Discours du président Edouard FRITCH

Monsieur le secrétaire général représentant le Haut-commissaire de la République en Polynésie française,
Monsieur le président de l’Assemblée de la Polynésie française,
Monsieur le député,
Monsieur le Vice-président, Mesdames et Messieurs les ministres du Gouvernement de la Polynésie française,
Monsieur le représentant du commandant supérieur des forces armées de la Polynésie française,
Mesdames et Messieurs les représentants, chers collègues,
Monsieur le conseiller économique, social et environnemental,
Monsieur le procureur de la République,
Madame l’administrateur général des finances publiques,
Monsieur le secrétaire général du gouvernement,
Monsieur le secrétaire général du vice-rectorat,
Monsieur le payeur de la Polynésie française,
Monsieur le président de la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Services, et des Métiers,
Monsieur le représentant du bâtonnier de l’ordre des avocats,
Messieurs les représentants des organismes patronaux et syndicats de salarié,
Messieurs les représentants des confessions religieuses,
Mesdames et Messieurs du public, et de la presse,
Chers internautes, auditeurs et téléspectateurs.

 

C’est avec joie mais aussi beaucoup de gravité que je me présente devant vous, le nouveau gouvernement à mes côtés, pour l’ouverture de cette session administrative qui marque aussi le début de notre nouvelle mandature.

Je formule encore une fois le vœu que durant les cinq prochaines années nos travaux au sein de cet hémicycle soient productifs et que les débats restent constructifs et courtois.

Vendredi dernier, lors de mon discours de candidature, je vous ai exposé les grandes lignes de notre programme de mandature, conformément aux engagements pris par le Tapura Huiraatira devant les polynésiens. C’est cette feuille de route, validée par les électeurs, qui a été confiée hier aux membres du gouvernement afin qu’ils la mettent en œuvre.

Je reviendrai un peu plus tard sur les grandes réformes que nous proposerons à votre assemblée, mais vous savez que, statutairement, l’ouverture de la session administrative est l’occasion de faire le bilan des mois écoulés.

Ce bilan, nous l’avons largement présenté durant la campagne électorale. Je ne m’attarderai donc pas sur les actions, mais je souhaite revenir sur les grands indicateurs économiques, qui je le sais sont toujours contestés par certains amis qui pour une bonne part viennent sanctionner positivement l’action du gouvernement.

L’Institut d’émission d’outre-mer vient de publier le bilan économique de 2017 qu’il qualifie de « situation propice à la création d’emploi ».

Selon l’Institut, « l’évolution positive de l’indicateur du climat des affaires depuis quelques années confirme la bonne tenue de l’activité économique en Polynésie française. La situation financière des agents économiques s’en trouve améliorée et se traduit en 2017, non seulement par une nette reprise des investissements productifs, mais aussi par une politique de recrutement plus active pour répondre au surcroît d’activité ». 

Sur le plan de la consommation l’IEOM note que les ménages ont accentué leurs achats ainsi que leurs investissements dans le logement. Ainsi, l’Institut constate que « sur douze mois glissants, la production de crédits à l’habitat des établissements de crédit a crû de 7,1% ».

Il faut voir dans ce constat, me semble-t-il, la traduction des mesures prises par le gouvernement pour soutenir la consommation par la suppression des droits sur un certain nombre de produits, comme les vêtements dont les prix ont baissé de 7,7%, mais également les mesures d’aides à la pierre qui ont connu un franc succès auprès des ménages.

Ainsi, l’IEOM souligne que « le rythme de croissance de l’encours des crédits à l’habitat s’accélère, +4,8% en 2017, après +2,6% en 2016. Sur onze mois, la production locale de prêts immobiliers atteint 24,5 milliards de F CFP contre 23,5 milliards de F CFP sur l’année 2016 »

L’embellie économique constatée irrigue tous les secteurs. C’est notamment le cas dans le secteur tertiaire qui emploie huit salariés sur dix et contribue à 80% à la création de richesse dans notre Pays.

Selon l’IEOM, « de janvier à septembre cumulés, le chiffre d’affaires du tertiaire est en hausse de 6,7%, grâce aux secteurs du commerce de détail (+4,5%), du commerce automobile (+9%), de l’hébergement et restauration (+8 %) et du transport (+1,8%) ».

