Mesdames et messieurs les ministres,

Mesdames et messieurs les membres du cabinet,

Mesdames et messieurs les directeurs des médias,

Mesdames et messieurs les rédacteurs en chef et rédacteurs en chef adjoints

Mesdames et messieurs les journalistes

Mesdames et messieurs les membres du service de la communication,

 

Ia orana et Maeva.

Je suis heureux de vous accueillir à la présidence pour ce moment convivial de partage à l’occasion des vœux du nouvel an au monde de la presse et des médias ; une rencontre que nous avions dû suspendre un temps en raison de la crise de la Covid.

Incontestablement, la crise de la Covid restera dans les esprits comme une situation qui s’est imposée avec brutalité, et qui aura bousculé bien des repères, comme elle a modifié la perception que nous avons des priorités et de nos responsabilités. Elle nous a renvoyé à nos propres fragilités. Elle a entrainé de nombreuses remises en question qui se sont infiltrées dans divers aspects de nos vies professionnelles et personnelles.

Vous, en tant que relais auprès de la population, nous en tant que responsables politiques, nous avons été au cœur de cette période si particulière remplie de tensions et de crises.

J’aurai tendance à dire que dans ces périodes de crise, un peu comme dans un couple, nous avons connu des hauts et des bas. Nos relations ne furent pas tous les jours un long fleuve tranquille.

Chacun à sa place, nous avons néanmoins tenu nos rôles respectifs et nous nous sommes respectés.

Pour notre part, nous avons dû prendre des mesures parfois difficiles et impopulaires. Mais, elles nous semblaient les plus adaptées et les plus justes pour l’intérêt collectif afin de faire face au mieux à cette crise inédite, atténuer ses effets sur la population, préserver les emplois, soutenir les familles et favoriser la sortie de crise. Je dois dire que l’immunité collective que nous avons acquise a permis à notre pays, bien avant beaucoup d’autres, de reprendre une vie quasi normale et de rouvrir nos frontières. Les faits et la réalité nous ont donné raison.

Je sais aussi malheureusement, et nous l’avons vécu, qu’avoir raison trop tôt peut susciter instantanément des incompréhensions et des conflits, voire provoquer des haines en raison de ce que les détracteurs pourraient qualifier d’entêtement aveugle.

Pour votre part, vous avez joué votre rôle d’observateurs, de commentateurs, de critiques aussi, pointant nos faiblesses et nos manquements, chaque fois que cela vous semblait nécessaire, vous faisant l’écho des interrogations et des inquiétudes de l’opinion publique dans une période incertaine et douloureuse.

Je dois dire que le vent des critiques a parfois soufflé si fort qu’il était devenu tempête. J’ai bien entendu et bien compris.

Parfois, je les ai aussi ressenties, amplifiées par les réseaux sociaux, comme exagérées, voire injustes. Quoi que nous fassions, j’ai conscience que diriger, c’est aussi accepter de ne pas toujours faire l’unanimité.

Objectivement, il suffit de regarder autour de nous : pas un seul pays, y compris parmi les plus grands et les plus riches de la planète n’ont été épargnés par la crise et par l’inflation. En Polynésie, nous avons su résister.

Néanmoins, même si les relations furent parfois tendues entre nous, tout ceci me fait dire que la démocratie polynésienne se porte assez bien. En disant ceci, je souligne aussi la grande responsabilité que cela implique pour chacun de nous dans le rôle essentiel qui est le nôtre. Cette relation, pour qu’elle reste constructive, ne peut exister que dans une forme d’équilibre et de respect mutuel.

La presse, comme les responsables politiques, nous sommes confrontés à l’immixtion d’un acteur envahissant, celui des réseaux sociaux. Chacun à notre niveau nous devons les affronter, car les réseaux s’imposent désormais comme des médias qui se libèrent des exigences journalistiques et déontologiques. Ils échappent à la presse elle-même qu’ils devancent même parfois en s’affranchissant de toute vérification préalable semant confusion et fausses nouvelles. De la même manière, ils se substituent souvent aux décideurs, aux politiques, aux médias et pire, ils s’inscrivent en tant que tribunal public. Tout le monde devient expert en tout. C’est le pseudo-journal gratuit où tout le monde peut dire tout et n’importe quoi. Je suis conscient que le monde de l’information est en changement et doit également assurer sa transition.

