Monsieur le vice-président de l’Université de Polynésie française,
Chers invités,
Mesdames et Messieurs,
Ia ora na,
Je suis heureux de vous saluer au nom du Gouvernement de la Polynésie française à l’occasion de ce colloque international dédié à « Henry Adams et les Mémoires de Ariitaimai ».
Je tiens d’ailleurs à remercier les organisateurs pour cette initiative : Carole et Florent ATEM.
Permettez-moi de dire quelques mots sur mes deux citoyens engagés de Pirae, Carole et Florent.
Florent est membre du conseil municipal de Pirae, en prenant la succession de son père Félix qui fut adjoint au maire de Pirae.
Je dois vous avouer que j’ai eu de l’admiration et du respect pour cette famille pleine de ressources. Un papa, maître de conférences à l’université, une maman professeure en secondaire, Carole et Florent, artistes de musique et maîtres de conférences à l’université. Et de plus, ils sont des citoyens engagés au sein de la municipalité de Pirae. Merci et bravo pour toute cette énergie au service des autres, au travers de l’enseignement, du mandat municipal et de la musique.
Ce colloque sur une personnalité importante de notre histoire, ARIITAIMAI, est un nouveau pas dans votre envie de servir votre pays, en apportant votre pierre sur un thème qui semble lier, à la fois, l’histoire, la littérature, la sociologie, la politique et l’anglais.
Aussi, l’occasion nous est enfin donnée de rendre visible les difficultés de coopération entre Marau Taaroa et l’écrivain Henry Adams, quant à l’écriture du récit d’une histoire de Tahiti, à partir du matériel historique et de la tradition orale, fournis par Marau.
Deux œuvres, en langue anglaise, écrites par Henry Adams, sortiront de cette rencontre :
- « Memoirs of Marau Taaroa Last Queen of Tahiti », parues en 1893 ;
- « Memoirs of Arii Taimai », qui est une révision substantielle de l’édition de 1893, publiées à Paris en 1901.
Elles ont marqué et façonné la mémoire des polynésiens, sans toutefois réussir à refléter la vision de Marau. Emaillant son récit des témoignages et des observations de Cook, Bligh, Ellis, Moerenhout, le dépositaire des Mémoires de Ariitaimai, Henry Adams, n’a pas pris le contenu de son récit pour de la « nourriture précieuse ».
Et malgré toutes les tentatives des Ari’i de la famille de Marau de transmettre les fondements et les grandes lignes de la tradition tahitienne, les représentations d’un Moerenhout, d’un Ellis et de bien d’autres ne parviendront jamais à capter complètement la structure profonde de la société d’alors.
Est-ce que le prisme de perception et de compréhension de Moerenhout ou de Ellis ait pu tronquer, voire altérer dans sa forme, la réalité de l’époque ?
En tout cas, la question mérite d’être posée car nous avons tous besoin de vérité.
En 1972, paraissait, dans la série des Publications de la Société des Océanistes, l’ouvrage n°27 intitulé « les Mémoires de la Reine Marau », une traduction de la Princesse Takau Pomare, à partir d’un manuscrit original rédigé en anglais par Marau elle-même.
Elle passait alors d’un rôle d’informateur à celui d’auteur, prenant soin d’écrire elle-même l’histoire de Tahiti. Car, qui mieux qu’une Ari’i vahine pouvait comprendre les mystères de l’organisation sociale ou culturelle de Tahiti ?
Les mémoires de Marau Taaroa présentent le point de vue des ari’i de Tahiti, légitimé par :
- son statut de Ari’i vahine de Tahiti, par son mariage avec Pomare V ;
- sa double appartenance aux deux dernières Maisons de Ari’i de Tahiti :
o Te pori o nuu par les Pomare, d’où son nom de Taaroa ;
o Tevaiuta de la Maison des Teva par sa mère Ariitaimai, Cheffesse de Papara.
Il faut les considérer comme une « nourriture précieuse ». Ils permettent à leurs dépositaires de devenir le porte-parole de Ari’i de cette époque.
Et je suis certain que vos études et travaux de recherches récents, vos échanges durant ces quelques jours, ainsi que vos coopérations à venir seront fructueux.
Je vous souhaite un très bon colloque.
Ia maita’i outou e ti’a ai !
Mauruuru !