L’activité touristique poursuit sa croissance. Notre Pays a ainsi accueilli 198.959 touristes en 2017, contre 192.495 en 2016, soit une progression de 3,4%.

La progression du nombre de visiteurs s’établit à +5,4% en 2017, soit 254.358 personnes. Cette progression est patente chez les excursionnistes qui ont été plus de 55.000, soit une progression de 13,4% par rapport à 2016, confirmant la croissance continue de l’activité de croisières.

On peut noter également, selon l’Institut de la statistique, une évolution positive du chiffre d’affaires des entreprises du tourisme qui progresse de 3,7% en un an, et de 8,7% sur deux ans. Cette bonne tenue se traduit également par une hausse des emplois touristiques de 4,5% en un an et 8,4% en deux ans, soit pratiquement le double de la moyenne générale de la progression de l’emploi.

L’arrivée de nouvelles compagnies aériennes, ainsi que l’ouverture programmée de nouvelles unités d’hébergement, laissent augurer de belles perspectives pour ce secteur qui reste le fleuron de notre économie.

Au niveau du secteur primaire, les recettes à l’export font état d’une hausse de 26,3% pour les perles, avec 14,8 tonnes en 2017 pour 10,5 tonnes en 2016. Les recettes des exportations de poisson progressent de 4,5% et celles de la vanille de 33,5%. Il s’agit pour cette dernière d’un effet prix puisque la production recule du fait du retard pris dans la régénération des plantations.

La récolte de coprah continue de baisser, en retrait de 4,5%, après un recul de 21,9 % en 2016, pour s’établir à 11,8 tonnes. Les coprahculteurs, en effet, tentent désormais de se diversifier vers de nouveaux débouchés plus rémunérateurs comme l’huile de coco vierge ou l’eau de coco.

Au final, selon l’Institut d’émission, « alors que la situation financière des sociétés se renforce, le courant d’affaires, bien orienté, devrait stimuler la création d’emploi et l’investissement, dans un environnement favorable tant sur le plan international que local. Les grands projets dans les domaines de l’aquaculture (ferme de Hao) et du tourisme (futur complexe du village tahitien) devraient en outre avoir un effet d’entraînement. Parallèlement, les pouvoirs publics accompagnent le retour à la croissance par des mesures conjoncturelles d’aide à l’investissement et consolident ses bases en mettant en place des politiques structurelles générales (système de protection sociale) et sectorielles (schémas directeurs dans le secteur primaire, logement social) ».

Voilà donc pour les perspectives encourageantes, mais fondées, formulées par l’IEOM.

Le dynamisme de notre économie se traduit bien entendu positivement dans l’exécution budgétaire du Pays.

Ainsi, pour le premier trimestre 2018, les recettes réelles de fonctionnement s’établissent à près de 29 milliards, soit une augmentation de plus de 2,5 milliards par rapport à 2017. L’amélioration s’explique par une croissance des impôts et taxes sur le revenu (+1,4 milliard) et de la TVA en régime intérieur (+328 millions).

Pour les dépenses de fonctionnement, les dépenses liées au personnel, budgétées pour un peu plus de 31 milliards, sont engagées à hauteur de 28,7 milliards.

Les autres dépenses de fonctionnement totalisent plus de 75 milliards, en hausse de 4,2 milliards par rapport à 2017, ce qui s’explique par un autofinancement supérieur de 2,2 milliards et une dotation au FIP en augmentation de 1,9 milliard à raison des prévisions de recettes fiscales.

Pour ce qui concerne les dépenses d’investissement, le montant total des engagements en cours sur l’exercice s’établit à 49,691 milliards au 31 mars 2018, soit un niveau très largement supérieur à mars 2017 où il était d’un peu plus de 34 milliards. Avec 45% de croissance, il s’agit du meilleur niveau d’engagement enregistré sur les dix dernières années.

Depuis le début de cette année, d’importants engagements nouveaux ont été réalisées pour un montant de 8,4 milliards, principalement pour financer les programmes de l’OPH, les opérations des contrats de projets 1 et 2 et celles du 3ème instrument financier, et enfin l’aménagement du site de Vaitupa à Faa’a.

Le montant des liquidations s’élève au 31 mars à 4,512 milliards, en très forte progression de 879 millions par rapport à l’exercice passé, soit +24,18%. Ce niveau est bien au-delà des résultats obtenus ces dernières années et il faut remonter à 2010 pour constater un niveau supérieur.

