Monsieur le Haut-commissaire de la République française en Polynésie française,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les représentants élus de Polynésie française,
Monsieur Lecourieux membre du gouvernement collégial de la Nouvelle Calédonie,
Monsieur le maire de Papeete,
Madame la maire de Mare,
Mesdames et messieurs les représentants de la Nouvelle Calédonie, de Wallis-et-Futuna et Futuna, de Vanuatu, de Nouvelle Zélande, de Hawaii et d’Australie,
Mesdames et messieurs les représentants de Vanuatu,
Madame la Présidente de l’association du FIFO,
Mesdames et Messieurs les membres du jury du FIFO 2023,
Mesdames et Messieurs les professionnels de l’audiovisuel,
Mesdames et Messieurs les festivaliers,
Chers tous, « fifoteurs » et passionnés de notre région,
‘Ia ora na ‘e maeva i tō tātou nei fārereira’a !
La première édition du FIFO s’est tenue ici même, à Te Fare Tauhiti Nui à la fin du mois de janvier 2004. Cette année-là, sur le paepae, Wallès Kotra déclarait « Le FIFO, c’est ce faisceau de lumière qui essaye d’éclairer notre région. Et notre ambition c’est de faire en sorte que cette lumière qui, au départ était faible, éclaire de plus en plus nos villes, nos îles et surtout le destin des femmes et des hommes du Pacifique afin que notre parole, elle, aille au-delà de notre région ». A ses côtés, son frère océanien Heremoana disait : « Notre volonté est de reconnecter les océaniens entre eux ».
Aujourd’hui, nous voici : nous ouvrons la vingtième édition.
Mon cher Wallès, mon cher Heremoana, vos paroles sonnent encore justes et vraies. Il y a 20 ans, vous aviez capté une conviction, comme une sorte d’évidence, qui explique sans doute la réussite et la longévité du FIFO. Bravo à vous deux. Votre projet visionnaire et votre ténacité rassemblent encore le Pacifique et désormais, au-delà du Pacifique.
Je voudrai adresser mes salutations à monsieur le Ministre Yoann Lecourieux et la maire de Mare qui nous font l’honneur d’être parmi nous.
Je salue chaleureusement nos amis du Vanuatu, de Wallis et Futuna, d’Australie, de Aotearoa et de Hawaii.
Merci à tous nos amis du Pacifique de nous honorer de leur présence et de leur fidélité à ce festival.
Le FIFO a 20 ans… 20 ans de passion et de partages, 20 ans de découvertes et de rencontres, 20 ans de regards sur notre monde océanien. C’est un âge mythique, un temps de réflexion et de projection : il faut faire le nécessaire bilan, il faut également se projeter dans le temps, et appeler de tous nos vœux 20 nouvelles années !
En attendant, c’est avec un plaisir immense et plein de fierté, mais aussi avec une pointe de nostalgie, que j’ouvre avec vous ce festival.
Je saisis cette occasion pour remercier tous nos fidèles partenaires qui portent cet évènement depuis sa naissance. Je pense à l’Etat, à la commune de Papeete, au ministère de la culture de Polynésie française, mais aussi aux établissements publics tels que France Télévision, Fare Rata, sans publier bien sûr Te Fare Tauhiti Nui.
Le FIFO, c’est avant tout un plaisir, parce que le FIFO est un moment de convivialité particulier qui prend de multiples formes allant de l’expérience artistique en découvrant la qualité des œuvres, à l’expérience sociale en se confrontant à nos réalités et nos vérités, en passant par l’expérience humaine tirée du partage et de la rencontre avec l’Autre qu’il soit notre invité ou notre cousin du Pacifique.
Le FIFO est le reflet de l’Océanie dans toute sa diversité et son unité. Il nous apprend à retrouver les noms oubliés, à soulager les humiliations enfouies, à rassembler les pages déchirées de notre Histoire… Il nous invite aussi à délier les nœuds du passé, à renforcer nos valeurs communes, à tisser et hisser la voile de notre identité.
Dans son dernier ouvrage des conversations calédoniennes avec Louis-José Barbançon, Wallès Kotra – l’un des deux pères fondateurs du FIFO, qui est ici présent – écrit d’ailleurs : « l’identité est d’abord la relation […] Les racines sont importantes mais l’identité ne se confond pas avec les racines. Elle germe de la racine pour se réaliser dans la relation […] Les racines sont toujours là, plus profondes et solides que jamais mais l’identité […] ne peut difficilement faire l’impasse sur la relation à l’autre. Le reconnaître n’est pas renier ce que l’on est au plus profond de soi […] C’est retrouver les ressorts profonds de [notre] culture qui a toujours su conjuguer la racine et l’horizon. » En nous invitant à tisser et hisser la voile de notre identité, le FIFO permet d’ouvrir les chemins du « nous » et de « l’ensemble ».
