Monsieur le Haut-commissaire,
Monsieur le Président de l’Assemblée,
Monsieur le Vice-président, mesdames et messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires de Polynésie française
Monsieur le Président du Syndicat pour la promotion des communes de Polynésie française
Monsieur le Président du centre de Gestion et de Formation,
Mesdames et messieurs les maires, chers collègues
Mesdames et messieurs les Maires-délégués, adjoints aux Maires et conseillers municipaux
Chers élus des cinq archipels,
Mesdames et messieurs, chers amis,
C’est avec plaisir que je vous souhaite très chaleureusement la bienvenue à la Présidence. Je vous remercie chacun et chacune de votre présence.
Monsieur le Haut-commissaire et moi-même, avons tenu à vous rencontrer aujourd’hui et demain.
Depuis 6 ans, j’ai souhaité que ce type d’évènement devienne un rendez-vous annuel autant que possible. Il s’agit pour moi, d’ouvrir un espace de dialogue et d’information sur des sujets qui concernent les communes au premier chef.
J’invitais régulièrement les maires vers le mois d’octobre ou novembre, juste avant que les maires ne partent à Paris pour le Congrès annuel des maires de France.
Nous n’avions pas réuni les maires, en fin d’année dernière, car nous étions à la veille de la fin d’une mandature.
Cette année, nous avons saisi l’opportunité que vous soyez tous rassemblés à Papeete pour vous inviter à cette rencontre.
Je saisis l’amorce de cette nouvelle mandature communale pour vous annoncer, d’ores et déjà, que j’organiserai la Conférence Annuelle des 48 Communes, le CAC 48, vers le mois d’avril de chaque année et non plus en fin d’année.
Pourquoi Avril ?
A cette période, les crédits de paiement et les budgets du Pays seront mis en place. Le plan de campagne des investissements du Pays pour l’année courante sera défini. Ainsi, nous pourrons vous informer des chantiers que le Pays va entreprendre dans vos îles respectives. Cette information vous permettra de mieux vous préparer à recevoir les entreprises et à organiser la vie communale en conséquence.
Donc, rendez-vous en avril 2021 pour la première conférence annuelle des 48 communes.
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Permettez-moi, d’adresser mes félicitations aux 48 maires élus le 15 mars et le 28 juin dernier.
Sur les 48 maires, il y a 19 nouveaux maires : 5 des Iles du Vent, 2 des Iles sous le Vent, 2 des Australes, 1 des Marquises et 9 des Tuamotu.
J’ai eu l’opportunité de rencontrer quelques nouveaux maires et j’ai vu dans leurs yeux tout le poids des responsabilités qu’ils venaient de découvrir, avec pour certains tout le poids des difficultés dues à l’absence d’information et de passation des dossiers entre la nouvelle et l’ancienne équipe municipale.
Chers amis collègues, je vous souhaite beaucoup de courage.
Vous verrez, la tâche est noble, même si elle est mal payée. Mais la satisfaction d’avoir rendue service et d’avoir été utile à ses compatriotes de l’île ou de sa commune procure un sentiment immense de joie. La fonction d’élu municipal constitue un engagement au plus près des populations qui requiert énergie, détermination, disponibilité et aussi une volonté de développement.
Je salue et félicite notre nouveau président du SPC et son bureau. Je remercie les délégués communaux d’avoir soutenu le candidat que j’ai proposé. Notre ami Cyril a un bon bilan et il me semblait logique de reconduire celui qui a bien travaillé.
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Mes chers amis, depuis le début de ma présidence, en septembre 2014, j’ai considéré les maires comme des partenaires du redressement et du développement de notre pays. C’était une nécessité de bon sens.
Souvenez-vous de l’état et de l’ambiance de notre Pays en 2014.
Un pays au bord de la faillite. Une classe politique déconnectée des réalités et centrées sur ses égoïsmes, durant toute la longue période d’instabilité et des renversements de gouvernement.
Si l’Etat n’avait pas accordé une subvention de fonctionnement de 6 milliards en 2012 et un prêt de 5 milliards en 2013, nous serions en cessation de paiement.
N’oublions jamais toute cette période d’errements politiques, de souffrance sociale due aux nombreux licenciements économiques, de tensions avec les maires, de tensions avec l’Etat, de tensions avec les partenaires sociaux. Notre Pays apparaissait comme un lieu sans avenir, un lieu qui faisait fuir les jeunes vers l’étranger, un pays avec des entreprises en faillite ou en difficulté, un pays avec une délinquance en augmentation, un pays avec des violences conjugales en augmentation, un pays de trafic d’ice en augmentation, etc.