Le taux de liquidation s’établit ainsi à 9,26% du montant total des crédits disponibles contre 7,93% à mars 2017. Le montant des consommations de crédit est lui en hausse de 27,70% par rapport au premier trimestre 2017 pour s’établir à plus de 3 milliards. Là encore un niveau bien supérieur à celui constaté lors des années postérieures à 2010.

Au vu de ces constats, le niveau élevé des réalisations à fin mars (+27,70%), couplé aux importants engagements en cours (+45,11%) augure de très bonnes perspectives de liquidation pour l’exercice 2018.

La courbe des engagements restant à liquider, déjà en forte progression tout au long de 2017 (près de 37 milliards en décembre) continue de progresser pour atteindre plus de 45 milliards fin mars.

Lors des deux derniers exercices, le gouvernement avait affiché sa volonté de consommer 25 milliards de crédits de paiement sur l’année. Malgré une augmentation des niveaux de réalisation nous n’avons consommé que 21,8 milliards en 2016 et 23,5 milliards en 2017.

Même s’il est encore tôt pour faire les prévisions de liquidation, au vu des différents indicateurs qui présentent tous de bonnes marges de manœuvre de progression par rapport aux exercices précédents, nous pouvons objectivement avancer que cette barre symbolique des 25 milliards de consommation devrait pouvoir être franchie en 2018.

J’en ai terminé avec les chiffres. Mais ce sont des informations qu’il m’apparaissait nécessaire de communiquer à votre représentation afin qu’elle ait les éléments d’appréciation de l’amélioration de la santé économique et budgétaire de notre Pays.

***

J’en viens maintenant aux grandes lignes des travaux dont vous serez saisis. Vendredi, je vous ai présenté les trois grands axes qui figuraient dans notre programme et qui seront la base de la politique du gouvernement pour les années à venir.

Ces trois grands axes, je vous le rappelle, visent à apporter des solutions aux difficultés quotidiennes des familles, aux difficultés des citoyens, et en particulier des archipels, face à l’administration, et enfin au renforcement de notre développement économique.

Je vous ai apporté les détails des actions ciblées que nous comptions mener pour répondre aux besoins des Polynésiens et du monde économique.

Au-delà, il nous reste à mener de grandes réformes, dont la première est bien sûr la réforme de la Protection sociale généralisée, avec en priorité l’indispensable réforme du régime des retraites.

Le projet de texte est sur le bureau de votre assemblée. Il vous appartient de vous organiser pour reprendre rapidement les consultations avec les partenaires sociaux en vue d’aboutir à la rédaction d’une proposition de loi du pays. Je souhaite, et la majorité est d’accord avec moi, que ce texte puisse être soumis à l’assemblée en septembre.

Sur le plan de la solidarité, le gouvernement entend également vous proposer un cadre réglementaire encadrant les établissements d’accueil des personnes âgées dépendantes ainsi que les familles d’accueil thérapeutiques. Il vous appartiendra également, sur la proposition du gouvernement, de mettre en place le statut d’aidant familial.

Dans le cadre de notre politique en faveur du logement, vous serez notamment saisis de projets de loi visant à renforcer l’offre, mais également à faciliter l’accès au logement. Ainsi, nous vous présenterons un texte pour inciter fiscalement les propriétaires de logements vacants à les rénover pour les mettre sur le marché du logement social. De même, nous souhaitons que l’Aide familiale au logement (AFL) soit étendue au parc privé conventionné.

Nous souhaitons également engager la réforme du transport public routier. Vous le savez, la délégation de service public pour le transport sur Tahiti arrive à échéance à la fin de cette année. L’appel d’offres a été lancé. Il est attendu du nouveau délégataire une amélioration substantielle de la qualité de service, le renouvellement progressif de la flotte par des bus neufs, dans le respect des normes environnementales, géo-localisables et sécurisés. Il devra également proposer une gamme tarifaire élargie en fonction de certaines catégories d’usagers (étudiants, matahiapo, handicapés, demandeurs d’emploi…) et un système d’information performant pour les voyageurs.

Je vous annonce également l’intention du gouvernement d’engager des discussions avec les partenaires sociaux en vue de la prise en charge partielle par les employeurs et le pays du coût du billet pour les salariés qui doivent prendre les transports en commun pour se rendre sur leur lieu de travail.

