Mme la représentante du Haut-commissaire de la République en Polynésie française,

Mme la Présidente du Conseil Économique, Social, Environnemental et Culturel,

Mmes et MM. les Représentants à l’Assemblée de Polynésie française,

  1. le Président de l’Université de Polynésie française,
  2. Jean Marc BERTHON, Ambassadeur de France pour les droits des personnes LGBT, Cher Jean-Marc,

Mme la Consule générale d’Australie, chère Alison,

Mme la Secrétaire générale de ILGA World,

  1. le Président de l’Association Cousins Cousines,
  2. le Président de l’association des étudiants de l’Université,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Māeva !

Māeva iā ‘outou, e teie mau ti’a mana !

 

Nous clôturons aujourd’hui la toute première table ronde jamais organisée dans notre Pays sur les questions LGBTQ+.

Cette table ronde intitulée : « Our Voices, Our Rights and our Pacific Way » nous a permis de dresser un état des lieux sur les problématiques LGBTQ+.

Dans cette entreprise, je souhaite remercier nos partenaires locaux : le Conseil Économique, Social, Environnemental et Culturel (CESEC), l’Université de la Polynésie française (UPF) et l’Association Cousins Cousines.

Je n’oublie pas nos autres partenaires, notamment la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LBBTQ+ (la DILCRAH) et la plateforme internationale ILGA World (International Lesbian and Gay Association). 

Cette réunion internationale s’est tenue en présence de S. E. Mme Stéphanie COPUS-CAMPBELL, Ambassadrice pour l’égalité des genres de l’Australie, de S. E. M. Jean-Marc BERTHON, Ambassadeur pour les droits des personnes LGBT+ de France, de      S. E. Mme Louisa Hareruia WALL, Ambassadrice pour l’égalité des genres de Nouvelle-Zélande et de nombreux représentants d’ONG, d’associations et d’activistes en provenance de toute la région Pacifique.

Cette table ronde nous a permis d’aborder des sujets de société à travers des panels variés :

  • Les droits de l’homme dans les sociétés océaniennes et la dépénalisation de l’homosexualité ;
  • Notre système éducatif inclusif laissant toute sa place au respect de diversité de genre ;
  • La place des religions et de la laïcité dans nos sociétés ;
  • Notre système de santé protecteur des minorités et des plus fragiles ;
  • L’image de notre société à l’extérieur et sa reconnaissance comme destination touristique « gay friendly ».

 

Nous avons ainsi reconnu la richesse et la diversité culturelle et linguistique des États de la région Pacifique à l’égard des personnes ayant des orientations sexuelles, des identités, des expressions de genre et des caractéristiques sexuelles différentes, que ce soit à Hawai’i, Ma’ohi Nui, Îles Cook, Fidji, Niue, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa ou Tonga.

Le panel intitulé « Se réapproprier notre passé et définir notre avenir » a précisé les contours de la vision du mouvement LGBTQ+ en matière d’amélioration de l’inclusion, de l’équité et de l’égalité des peuples du Pacifique.

Les débats sur les droits humains et la dépénalisation de l’homosexualité ont permis de dresser un inventaire sur la pénalisation des relations entre personnes de même sexe dans les pays du Pacifique.

Au cours d’un débat sur la société, les religions et la laïcité, la table ronde a discuté de la manière dont la religion affecte les modes de vie des communautés LGBTQ+.

Lors de discussions sur la santé et le bien-être des personnes LGBTQ+, il a été dénoncé les obstacles à l’accès aux soins de santé dans le Pacifique, ainsi que de la stigmatisation et la discrimination dont sont victimes les jeunes et les adultes transgenres dans leur lutte pour leurs droits. Ont également été abordé les problèmes de santé mentale et l’importance de la lutte contre l’auto-discrimination pour briser le silence au sein de la communauté LGBTQ+. La prise en charge de certains protocoles médicaux a également été discutée, notamment l’hormonothérapie, la PrEP (Pre Exposition Prophylaxis) et le traitement post-exposition (TPE)

En matière d’éducation, a été longuement évoqué le concept de l’école, lieu de sécurité, de bien-être et de réussite, en soulignant la nécessité de sensibiliser, de prévenir et de lutter contre la LGBTQ+ phobie dans les écoles, en accordant une importance particulière aux actions visant à prévenir les atteintes à l’intégrité physique et à la dignité de la personne, et en notant que l’apprentissage du respect d’autrui doit être abordé tout au long du système éducatif.

