Honorables Ministres en charge de la condition féminine,
Monsieur le Directeur général de la Communauté du Pacifique Sud,
Monsieur le Représentant du Haut-commissaire de la République en Polynésie française,
Chers partenaires au développement et organisations de la société civile,
Mesdames et messieurs,
Mes chers amis du Pacifique,
C’est pour la polynesie francaise et son gouvernement un honneur d’être à vos côtés aujourd’hui, pour célébrer l’ouverture de la 14e Conférence triennale des femmes du Pacifique, dont la tenue illustre la volonté partagée de contribuer au développement des Etats membres et des territoires océaniens.
40 ans après avoir accueilli la toute première édition, en 1981, la Polynésie française a de nouveau le privilège d’etre le pays organisateur.
Aussi, merci à tous de nous avoir accordé votre confiance.
Se tourner vers l’avenir pour faire progresser la situation des femmes océaniennes, est essentiel.
C’est pour cela que je me réjouis de trouver aujourd’hui, en cette prestigieuse enceinte, autant de femmes et d’hommes de bonne volonté venus discuter, débattre et de partager ensemble, afin de bâtir des partenariats innovants pour améliorer la situation des femmes dans le bassin Pacifique.
En effet, dans un contexte mondial fragilisé, la discussion et la coopération régionale se révèlent être plus que jamais une nécessité.
A nos portes, la pandémie de la Covid-19 a imposé le format virtuel de cette conférence, qui regroupera un peu plus de 1 000 inscrits.
Alors, je le redis, c’est une grande satisfaction de nous voir réunis aussi nombreux, pour défendre la cause des femmes. Et elles le méritent grandement.
Je profite ainsi de cette occasion pour remercier l’ensemble des forces vives qui oeuvrent ensemble, avec rigueur et professionnalisme, depuis plusieurs mois, pour faire de cet évènement tant attendu, une réussite.
Cette année, la Conférence triennale sera placée sous le titre général : « Notre océan, notre héritage, notre futur – Autonomisons toutes les femmes du continent océanien bleu ».
Tous les peuples et civilisations du Pacifique entretiennent une relation étroite et ancienne avec la mer, sur le plan économique, sur le plan culturel, et également spirituel, comme en témoignent les belles cérémonies qui nous ont précédés.
Les peuples du Pacifique sont des peuples de l’océan, et leur existence est intimement liée à celle des milieux marins, près des côtes ou en haute mer.
Cet ocean, d’une grande richesse est devenue aussi sa terre de prédilection. Cet océan est devenu le continent bleu des peuples du Pacifique. Il est immense, bien plus grand que les continents terre qui l’entourrent.
Ces relations et ces liens avec la mer, enrichis au fil du temps, ont créé un mode de vie, des connaissances et des savoir-faire propres à nos peuples. Nous connaissons les périodes de fraie, les périodes où le poisson est gras. Le même poisson porte un nom différent selon sa croissance. Nous faisons le lien entre le type de poisson à pêcher et la lunaison ou la floraison de tel ou tel arbre. Nous avons nos rahui, c’est-à-dire nos gestion raisonnée et durable de la ressource marine.
Ces savoir-faire et ces connaissance sont riches. Mais, nous n’en sommes pas toujours conscients, parce que c’est notre quotidien et comme tout quotidien, dans notre esprit, c’est banal.
Aujourd’hui, nous devons être conscients que ces connaissances héritées de nos anciens sont un trésor.
Le monde va mal parce que nous avons fait du mal à notre nature. Nous avons eu tendance à oublier ou à ignorer la sagesse de nos anciens.
Mais heureusement, dans nos Pays insulaires du Pacifique, rien n’est perdu. Nous avons encore gardé quelques unes de ces connaissances et de ces pratiques.
C’est pourquoi, le thème de cette conférence triennale est tout à fait pertinent.
Il est également pertinent de se dire comment les femmes océaniennes peuvent participer à sauvegarder et à enrichir cet héritage.
Nous cherchons tous l’épanouissement de tous les êtres humains et parmi eux, les femmes représentent la moitié de notre humanité.
Dans le thème proposé, je perçois deux volets qui sont en interaction.