C’est également une fierté parce que le FIFO a su fédérer un réseau de partenaires, de professionnels, et d’acteurs culturels qui avaient tout à construire.
Au début de l’année 2004, la filière de l’audiovisuel était peu développée en Polynésie française. Après le 1er FIFO, l’ATPA (association tahitienne des professionnels de l’audiovisuel) est née, puis la filière s’est structurée progressivement au cours des 20 dernières années et compte aujourd’hui environ 200 professionnels intervenant sur plusieurs domaines (écriture, tournage et/ou distribution de contenu audiovisuel), générant un chiffre d’affaires annuel estimé en 2021 à plus d’1,190 milliard de F CFP de retombées directes. En parallèle, pour accompagner cet essor, le Pays a mis en place un instrument financier de soutien à la filière qui s’évalue aujourd’hui à 130 millions de Fcfp. Il s’agit du SCCA.
De fait, nous pouvons constater que le FIFO a été à l’origine d’une véritable dynamique économique. Et plus qu’un simple lieu de passage, il constitue aujourd’hui un segment à part entière de la chaîne de valorisation des films de, et dans, notre région.
C’est encore un moment de nostalgie car de nombreuses personnes et « fifoteurs » de la première heure manquent à l’appel aujourd’hui, soit parce qu’ils sont retenus ailleurs, soit parce qu’ils ne sont plus. J’ai une pensée pour nos amis :
─ Hervé Bourges, ancien président de TF1 et du CSA qui, le premier, a cru en ce projet improbable et a accepté de présider le jury du FIFO pendant les 3 premières éditions ;
─ Stéphane Martin qui a accompagné la création du musée du Quai Branly avant d’en devenir le président pendant 20 ans. Durant ces années il est aussi devenu un soutien inconditionnel du FIFO dont il a présidé le jury à plusieurs reprises ;
─ Joseph Caihe, figure du journalisme calédonien, il fut l’animateur jovial et emblématique du colloque des télévisions océaniennes.
Je pense aussi aux ‘anciens’ agents de Te Fare Tauhiti Nui qui ont été les véritables chevilles ouvrières de la naissance de ce festival : Richard (paix à son âme !), Mylène, Vaiana, Lysette, Eileen, Fanfan, Jacquot, Joseph, Ferrand, Ben, Yvonne, Christine, Jean-Pierre, Edgard, Céline et bien d’autres… Ou encore Eric et Marc, nos ‘anciens’ de l’ICA.
Pensée également à Pierre Olivier qui fût le premier délégué général du FIFO, à Manouche Lehartel qui agit dans l’ombre depuis 20 ans, ainsi qu’à celle pour qui le FIFO est « une manière de voyager au cœur du Pacifique non pas seulement en touriste, mais comme un invité discret à qui on révèle son âme. » Je veux parler de Michèle De Chazeaux qui, fidèlement et passionnément, accompagne le FIFO depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui encore.
Et en évoquant la famille des premiers « fifoteurs », j’ai bien sûr une pensée toute particulière pour notre Ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu – le deuxième père fondateur du FIFO – qui malheureusement n’est pas parmi nous ce matin. Il est en mission au Canada, parti défendre notre Grand Océan Pacifique qui nous relie tous, mais soyons certains qu’il a laissé son cœur ici, à l’ombre du Tumu Ora de Te Fare Tauhiti Nui, pour ce vingtième anniversaire.
Enfin, je voudrais que l’on prenne un moment pour applaudir LE PLUS GRAND des « fifoteurs » : vous, cher public.
Oui ! Je tiens à saluer le public qui depuis toujours soutient le festival. Sans oublier les professeurs de l’éducation nationale qui, chaque année, n’hésitent pas à déplacer des classes entières de jeunes par centaines tellement le FIFO est un puissant outil de transmission et d’ouverture. Cette année, vous pourrez vibrer au rythme de l’Océanie depuis les espaces de Te Fare Tauhiti Nui, mais aussi partout dans nos îles, dans la région et en Métropole via internet.
J’espère que les valeurs de partage et de courage portées par le FIFO nous permettront à tous de surmonter les défis à venir.
Plus que jamais, les paroles de sagesse et de respect deviennent essentielles au vivre ensemble. Ne les oublions pas. N’oublions pas notre « PACIFIC WAY », aujourd’hui plus qu’hier.
Je souhaite longue vie au FIFO et, à tous, un très bon festival !
Māuruuru