Discours du Président de la Polynésie française
Réunion plénière du Conseil de prévention de la délinquance
Mardi 13 novembre 2018 à 10h
Monsieur le Haut-commissaire,
Monsieur le Procureur Général,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil de prévention de la délinquance,
Chers amis,
Je suis ravi de vous retrouver.
Cela fait maintenant près de deux ans que nous avons adopté le premier plan de prévention de la délinquance. Que de chemin parcouru depuis.
Je constate avec énormément de satisfaction que près de 80% des actions validées il ya deux ans ont pu voir le jour. Les mesures mises en place peuvent être regroupées en 4 types:
- Règlementaire : avec notamment un renforcement de la répression autour du Komo et des nuisances sonores, mais aussi pour lutter contre les runs ;
- Préventif : avec notamment la création de groupes de parole pour les violences conjugales ;
- D’intervention et de contrôle sur le terrain : avec notamment le contrôle de mineurs sur la voie publique et à la sortie des écoles sur la détention de produits stupéfiants ;
- Psycho-social : avec notamment la création du Conseil des Jeunes, instance de concertation et de dialogue avec les jeunes.
Aussi, permettez-moi de saluer le travail réalisé pendant ce temps par l’ensemble des membres des groupes de travail.
A cet égard, je voudrais adresser un vif remerciement à nos indispensables partenaires que sont nos communes. Je connais leur implication quotidienne et forte en faveur de la paix sociale et du bien vivre au sein de nos quartiers.
Mes chers collègues maires, votre bonne connaissance du terrain va contribuer à une meilleure efficacité des actions entreprises par le Conseil de prévention de la délinquance.
A tous, merci pour votre implication sans faille pour permettre aux Polynésiens de se construire un avenir plus sécuritaire.
Je vous remercie également pour votre ténacité malgré les chiffres ou les actualités dramatiques qui peuvent faire peur, voire nous décourager. En effet, nous constatons encore :
- une augmentation du nombre de faits de violences, de violences intrafamiliales dont les taux sont supérieurs aux moyennes nationales ;
- une augmentation du nombre de morts et de blessés sur nos routes ;
- une large banalisation de la consommation de cannabis, d’ice, d’alcool et de komo ;
- une augmentation des incidents dans certains établissements secondaires laissant à penser que le climat scolaire se dégrade ;
- une augmentation du nombre de conseils de discipline, de signalements de jeunes en situation préoccupante voire en danger sérieux ;
- une multiplication des actes d’incivilité.
Nous savons cependant que la prévention est un investissement sur le long terme, dont les effets ne sont mesurables que sur une, voire deux générations.
A cet égard, j’ai l’honneur de vous annoncer que je renforcerai les moyens financiers du pays en 2019. Ils permettront à la puissance publique ou aux associations d’agir et de communiquer encore plus fortement contre toutes les déviances ou les excès conduisant à des effets néfastes pour la santé ou la sécurité des Polynésiens.
En outre, le pays recherche activement une parcelle destinée à accueillir la fourrière de véhicules, en particulier des deux roues saisies lors des runs.
Enfin, compte tenu des fortes préoccupations engendrées par les phénomènes de délinquance, je mûris l’idée de la création, en 2019, d’une Délégation interministérielle dédiée à la lutte contre la délinquance.
C’est un sujet transversal qui nécessitera, en concertation avec les services de l’Etat et des communes, la nécessaire mobilisation des différents départements ministériels du Pays.
Vous serez donc d’accord avec moi si je vous dis que nous ne devons pas relâcher nos efforts car en misant sur la prévention, nous assurons notre avenir commun. Nous posons les fondations d’une société plus sereine, nous assurons l’ancrage d’une population plus engagée, plus heureuse et alors plus à même de participer à l’essor de notre Pays, notre chère Polynésie française.
Aussi, cet enjeu, pour tous ici présents, n’est pas négligeable. Il est même incontournable et prioritaire
Comme je le disais, il y a quelques instants, la question de la prévention de la délinquance est hautement transversale. Elle doit être envisagée à plusieurs niveaux. Je veux parler :
- tout d’abord de la prévention primaire, qui consiste à faire en sorte que les faits délinquants ne se produisent jamais ;
- puis de la prévention secondaire, qui consiste à faire en sorte que des actes délinquants qui ont déjà été commis, ne se reproduisent plus jamais.
Multiples sont les actions qui y contribuent déjà.
Je pense notamment :
- aux Comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté, présents dans les établissements scolaires ;
- à la panoplie de moyens déployés, tant par les services de la santé que par le secteur associatif pour la lutte contre les addictions aux produits toxiques, qui mènent aux troubles psychiatriques ;
- aux actions menées par l’APAJ, le CIDFF et d’autres associations en matière de violences intrafamiliales ;
- aux espaces d’échange en place dans les 6 maisons de l’enfance de Polynésie française, au sein desquels les parents peuvent trouver soutien et conseils quant à la manière d’instaurer le lien parent-enfant, ce lien humain tellement nécessaire à la construction de tout être dès sa naissance.
Mais je pense aussi aux associations sportives, aux associations de jeunesse, aux associations religieuses qui apportent leur pierre à l’édifice en canalisant nos jeunes et en leur apprenant le sens des valeurs de la communauté.
Aussi, au nom du Gouvernement, je vous appelle :
- à développer, à nos côtés, ce type d’initiatives sur l’ensemble du territoire ;
- à garder foi en notre peuple connu pour sa joie de vivre et sur ses valeurs chrétiennes ;
- à miser ensemble sur les prochaines générations.
Notre implication commune d’aujourd’hui, sera la graine de la paix et la cohésion de demain.
Pour les futurs chefs de famille, en tant que porteurs de valeurs, en tant qu’actifs, donnons-leur des repères, accompagnons les vers leur plein épanouissement. Donnons-leur la possibilité de choisir la voie qui les aura séduits et ne les laissons pas faire des choix par défaut.
Rassemblons-nous autour d’un même objectif : celui de garantir aux Polynésiens un brillant avenir dans un pays prospère et en paix.
Je vous remercie de votre attention.