Mesdames et Messieurs les ministres,

Mesdames et Messieurs les maires,

Mesdames et Messieurs les présidents et directeurs d’établissements publics,

Messieurs les dirigeants des sociétés d’économie mixte et de GIE,

Mesdames et Messieurs,

Chers tous,

C’est un réel plaisir pour moi d’ouvrir les premières Assises de la Transition énergétique. Je vous remercie pour votre présence et l’intérêt que vous portez pour le secteur de l’énergie en Polynésie française.

Les Assises de l’énergie, c’est la possibilité pour tous les acteurs présents de s’impliquer dans cette grande aventure énergétique. Toutes les composantes de la société sont représentées: citoyens, associations, communes, entreprises. Ces Assises permettent à chacun d’entre nous de se réapproprier les enjeux énergétiques.

L’énergie c’est la vie, au quotidien nous ne prêtons pas assez attention à l’eau qui arrive par le robinet ou bien à l’électricité qui éclaire nos foyers.

Pourtant l’énergie est omniprésente, elle est centrale, parfois elle est source de tension (sans jeu de mot …).

A l’aune du conflit russo-ukrainien, la volatilité des prix de l’énergie constitue un risque majeur pour le bon fonctionnement des échanges commerciaux. Ici, en Polynésie Française, nous devons aborder la question énergétique en faisant preuve de réalisme. La raréfaction des ressources énergétiques fossiles est source de tension partout sur le globe, le réchauffement climatique se fait ressentir et la montée des eaux fait peser un risque sur notre population insulaire.

Dès lors, nous devons prendre en compte ces nouveaux paramètres, définir notre mix énergétique en conséquence, et apporter notre pierre à la décarbonation de notre planète. Nous sommes à la croisée des chemins, il est temps de faire entrer notre système énergétique, au sens large du terme, dans le 3ème millénaire.

Regardons ce qui a été fait par le passé, je pense à ces hommes et femmes qui ont œuvré pour alimenter en énergie un territoire grand comme l’Europe, soit 0,8% de la surface du globe. Cette perspective est impressionnante, c’est notre réalité.

Mais demain, si nous n’arrivons pas à créer les conditions nécessaires pour faire vivre un modèle énergétique viable et solidaire, notre réalité sera tout autre…

En effet, l’heure est grave pour notre planète et le GIEC (Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) n’a de cesse, année après année, de nous alerter; nous avons aujourd’hui moins de 3 ans pour réduire significativement nos émissions si nous voulons maintenir la hausse de la température en dessous de 1.5°C.

Cet impératif sur le réchauffement climatique, c’est le message que j’ai eu l’honneur de porter au nom des Pays du Polynesian Leaders Group à Paris lors de la COP 21 en 2015.

Pour appuyer mon propos d’aujourd’hui, laissez-moi vous citer la conclusion du 6ème rapport d’évaluation du GIEC, publié le 28 février dernier:

«Les preuves scientifiques accumulées sont sans équivoque: Le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé planétaire. Tout retard supplémentaire dans l’action mondiale concertée et anticipée en matière d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique manquera une brève occasion, qui se referme rapidement, de garantir un avenir vivable et durable pour tous».

Compte tenu de ces éléments et des réalités géographiques de notre Pays, nous avons mis à jour notre réglementation en matière énergétique et proposerons bientôt un Plan Climat Energie 2022-2030.

Nous avons amorcé la refonte de notre politique publique de transition énergétique, car sans elle nous n’atteindrons pas 75% d’énergie renouvelable dans notre mix énergétique en 2030, tel est l’objectif fixé.

75 % d’énergies renouvelables dans notre mix énergétique, c’est ambitieux dans un pays comme le nôtre. Mais il nous faut bâtir ce modèle, pour notre souveraineté énergétique et pour la planète, la Polynésie Française a son mot à dire dans le concert des Nations climatiques.

En 2021, nous avons créé un dispositif de solidarité qui permet à l’ensemble des polynésiens de payer l’électricité à un prix identique sans que les communes aient à compenser le déficit.

Ensuite, en avril 2021, nous avons lancé un appel à projet de 30MWc pour des fermes solaires. Ainsi, nous augmenterons de 7% notre taux d’énergie renouvelable !

Nous observons une avancée de taille pour nos énergies renouvelables, le SWAC de l’hôpital nous permettra de réaliser des économies considérables, 10 Giga Watt heures de consommation électrique chaque année, soit 2% de la consommation électrique de la population de Tahiti, c’est l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 4000 foyers ! Ce système de réfrigération par eau froide permettra aussi d’améliorer le mix énergétique de 2%.

En janvier de cette année, nous avons adopté la toute première réglementation énergétique des bâtiments.

Et parce qu’il nous faut agir à tous les niveaux, nous avons conclu le 1er avril dernier un partenariat de long terme avec RTEi, gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France Hexagonale. Ce partenariat va renforcer notre expertise et notre capacité à mener cette transition.

Je compte sur vous pour formuler des recommandations. Ensemble nous ferons avancer la Polynésie Française vers la transition énergétique. Nous n’avons pas le monopole de la connaissance en matière énergétique, il vous appartient aussi d’apporter votre pierre à l’édifice.

Ces Assises seront organisées autour de 4 tables rondes thématiques.

  • la mobilité : en effet 2/3 de la consommation en énergie en Polynésie est due au secteur des transports.

Dès lors, comment traiter la question de la transition énergétique si nous ne traitons pas la question des transports ?

La situation est critique, à Tahiti le coma circulatoire n’est plus supportable pour les automobilistes.

Nous devons identifier des moyens alternatifs pour faciliter le quotidien de nos concitoyens, pour que les mobilités se fassent plus rapidement.

  • Les énergies renouvelables avec pour angle d’attaque le développement du photovoltaïque et plus largement, la transition d’une électricité d’origine fossile vers une électricité décarbonée.

  • Le sujet de la gouvernance doit être également traité. En ce sens, j’ai souhaité réunir les communes et les entreprises du secteur autour d’une table ronde.

  • Enfin, la 4ème table ronde portera sur l’enjeu de l’empreinte carbone, appliquée au secteur de l’aménagement, de la construction et du bâtiment.

Aujourd’hui, ces Assises ouvrent une nouvelle page pour l’énergie en Polynésie. C’est à vous toutes et à vous tous de l’écrire, pour faire de ce beau projet collectif une réalité.