Mais vous et moi savons que tous les avis ne se valent pas. Certains avis sont argumentés, relèvent du bon sens, d’une légitime indignation ou d’une opinion contraire mais respectable. D’autres au contraire ne sont que pulsions désordonnées, passions mal gérées, quand ce n’est pas méchanceté gratuite, volonté de nuire pour ne pas dire calomnie.

Il nous appartient, chacun dans nos responsabilités, de corriger ces situations chaque fois que nous le pouvons.

Contrairement à ce que certains pensent, je ne crois pas que la presse soit menacée par les réseaux sociaux, qu’au demeurant elle sait utiliser à son avantage.

Bien au contraire, face au flux des fake news et des contrevérités qui circulent abondamment, je crois au contraire que nos démocraties ont plus que jamais besoin d’une véritable presse, celle qui s’honore de sa déontologie et place au premier rang de ses valeurs, la vérification des faits et le respect des personnes, y compris de la présomption d’innocence si facilement mise à mal.

L’opinion publique, qui souvent n’est pas armée pour faire le tri entre ce qui est vrai et ce qui est faux, doit pouvoir se tourner vers des professionnels dont c’est le métier. Les journalistes doivent reconquérir et revendiquer cette part essentielle d’eux-mêmes qui constitue un pilier fondamental de notre démocratie acquis les 26 août 1789 et renforcé par la Loi du 29 juillet 1881.

Ce rôle fondamental repose sur la formation, l’expérience et le professionnalisme. C’est pourquoi, j’ai souhaité que le secteur du journalisme puisse à nouveau bénéficier du soutien du pays et nous réinscrirons ses métiers dans la liste des professions pouvant bénéficier de bourses majorées.

J’invite les responsables des médias à profiter de cette opportunité, car je sais aussi que c’est de plus en plus difficile de trouver localement des journalistes formés et expérimentés. Voyez cette possibilité comme un investissement pour l’avenir, car nous en aurons tous besoin : unis et solidaires, c’est la Polynésie toute entière qui y gagnera.

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Chers amis, les temps sont difficiles. Dans ce contexte, certains ont peur de l’avenir et ont tendance à idéaliser le passé.

Lorsque je présente mes vœux, l’année nouvelle est aussi et avant tout faite de ce que l’on y apporte soi-même. Si chacun apporte le meilleur de lui-même et l’aborde avec un esprit positif et constructif, l’année sera nécessairement meilleure. Nous devons réapprendre à positiver, à voir le verre à moitié plein, plutôt que le verre à moitié vide.

Nous ne pouvons rien changer au passé, mais en revanche nous pouvons encore avoir prise sur l’avenir. Il est inutile de construire l’avenir en regardant dans le rétroviseur, si ce n’est pour tirer les leçons de nos erreurs.

2023 s’annonce comme une année encore pleine de défis. La Covid n’est pas éradiquée, car il suffit de voir ce qui se passe en Chine et les mesures de contrôle sanitaire aux frontières qui sont mises à nouveau en œuvre en Europe pour les voyageurs en provenance de Chine. La guerre en Ukraine est loin d’être terminée et nul ne sait où elle va nous conduire.

Les experts pensent même que le plus dur est devant nous, d’un point de vue économique, social, énergétique. Les tensions se multiplient et n’épargnent pas le Pacifique. De ce point de vue, nul ne sait ce que nous réserve encore la scène internationale. Ces incertitudes doivent nous inviter à méditer sur la chance que nous avons d’être Français, d’être dans la République qui nous protège et garantit nos libertés, y compris celles de la presse.

Sur le plan intérieur, nous aurons des élections territoriales à conduire. C’est un enjeu majeur pour notre pays. J’aborde cette campagne qui s’annonce avec énergie et sérénité. En tirant les leçons de l’année écoulée, j’ai résolument choisi de regarder devant et d’affronter les nombreux défis qui se posent à nous pour préserver la sécurité et la solidarité qui sont le socle de la société polynésienne, tout en faisant évoluer notre modèle vers un développement endogène, plus durable et plus respectueux de notre environnement et de nos ressources naturelles.