C’est pour cette raison que j’ai appelé tous les maires à travailler ensemble, d’une part pour taire nos divisions, et d’autre part pour aider notre population et notre pays à se relever.
C’est pour ces mêmes raisons que j’ai repris le dialogue et la coopération avec l’Etat, avec les partenaires sociaux, patrons et syndicats, et avec les confessions religieuses.
Je vous ai toujours dit que le gouvernement et l’Assemblée, seuls, ne peuvent pas redresser ce Pays. Toutes les forces vives, politiques, civiles et confessionnelles de ce pays, doivent travailler sur des objectifs communs et d’intérêt général. C’est à cette condition que nous pourrons tous ensemble, porter le pays vers des lendemains meilleurs.
Ensemble, vers la même direction. Ensemble vers les mêmes objectifs.
Vous savez, mon Pays, ma population, sont plus importants que mon pito et mon orgueil. Oui, j’ai besoin de vous. J’ai besoin de votre proximité avec vos populations pour faire passer les bonnes informations émanant du Pays ou du haut-commissariat et nous faire remonter les vraies préoccupations de vos populations.
Mes chers amis, à l’orée de cette nouvelle mandature communale, je veux poursuivre notre partenariat. Et, je voudrai même le renforcer car la crise du covid19 nécessite aujourd’hui tout notre engagement.
En effet, la crise sanitaire et surtout économique provoquée par le covid19 nécessite encore la mobilisation et l’action conjuguée du Pays, de l’Etat et des communes.
Nous sommes donc appelés à nous concerter et à définir des actions de survie de notre économie et de notre Pays.
Cette rencontre est l’occasion d’amorcer la concertation et de construire notre cohésion et nos plans d’actions.
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Nos échanges vont se succéder cet après-midi et demain matin encore sur deux grands axes. Celui de cet après-midi sera centré sur les mesures prises pour assurer de manière sereine l’ouverture de nos frontières et relancer notre économie.
Demain matin dès 8 heures, j’ai souhaité que la ministre de l’éducation puisse intervenir sur les conditions de la prochaine rentrée scolaire.
Ensuite, une séquence sera dédiée au sujet, lequel je le sais, retiendra toute votre attention, des financements publics !
Et puis enfin, quelques membres de mon gouvernement vous exposeront les différents chantiers et plans d’investissements envisagés par le Pays dans l’ensemble des archipels.
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Les communes de Polynésie française sont des partenaires importants du développement de notre Pays. L’éclatement de notre pays rend ce partenariat indispensable pour améliorer la vie quotidienne de nos populations, notamment en matière d’eau potable, de traitement des déchets, de protection de l’environnement, de la transition énergétique, de l’éducation et de la jeunesse.
C’est un des axes forts de la gouvernance de notre gouvernement. Faire confiance aux tavana et les impliquer dans le développement de leurs îles et de leur archipel sont des éléments structurants de la gestion publique menée depuis 2015.
C’est pourquoi, les outils financiers auxquels le Pays contribue en totalité ou en partie, tels que Fonds Intercommunal de Péréquation, le Contrat de projets Etat-Pays-Communes, la délégation pour le Développement des communes, le CRSD et le Contrat de ville sont des outils qui ont permis aux communes de se doter en infrastructures utiles à leurs communautés.
Ces soutiens financiers sont d’autant plus utiles et justifiés pour les petites communes de nos archipels qui ont des moyens financiers plus modestes.
Sans rentrer dans les détails de ce qui vous sera présenté demain matin par la Déléguée pour le développement des communes, j’ai tout de même identifié quelques sujets que je voudrais évoquer ici avec vous.
En premier lieu, je veux vous parler du Fonds intercommunal de péréquation, le FIP. J’ai été attentif aux inquiétudes du monde communal liées à la baisse de nos recettes fiscales. Cette inquiétude est légitime !
En effet, vous avez noté que le dernier collectif budgétaire prévoit une baisse de nos recettes fiscales de 2020 de l’ordre de 15 milliards de francs CFP.
Vous aurez noté également que les 5 milliards de FCFP ponctionnés au mois de mars sur le FIP ont été rendus, ainsi que nous nous y étions engagés.
Si l’on applique le taux de prélèvement de l’assiette du FIP de 17 % à la baisse des recettes de 15 milliards de FCFP, cela correspondrait d’ores et déjà à une baisse d’environ 2.5 milliards de FCFP qui va se répercuter directement sur le budget 2022 du FIP.
