Conférence de présentation de l’expédition « Plastic Odyssey »
Jeudi 28 mars 2024 à 8 h 45
Intercontinental Tahiti Resort, Salle Hibiscus
Mesdames, Messieurs,
‘IA ORA NA !
Je suis ravie d’être parmi et devant vous en ce jour, au côté des représentants de l’expédition « Plastic Odyssey ».
Comme vous le savez, notre Gouvernement a fait du FA’ATURA, un principe essentiel de nos politiques publiques.
FA’ATURA, c’est le respect que nous devons à tout ce qui nous entoure, les êtres vivants comme inertes, les montagnes et les océans aussi bien que les cieux.
Nos ancêtres, étaient certainement plus sages et plus observateurs que nous le sommes. Car chez les Polynésiens, l’environnement qui les entoure ne constitue qu’un seul et même continuum, qu’une seule et même réalité avec laquelle ils ne font qu’un. Il n’y avait pas chez nos ancêtres de séparation entre l’Homme et la Nature.
D’ailleurs en tahitien, le mot qui désigne aujourd’hui la nature et l’environnement est te ARUTAIMAREVA :
– TE ARU, désigne la terre nourricière et les êtres vivants qui en font partie, les fruits, les fleurs, les arbres, les cocotiers, les animaux et même les pierres qui chez nous sont vivantes ;
– TE TAI, désigne les océans et les êtres qui peuplent nos fonds marins, les baleines, les coraux, les oursins et tant d’autres ;
– TE REVA, désigne enfin les cieux, les oiseaux, les arcs-en-ciel, les vents, le tonnerre, la foudre et la pluie.
Déchiffrer la nature, pour les polynésiens, c’est se comprendre soi-même.
Mais comme tous les autres peuples de ce monde, nous faisons faces aux défis modernes de la surproduction, de la surconsommation et du traitement ainsi que de la gestion de plus en plus difficile de nos déchets.
Le plastique, largement utilisé dans des objets à usage unique, est malheureusement devenu un important problème dans nos îles.
C’est pour cela que nous avons décidé de nous attaquer à cette problématique par l’interdiction progressive de la vaisselle à usage unique en plastique, dans le cadre d’une loi du pays qui sera prochainement examinée à l’Assemblée de la Polynésie française. Tout ceci n’est qu’une étape intermédiaire et nous poursuivrons nos efforts pour diminuer cette pollution.
Si cette pollution peut être qualifiée « d’interne », nous subissons aussi fortement les pollutions transfrontalières dérivantes qui sont largement visibles sur les plages de nos atolls, même les plus éloignés. De nombreux déchets plastiques dérivants venus de l’étranger viennent ainsi s’échouer sur nos îles.
La mission de trois ans du navire « Plastic Odyssey » s’inscrit dans cette lutte, que ce soit dans le cadre de leurs projets de dépollution dont ils nous parleront certainement, mais aussi pour les réflexions menées pour trouver des solutions locales au service d’une meilleure valorisation du plastique, ou encore d’une plus grande prise de conscience de notre jeunesse.
Le Peuple du fenua Mā’ohi doit prendre exemple sur nos ancêtres et participer à cette lutte contre les déchets plastiques, lutte dans laquelle est pleinement engagée la mission du navire « Plastic Odyssey ».
Et ne l’oubliez pas :
- Nous ne sommes qu’un seul et même Peuple, le Peuple du fenua Mā’ohi ;
- Nous n’avons qu’une seule et même terre, la terre du Peuple Mā’ohi ;
- Nous sommes les serviteurs du Peuple Mā’ohi.
Māuruuru maita’i.
Éliane TEVAHITUA