Mesdames, Messieurs,
Chers compatriotes,
Monsieur le Haut-commissaire vient de confirmer la levée de l’état d’urgence sanitaire décidée par le Président de la République. C’est la fin de certaines restrictions, comme le couvre-feu et le confinement.
Permettez-moi de faire quelques commentaires sur l’esprit qui a guidé notre décision.
Nous aurions souhaité, il est vrai, conserver le couvre-feu. La loi ne nous le permet plus.
Mais, comme je l’ai dit, ce serait une erreur de penser que la menace est derrière nous. Déjà, nous voyons poindre dans de nombreux pays, dont la France, un regain de l’épidémie et avec lui la menace d’une nouvelle vague.
Soyons réalistes, nous n’échapperons pas à une nouvelle vague. Prenons garde et restons vigilants. Notre souhait est de faire en sorte que cette vague ne nous submerge pas, comme la précédente.
Mais nous devons tirer les enseignements de ce qui s’est passé. C’est un devoir et une obligation pour nous tous.
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C’est pourquoi, nous avons décidé de maintenir certaines restrictions sans prendre le risque de créer un terrain propice à la diffusion du virus.
Nous devons anticiper une nouvelle vague. Personne de sensé ne voudrait que tous les efforts que nous avons consentis, tous les sacrifices que nous avons dû faire, tous ensemble, pour tenter de juguler la pandémie, soient à nouveau réduits à néant. Et c’est là où nous devons tenir compte de notre expérience du passé.
Personne ne veut revoir et affronter une nouvelle vague.
En conséquence, je vous demande de poursuivre les efforts pendant encore quelques semaines.
Les fêtes de fin d’année approchent, Noël et Nouvel an. Nous attendons tous ces moments pour nous retrouver en famille et entre amis. Nous en avons tous besoin.
Personne d’entre nous ne veut voir les fêtes de fin d’année endeuillées par la disparition d’êtres qui nous sont chers.
Pour faire court : cela ne tient qu’à nous.
D’autre part, je l’ai dit, nous n’avons plus les moyens de faire face à une quatrième vague de l’ampleur de la précédente, ni financièrement, ni moralement. Nous ne pourrons plus financer la solidarité et la préservation des emplois sur une nouvelle période.
La CPS et ses différents régimes sont en grande difficulté. Il faudra plusieurs milliards pour sauver la CPS. Le Pays aura versé 23,9 milliards de francs à la Caisse ces deux dernières années, dont 17 milliards sous forme de prêt, pour combler certains de ses déficits. Je crains que ces déficits ne s’aggravent et que nous tous, soyons obligés de mettre la main à la poche. Seules l’activité économique et la création d’emplois, ici et dans les îles, permettront de redresser les comptes sociaux.
Nous n’avons plus la capacité d’emprunter pour financer de tels dispositifs.
Vous avez bien compris que le gouvernement ne peut rien faire seul. Cet effort, nous devons l’accomplir tous ensemble.
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C’est pourquoi, je vous renouvelle mes encouragements à vous faire vacciner. Nous disposons de 150.000 doses de vaccins en stock, avec lesquelles nous pouvons vacciner plus de 80.000 personnes. 80% de la population totale serait alors vaccinée, ce qui correspond à cette fameuse immunité collective.
La campagne de vaccination va s’accélérer. La direction de la Santé s’y prépare. Je vais demander à la direction de la santé d’aller au-delà. Avec les guides sanitaires, nous allons procéder par le porte-à-porte à la visite des familles afin de proposer la vaccination à toutes les personnes non vaccinées à ce jour, en particulier à celles qui ont des problèmes de mobilité, mais aussi à celles qui ont besoin d’une 3° dose. Il conviendrait que ces efforts ne soient pas gaspillés. Profitons-en.
