un proche ou un voisin à entretenir son fa’a’apu… je pourrais citer encore bon nombre d’exemples du quotidien pour illustrer le fait que cette réalité est bien ancrée dans l’ADN du polynésien.

À l’instar de plus de 80 pays dans le monde et à l’image de la France hexagonale qui fête cette année les 10 ans de la loi du 31 juillet 2014 qui encadre l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) – dite « loi Hamon » – le succès de ce secteur est démontré. Il représente désormais 10% du PIB national, 10% des emplois privés et compte plus de 200 000 entreprises, soit 2,38 millions de salariés. C’est un secteur économique à part entière, dont j’avais d’ailleurs pu constater les impacts positifs il y quelques années de cela, alors que j’étais député, à l’occasion de travaux menés à l’échelle nationale. Un modèle inspirant et vertueux, proche de nos pratiques culturelles, que nous avons entrepris d’ancrer et de reconnaître pleinement sur le territoire en intégrant ce secteur émergent dans la Stratégie de développement économique – Cap 2033 de la Polynésie française qui est en cours d’élaboration.

Face aux enjeux majeurs que mon Gouvernement s’est engagé à solutionner, l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) offre un modèle économique alternatif, axé sur la réalisation d’actions de proximité au service de l’intérêt général, complémentaires aux actions déployées par les institutions et les collectivités territoriales. L’ESS promeut un mode de management démocratique et des organisations au fonctionnement plus égalitaire, qui prônent une lucrativité limitée, permettant ainsi d’accroître la résilience des structures concernées et visant à atteindre une meilleure autonomie structurelle et individuelle des acteurs engagés dans cette dynamique.

À travers la structuration de ce secteur, c’est aussi à toutes les personnes les plus fragilisées (je pense notamment aux matahiapo et aux personnes porteuses de handicap), en situation d’exclusion socio-professionnelle (je pense notamment à nos jeunes déscolarisés trop tôt et/ou issus de contextes familiaux complexes) et en marge de notre société (je pense bien évidement à toutes les personnes sans domicile fixe) à qui nous nous adressons. Car nous ne pouvons pas rester aveugles et sourds face aux si nombreux constats qui démontrent que notre société – comme tant d’autres à travers le monde – fait face à une montée des clivages sociaux et de la paupérisation. Une situation que nous n’avons de cesse de chercher à solutionner grâce à des approches novatrices et des modèles inspirants, qui ont su faire leurs preuves hors de nos frontières et qui sont, dans le cas présent, pourtant déjà bien au cœur de nos pratiques culturelles et communautaires. Il est temps pour notre société de s’engager pleinement dans la prise en compte de ces clivages et de faire preuve d’encore plus de solidarité et d’innovation pour y répondre.

Pour ce faire, une démarche a été engagée depuis le début de cette année par Monsieur Tevaiti POMARE alors qu’il occupait la fonction de Ministre de l’Économie, du Budget et des Finances, en charge des Énergies, et se poursuit aujourd’hui avec son successeur Monsieur Warren DEXTER, déjà sensibilisé et impliqué sur le sujet de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), notamment pour avoir contribué, il y a quelques années, à l’élaboration du Schéma d’Insertion Sociale par l’Activité Économique (SISAE). Un dispositif que nous veillerons d’ailleurs à rendre opérationnel dans le cadre des travaux de structuration à suivre, en étroite collaboration avec la Direction des Solidarités, de la Famille et des Égalités (DSFE) sous le pilotage de Madame Minarii GALENON TAUPUA, Vice-présidente et Ministre des solidarités, et qui sera évoqué dans le programme de la journée de demain, à l’occasion d’une intervention consacrée à ce sujet.