En termes de développement économique et de développement humain, la table ronde a discuté de la relation entre l’inclusion des personnes LGBTQ+ et le développement économique, ainsi que les avantages pouvant être tirés d’une labélisation « destination gay friendly ».

Enfin, le dernier panel, dédié à l’influence des médias, a mis en avant le rôle majeur des réseaux sociaux dans nos sociétés hyper connectées et leurs influences dans la construction des représentations sociales, dans la médiatisation des mouvements sociaux et dans l’expression des revendications politiques, sociétales, linguistiques et identitaires.

Les participants à la table ronde ont unanimement souligné la valeur intrinsèque de chaque être humain et l’importance fondamentale du respect de ses droits et libertés, conformément aux engagements collectifs pris dans le cadre de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.

Ils ont souligné l’importance de veiller à ce que chaque individu, y compris ceux qui ont des orientations sexuelles, des identités et des expressions de genre et des caractéristiques sexuelles différentes, puisse mener une vie exempte de discrimination et de violence.

Ils ont exprimé le souhait d’un dialogue apaisé sur la place des personnes et des identités LGBTQ+ soutenu par une collaboration aux niveaux national, régional et international.

Tous ont réitéré l’importance de la dépénalisation de l’homosexualité et de la mise en place d’une protection juridique contre la violence et la discrimination dans tous les domaines, en particulier l’emploi, l’éducation, les soins de santé et le logement.

Ils ont souligné l’interaction entre la liberté de religion et de croyances et les droits de l’homme des personnes LGBTQ+, en insistant sur notre responsabilité commune de veiller à ce que la religion et la tradition ne soient jamais utilisées pour justifier la discrimination ou la violence à l’encontre des personnes LGBTQ+.

Le rôle essentiel de l’éducation a été souligné avec la mise en place de programmes de sensibilisation du public pour favoriser la compréhension, l’acceptation et l’empathie à l’égard des personnes LGBTQ+. Le système éducatif doit être en mesure de remettre en cause les stéréotypes et les préjugés, en s’appuyant sur la société civile, les entreprises, les organisations publiques et les leaders religieux, culturels et sociétaux.

Enfin, les participants à la table ronde se sont félicités de la poursuite du dialogue et des discussions lors de la 3ème Conférence sur les Droits Humains dans le Pacifique qui sera organisée par le « Pacific Sexual and Gender Diversity Network » (PSGDN) à Fidji, en avril 2024.

Cette conférence abordera la problématique des orientation sexuelles, les identités de genre et des caractéristiques sexuelles dans la région Pacifique.

Nous disposons donc d’une clause de rendez-vous pour poursuivre nos échanges.

Je vous félicite pour cette encourageante mise en perspective.

Par ailleurs, je peux d’ores et déjà annoncé que la Polynésie française présentera sa candidature pour être le pays hôte de la 4ème Conférence sur les droits humains dans le Pacifique.

Nous nous quittons donc avec l’espoir de construire ensemble un monde meilleur où les communautés LGBTQ+ pourront bénéficier, non seulement, d’un droit à la différence, mais encore, d’un droit à l’indifférence.

Je conclurai mon propos en vous confirmant qu’un communiqué de presse final sera très prochainement diffusé sous le timbre de la Vice-Présidence de la Polynésie française en mentionnant la participation à cette table ronde de l’Australie, de la France et de la Nouvelle-Zélande et des autres partenaires de la région Pacifique présents.

Sachez aussi que les conclusions de cette réunion serviront de base à l’élaboration d’une politique sectorielle sur l’égalité des genres que je proposerai au gouvernement de la Polynésie française.

Cette politique sectorielle interministérielle comprendra un ensemble de mesures concrètes destinées à la communauté LGBTQ+, dont certaines découleront directement des conclusions des panels sur la santé et l’éducation et qui seront discutées avec les deux ministères de tutelles concernés.

Je vous remercie de votre attention et vous souhaite un bon retour dans vos pays respectifs.