Les spécialistes l’attestent : plus nous serons nombreux à être vaccinés, moins le virus fera de dégâts, moins il fera de victimes. Nous pourrons préserver notre capacité hospitalière. L’hôpital doit continuer sa mission première à savoir soigner nos malades dont les traitements ont été retardés voire arrêtés à cause de la crise de la covid. Je pense aux malades atteints de diabète, à nos patients atteints de maladies cardiovasculaires ou neurologiques… Ne soyons pas égoïstes, pensons aussi à eux, car il nous faut rattraper le retard pour leur sauver la vie.
La vaccination est réellement le seul moyen dont nous disposons, et qui a fait ses preuves, pour contenir une nouvelle vague.
Je l’ai dit et je le maintiens : je ne confinerai plus notre pays. Nous n’avons plus les moyens financiers de supporter les conséquences économiques et sociales d’une telle décision. Et surtout, nous disposons, avec la vaccination, des moyens sanitaires pour l’éviter. Nous avons mobilisé des sommes considérables, avec le soutien de l’Etat, pour rendre cette vaccination possible et gratuite. Profitez-en. Bien des pays dans le monde, et plus proches de nous dans le Pacifique, ne peuvent pas en dire autant.
Partout où la pandémie a repris, on constate la même chose : les personnes atteintes sont des personnes qui ne sont pas vaccinées. C ‘est le constat de la dernière crise : 95% des personnes hospitalisées n’étaient pas vaccinées. Aujourd’hui on parle même de « pandémie des non vaccinés »
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Pour redonner de la liberté à toutes et à tous, nous allons déployer le pass sanitaire.
Nous sommes prêts pour sa mise en œuvre à grande échelle. Le pass sanitaire redonnera de la liberté à celles et ceux :
- qui se sont fait vacciner ;
- qui sont immunisés depuis moins de 6 mois ;
- qui se sont testés depuis moins de 48H.
Cette solution appliquée dans de nombreux pays dans le monde, est le meilleur moyen d’éviter un nouveau confinement.
Il apportera de l’oxygène à notre économie en rendant à nouveau possible les activités économiques et de loisirs, sans exposer à des risques supplémentaires ceux qui ont fait l’effort de se protéger. Le pass sanitaire ouvrira de plus grands espaces de liberté en se protégeant soi-même et en protégeant les autres
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Pour autant, la bataille n’est pas gagnée. Nous devons rester mobilisés et vigilants et ne pas nous laisser piéger par une amélioration réelle mais trompeuse : le virus circule toujours. Nous ne sommes pas à l’abri qu’il développe chez nous, sa propre mutation. Oui le nouveau variant peut naitre en Polynésie sans que ce soient nécessairement des personnes de l’extérieur qui nous le transmettent. Tous nos visiteurs sont aujourd’hui vaccinés.
Nos personnels de santé, les pompiers, les secouristes, les ambulanciers, ont été exemplaires durant cette période critique. Ils n’ont pas ménagé leur peine et nous leur devons notre reconnaissance. Je leur renouvelle toute ma gratitude. Mais nous devons aussi leur épargner une nouvelle vague, car eux aussi sont épuisés et ont énormément souffert moralement de la crise d’aout dernier.
C’est cela vivre en communauté : prendre soin les uns des autres. J’en appelle à l’esprit Polynésien qui habite chacun de nous, ce sont ces valeurs de solidarité et de partage qui doivent nourrir notre volonté commune de mettre ce virus sous contrôle. J’en appelle aux valeurs chrétiennes que nous sommes si nombreux à partager et qui rejoignent les valeurs polynésiennes, car elles ont trouvé chez nous une terre fertile.
Que cela ait du sens. Que cela nous aide à veiller les uns sur les autres.
En nous vaccinant, en nous protégeant, nous ne prenons pas seulement soin de nous, nous prenons soin des autres, à commencer par celles et ceux qui nous sont proches et que nous aimons. En nous vaccinant nous évitons de transmettre la maladie et peut-être même la mort à ceux qui sont plus fragiles que nous. En cela, comme l’a rappelé le Pape François, se vacciner est un acte d’amour.
Je veux partager avec vous cette espérance.
Je vous remercie.