Parmi les réformes en cours, l’élaboration du schéma directeur des affaires foncières est entrée dans sa phase de lancement, l’appel d’offres ayant été publié le 4 mai. Ce schéma vise, d’une part, à répondre aux problématiques de gestion et de sortie de l’indivision, d’autre part à proposer un outil de gestion et de valorisation des biens immobiliers publics. Ces deux orientations viendront en soutien des politiques publiques de la Polynésie et du renforcement du développement économique et social.

Vous serez également saisis d’un projet de loi sur les routes de désenclavement pour libérer du foncier public ou privé et favoriser ainsi les projets de développement.

Au titre de l’aménagement, il conviendra de mettre en place le SAGE, ainsi que les plans d’aménagement et de développement durable (PADD) par archipel. Vous aurez rapidement à vous prononcer également sur projet de loi pour permettre la construction d’immeubles de grande hauteur, c’est-à-dire supérieure à 28 mètres, et ce dans le cadre du chantier du Village tahitien.

Après le schéma de l’aquaculture qui est en cours, nous vous présenterons le nouveau schéma directeur de l’agriculture qui sera décliné par archipel afin d’adapter les contextes d’auto-consommation et les marchés de distribution. Les métiers de l’agro-alimentaire et les conversions à l’agriculture biologiques seront mis en valeur.

Au titre des schémas directeurs, nous vous proposerons également la mise en place de celui de l’hôtellerie.

Concernant ce secteur proprement dit, nous vous proposerons par ailleurs des mesures de soutien à la petite hôtellerie et aux pensions de famille : accès à la défiscalisation pour les investissements d’au moins 150 millions, doublement des aides pour la création et la rénovation des pensions de famille, mise en place d’un « kit bungalow » pour les porteurs de projets.

En matière de travail, dans la continuité de la loi sur le travail illégal qui vient d’être promulguée le 13 mars dernier, nous mettrons en œuvre un plan d’envergure de lutte contre le travail illégal qui participera également au redressement des comptes sociaux.

D’autre part, le ministère en charge du Travail présentera un projet de loi qui est déjà en préparation pour la promotion et la protection de l’emploi local, au terme bien sûr d’une large concertation avec les partenaires sociaux et la conclusion d’accords collectifs de branches ou d’entreprises.

Pour le volet environnement, vous avez déjà été destinataire d’un texte important sur la création des centres d’enfouissement techniques simplifiés pour adapter notre réglementation à la réalité des îles. Nous mettrons également en place le schéma territorial de prévention et de gestion des déchets.

Tous les textes que je viens d’évoquer ont déjà été travaillés par l’équipe précédente. Puisque nous nous inscrivons dans la continuité, ils devraient donc rapidement venir alimenter vos travaux.

Mais ce ne seront bien sûr pas les seuls et j’ai déjà évoqué d’autres points dans mon discours de vendredi. Mon propos n’est pas d’être exhaustif.

Durant les cinq prochaines années, je suis décidé à mettre en œuvre les réformes dont la Polynésie a besoin.

Tout mon temps toute mon énergie seront consacrés à faire avancer ce pays.

Ce temps, soyez en certains, avec le gouvernement, et avec vous bien sûr, nous le mettrons à profit pour répondre aux attentes des Polynésiens.

Les Polynésiens attendent que nous soyons honnêtes pour leur dire la vérité et la réalité de notre pays. Ils attendent que nous soyons courageux pour prendre des mesures qui peuvent paraître impopulaires, mais indispensables pour l’avenir de notre pays et de notre jeunesse, comme j’ai essayé de le faire avec le dossier de la PSG.

Je suis décidé à mener notre pays vers la création de richesse, mais en même temps soucieux de partager cette prospérité avec tous ceux qui ont besoin d’être soutenus par solidarité.

Je vous ai dit que je serai le président de tous les Polynésiens. Je le serai et je le ferai.

Je veux aussi être le président de la vérité. Je veux consolider la confiance que les Polynésiens nous ont accordée. Et cette confiance n’est durable et sincère que si elle est basée sur la vérité.

Mes chers amis, j’ai tellement d’amour et d’ambition pour mon pays et pour mon peuple. Je ne veux pas et je ne peux décevoir.

Je désire que, tous ensembles, nous puissions écrire un nouveau chapitre de l’histoire de la Polynésie française, ancrée dans sa culture, dans la modernité et fière d’elle-même.

Je vous remercie.