D’abord, le thème nous incite à réfléchir et à dire comment l’autonomisation, c’est a dire donner plus d’autonomie aux femmes, peut mener à l’épanouissement ?
Ensuite, le thème nous invite également à réfléchir et à dire comment l’océan, cet environnement quotidien qui a façonné et façonne notre culture, peut devenir une opportunité d’activités, d’innovation et de créativté pour les femmes océaniennes ?
Il s’agit, en quelque sorte, de savoir comment valoriser la femme océanienne dans son milieu et dans sa culture.
Il permettrait à la femme océanienne de contribuer par ses gestes quotidiens à la vie économique, plus sociale, plus fraternelle et créatrice de valeur ajoutée.
Autonomiser c’est savoir créer, c’est savoir conduire un projet, c’est assurer et prendre une place dans les échanges intellectuels ou économiques dans le milieu de vie.
Pour y arriver, il faudrait deux conditions : la reconnaissance de leurs besoins et droits fondamentaux et l’accès à la formation.
L’autonomisation des femmes et des filles commence par la reconnaissance et l’ exercice de leurs droits et besoins fondamentaux.
En effet, et nous le savons toutes et tous, malgré les progrès accomplis, les femmes et les filles continuent de rencontrer des difficultés d’intégration : leurs droits ne sont pas entièrement respectés, leur autonomie est souvent restreinte, leur développement personnel n’est pas pleinement assuré.
Mes chers amis, pour que toutes les personnes vivant dans les pays insulaires du Pacifique puissent exercer pleinement leurs droits et libertés, il est important et utile de ratifier les lois internationales sur les Droits de l’Homme et d’entreprendre des réformes législatives et politiques pour s’y conformer. Il s’agit là de premières étapes très importantes.
Mais au-delà de celles-ci, se trouvent les défis majeurs au niveau national, à savoir leur application réelle et la promotion concrète d’une culture des Droits de l’Homme adoptée par tous.
Il nous faut donc avant tout faire en sorte que les femmes et leurs droits soient respectés. C’est là l’un des principaux défis qu’il nous faut relever et le fil conducteur des débats que nous mènerons durant ces trois jours.
Chers amis, le processus de suivi et d’examen de Beijing sur lequel nous nous appuyons, offre l’occasion unique d’apprécier les progrès, d’apprendre des pays pairs et d’évaluer nos contributions respectives à notre progression.
Parlons, échangeons, partageons, pour ne pas oublier d’où nous venons, et ce que nous voulons laisser à nos enfants.
Pendant les jours qui viennent, nous parlerons notamment de la résilience des femmes au sein de l’océan Pacifique.
Pour ma part, la résilience est un acte de foi. Elle combat la fatalité. Elle soulève nos intelligences individuelles et collectives pour la construction d’une société meilleure, proche de la personne humaine, et proche de l’écologie donc de la nature.
Et toute construction, toute innovation, toute créativité nécessitent également des compétences. C’est pour cela que nous devons favoriser l’accès le plus large des femmes à la formation. Nos sociétés interdépendantes et ouvertes sur l’extérieur, nous obligent à améliorer nos connaissances et nos technicités utiles aux échanges avec le monde qui nous entoure.
Alors oui, Nous avons beaucoup à faire. Cela ne doit pas nous décourager, au contraire, cela nous oblige à avancer avec conviction et détermination.
Nous avons des combats à mener et nous avons surtout un devoir de continuer à agir et à aider toutes celles et ceux qui dénoncent des injustices et se battent pour la cause des femmes dans leur pays sans relâche.
Tous ensemble, par les liens qui nous unissent dans ces travaux et par cette forte volonté à œuvrer d’une voix commune, nous démontrerons une vraie cohésion des peuples du Pacifique pour le bonheur de nos femmes, de nos filles et de nos familles.
Vous pouvez compter et vous pourrez compter sur notre engagement indéfectible.
Mesdames et messieurs, je vous souhaite à tous une excellente 14e Conférence des femmes du Pacifique, avec des échanges qui seront j’en suis convaincu, utiles et productifs. Je sais déjà que nos délibérations seront riches et constructives.
Que vive la coopération des peuples du Pacifique !
Je vous remercie.