Sur un plan plus politique, j’aurai souhaité que le clan autonomiste parte uni à cette bataille. Hélas, ceux qui ont quitté la famille du Tapura Huiraatira pour répondre à des ambitions personnelles l’ont fait en conscience et c’est leur droit : je leur demande toutefois de respecter leurs anciens compagnons de route, c’est-à-dire celles et ceux qui ont choisi de continuer à travailler pour leur Pays et qui œuvrent au quotidien pour que les diverses opinions convergent vers un objectif commun. Aussi on ne peut pas diviser sa propre famille politique et prétendre l’unir en même temps, c’est une pathologie qui porte un nom.

Je porterai l’étendard autonomiste aussi haut et aussi loin que possible, laissant à chacun la part de responsabilité qui sera la sienne dans les résultats qui sortiront des urnes.

Les enjeux de ce scrutin sont majeurs. Notre principal adversaire, c’est l’indépendance et tous les déséquilibres voire les désordre qu’elle peut engendrer notamment sur la dynamique de l’emploi, sur la croissance économique et la confiance des investisseurs, sur la santé, sur l’avenir de nos enfants, sur nos relations avec la France et enfin sur le vivre ensemble. L’enjeu est donc bien posé.

Nous avons bien compris l’expression du mécontentement lors des législatives et nous pouvons toutes et tous constater que les effets d’annonce avaient bien été emballés. Après plusieurs mois de prises de fonctions des députés, nous attendons encore des résultats concrets de leurs promesses en papier de soie : qu’ils rendent au moins des comptes aujourd’hui au peuple polynésien qui mérite mieux que des logos de leurs chapeaux, sur des documents sérieux où l’avenir du pays est en jeu.

En avril prochain, nous allons confier les clefs de notre pays à la majorité qui sera élue.

Elle désignera l’exécutif et le président qui auront l’immense responsabilité de fixer le cap et de prendre les bonnes décisions en faveur de notre avenir et notre capacité à vivre ensemble.

Le parti indépendantiste de la désunion, le Tavini Huiraatira, a clairement fait connaître son objectif : rompre avec la République et engager les femmes, les enfants, les hommes c’est-à-dire tout un pays dans un processus conduisant à son indépendance.

Ce sera une voie pour laquelle je n’adhère pas. Je me battrai avec force et vigueur, pour de multiples raisons que je ne développerai pas ici. Nos réalités économiques et sociales polynésiennes d’une part, et les nombreux témoignages alarmants de hauts responsables de pays du Pacifique d’autre part, me confortent dans mes convictions.

Aujourd’hui, dans le monde que nous vivons, je considère que l’indépendance est devenue un combat dépassé car nous n’avons plus à nous battre pour une liberté que nous possédons déjà et qui nous garantit notre autonomie au sein de la République.

Face aux perturbations d’un monde qui change, la République nous protège et veille à nos libertés.

C’est tout cela l’Autonomie : être pleinement Polynésien et bénéficier de la protection de la France.

Par ailleurs, notre devoir est aussi de répondre aux attentes qui alimentent certaines frustrations.

C’est donc un début d’année à haut risque que nous allons devoir affronter et que vous aurez à commenter de la manière la plus objective et factuelle que possible afin qu’un débat juste et honnête puisse s’instaurer sur les enjeux qui nous attendent et éclairer le choix de nos compatriotes.

Je vous souhaite donc une bonne et heureuse année 2023.

Pour vos médias tout d’abord qui sont aussi confrontés à la recomposition du paysage médiatique, à la viabilité économique et aux nouveaux défis du numérique, qu’ils soient audiovisuels ou écrits. Nous sommes tous amenés à nous réinventer pour exister demain. A ce titre, je salue le retour de La Dépêche qui participe à la pluralité des médias et au débat démocratique.

Et bien sûr, vous pouvez compter sur le service de communication de la Présidence qui a été réorganisé pour mieux répondre à vos attentes et assurer efficacement le lien avec les ministères et les services.

Pour vous-même, je vous souhaite le meilleur, bonheur et santé, pour chacun et chacune d’entre vous, pour vos familles, sans oublier notre beau pays qui nous permet de vivre tous en harmonie et en paix.

Vous l’aurez compris, je ne vous souhaite pas qu’une bonne année, mais une année 2023, où chaque jour vous sera agréable.

Je vous remercie et vous invite à présent au pot de l’amitié pour célébrer ensemble cette nouvelle année qui commence.

Ia ora i te matahiti api.

Je vous remercie.