Ainsi donc, cette Semaine de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) marque un second temps fort dans l’espace public, avec cette fois une intention marquée de toucher plus largement la population polynésienne. Non seulement les acteurs économiques issus du secteur privé, mais également le riche terreau associatif, les coopératives, les fondations et les mutuelles qui composent notre société et plus largement, le grand public. L’intention véhiculée à travers cet événement ouvert à toutes et à tous vise précisément à informer, à sensibiliser et à démontrer l’intérêt que représente ce secteur émergent à l’heure de façonner ensemble une société d’avenir plus inclusive, plus solidaire, plus juste et plus responsable, en intégrant de nouveaux modèles économiques complémentaires aux pratiques conventionnelles et à l’action institutionnelle et des collectivités territoriales, pour relever ensemble les grands défis qui s’imposent à nous.

Car comme je l’évoquais lors de mon discours de clôture durant la Journée Prospective de l’Économie organisée fin juin dernier à l’Assemblée de la Polynésie française : « les textes, c’est bien, mais ça ne suffit pas ». C’est en ce sens que la phase de concertation qui s’ouvrira à la suite de cette Semaine de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) permettra de recueillir l’expression de vos besoins, dont j’ai déjà pris note de certains (accessibilité à des locaux, à du matériel, à des formations spécifiques, etc.), et qui sont cruciaux à l’élaboration d’un schéma structurant adapté à notre société, à ses challenges actuels, mais aussi, à ceux qui s’annoncent dans un futur proche. Vous pouvez compter sur moi et sur mon Gouvernement : le Pays fera sa part et sera au rendez-vous.

Cependant, l’idée n’est toutefois pas de « tomber dans l’assistanat », bien au contraire. Et d’ailleurs, les fondements de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) vont en ce sens, telle que l’attestent les pratiques constatées à l’échelle nationale. C’est en cela que le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est un modèle « disruptif », qui rompt à la fois avec les pratiques habituelles de l’économie dite « classique », mais qui rebat également les cartes des pratiques en vigueur dans notre société polynésienne, ancrées de longue date.

Notre intention centrale n’est pas de limiter les initiatives mais bien de les soutenir, de les accompagner du mieux possible, tout en les orientant vers des sujets d’intérêt général, pouvant répondre à des besoins identifiés par les services publics. J’ai régulièrement l’occasion de constater l’effervescence qui accompagne les porteurs de projets dans le secteur privé, tout autant que les initiatives lancées par de nombreuses associations.

Mon intention est de leur donner les moyens, réglementaires et juridiques d’abord, fiscaux et opérationnels ensuite, suivis de moyens structurels et en termes d’accompagnement enfin. Des dispositifs économiques adaptés seront fléchés en faveur de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), sans toutefois se soustraire à la recherche d’autonomie en termes de gestion économique et de moyens humains dont pourront bénéficier les structures concernées.

Il s’agira bien sûr d’impliquer également les institutions et les collectivités territoriales dans cette dynamique, par exemple en révisant certaines pratiques en termes de dépenses publiques : en intégrant des achats plus responsables dans les chartes des bonnes pratiques du service public, en visant à encourager les projets permettant de générer des coûts évités et bien d’autres mesures auxquelles nous réfléchissons d’ores et déjà grâce à vos contributions.

Cette démarche de structuration du secteur de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est actuellement menée à bien par l’Agence de développement économique (ADE), avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD), sous l’égide du Ministère de l’Économie, du Budget et des Finances, en charge des Énergies.

Après l’organisation de la Journée Prospective de l’Économie et aujourd’hui, avec cette première édition de la Semaine de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), je ne vous cache pas mon enthousiasme à l’idée de savoir qu’un nouveau secteur comme celui-ci est en cours de structuration et sera prochainement en vigueur sur notre territoire.

Je ne vous cache pas mon enthousiasme à l’idée d’imaginer l’impact positif qu’un tel secteur d’avenir aura auprès de notre population et des plus jeunes en particulier, de sorte à façonner une société plus inclusive et toujours plus solidaire.

Ensemble, plaçons « l’Humain au cœur » !