A cela il faudra ajouter les baisses de recettes à afficher aux budgets primitifs de la Polynésie française au titre de 2021 voire de 2022. Il nous faudra un peu de temps pour retrouver le niveau d’avant 2020, c’est certain.
C’est la raison pour laquelle je rappelle la nécessité pour nous tous de veiller à être très précautionneux dans nos dépenses futures. Cherchons à prioriser nos dépenses.
Je tiens également à temporiser les inquiétudes : le budget du FIP de 2020 affiche tout de même un fonds de trésorerie de plus de 12 milliards de FCFP dont la moitié est libre d’engagement.
Je pense sincèrement que ce fonds de trésorerie conséquent, doublé d’une gestion budgétaire plus que rigoureuse par chacun, devrait nous permettre de tenir bon en attendant que notre économie reprenne son plein essor.
Sur un autre angle de vue, je rappelle aussi que grâce à ce niveau de trésorerie le comité des finances locales de février dernier a pu décider, exceptionnellement pour 2020, d’augmenter de plus d’1.5 milliard de FCFP les dotations non affectées en investissement. Toutes les communes voient leur DNAI augmenter cette année.
Par cette proposition faite par le Pays, nous avons souhaité démontrer que l’on vous faisait confiance, que vous êtes suffisamment responsables dans la gestion de votre trésorerie et de vos programmes d’investissement. En effet, avec cette mesure, nous renforçons fortement les capacités d’autofinancement des communes en matière d’investissement.
Cependant, j’insiste : il est particulièrement important que l’augmentation substantielle des DNAI soit largement dédiée à la mise en œuvre par les communes de projets d’investissement structurants, facteurs d’activité et d’emplois. Ne misez pas tous ces moyens supplémentaires sur de simples acquisitions d’équipements, de véhicules ou encore d’engins.
Pour aller plus loin, je veux partager avec vous un point de réflexion qui me tient à cœur. Il s’agit de mettre aussi en place un fonds de secours, direct et rapide, aux communes victimes de calamités naturelles.
L’idée serait de constituer au FIP, un fonds dédié aux réparations, aux remises en l’état voire aux reconstructions, dont l’urgence serait dictée par tout aléa ou catastrophe météorologique. En effet, j’ai encore souvenir des dégâts causés à de nombreuses communes, de Tahiti ou des îles lors des intempéries de 2017.
Je ne vise ici que les dégâts qui toucheraient au patrimoine propre des communes et dans leurs domaines d’intervention. Je ne parle pas, bien évidemment, de ce qui relèverait des compétences du Pays et de l’Etat.
Voilà je tenais à vous soumettre cette piste de réflexion et je souhaiterais fortement que nous y réfléchissions lors de nos prochains travaux.
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Pour revenir aux moyens financiers en matière d’investissements communaux, sachez, chers amis, que malgré ces baisses de recettes pour le Pays, j’ai acté le maintien du budget de la DDC pour 2021 au même niveau que les exercices précédents. Il n’est pas question de diminuer les moyens importants qui vous ont été consentis jusqu’ici via la DDC.
Les communes constituent un véritable acteur économique et jouent un rôle important dans la redynamisation de l’économie du Pays. Elles concourent à la relance des commandes publiques auprès des entreprises.
A cet effet, et je terminerai là-dessus, nous avons adapté certains délais appliqués par la DDC.
Pour tenir compte de la récente mise en place de plusieurs nouveaux tavana, et leur laisser le temps nécessaire pour décider des investissements prioritaires qu’ils voudraient mener, j’ai fait acter par le conseil des ministres, à titre exceptionnel, une prorogation des délais de dépôt de vos dossiers à la DDC jusqu’au 15 septembre prochain.
Attention, cela ne veut pas dire qu’il faut attendre le 15 septembre pour déposer vos dossiers ! Rappelez-vous que pour être recevables les dossiers doivent être complets et bien montés.
Je vous donne justement ce délai supplémentaire pour que vous, en particulier les nouveaux conseils municipaux, ayez le temps de préparer des dossiers de qualité.
Comme beaucoup le savent déjà, la DDC se tient à votre disposition pour tout besoin d’accompagnement avant le dépôt de vos dossiers !
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Pour conclure, je réitère devant vous mon vœu que notre collaboration et notre partenariat puissent durer pour le bien de notre population.
Nous devons continuer de nous faire confiance et d’être convaincus que chacun de nous est en train de travailler pour le bien commun, pour la recherche de solutions utiles à nos communes, à nos populations, à notre Pays.
Je vous remercie et nous souhaite des échanges fructueux aujourd’hui et demain.
Mauruuru