VŒUX DU PRESIDENT EDOUARD FRITCH

AU CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET CULTUREL

JEUDI 17 JANVIER 2019

Monsieur le président du Conseil économique, social et culturel,

Monsieur le Vice-président,

Mesdames et messieurs les ministres,

Mesdames et messieurs les membres du Bureau du CESC,

Mesdames et messieurs les conseillers,

Madame la secrétaire générale,

Chers amis,

C’est un plaisir renouvelé pour moi d’être accueilli ici, aujourd’hui, pour cette traditionnelle mais néanmoins importante cérémonie des vœux.

Cette semaine, j’ai tenu à rencontrer les institutions et les organisations socio-économiques de notre Pays afin de partager avec elles, avec vous, nos défis et nos espoirs.

Permettez-moi au nom du Vice-président, des ministres et en mon nom personnel, d’adresser à chacune et à chacun d’entre vous nos vœux les plus sincères de santé, de paix et de prospérité Ces vœux s’adressent également à notre secrétaire générale et à ses équipes avec lesquelles nous avons également plaisir à travailler.

Nos meilleurs vœux aux organisations et entités que vous représentez mais aussi à vos familles.

Merci Monsieur le Président, au bureau et aux membres du CESC pour votre accueil chaleureux. Mauruuru, Kelly.

Un changement d’année est toujours un moment particulier pour prendre du recul, dresser un bilan de l’année écoulée, faire le point sur les difficultés rencontrées, sur les leçons apprises et les nouveaux objectifs que nous nous fixons pour l’avenir de notre Pays.

Pour l’Assemblée de la Polynésie française et le gouvernement, l’année 2018 a été une année riche et bien remplie. Elle représente le démarrage d’une nouvelle mandature. En nous accordant sa confiance, la population nous a confié la mission de poursuivre l’œuvre de redressement  déjà engagée.

Pour votre institution, l’année 2018 aura également été marquée par l’ouverture d’une nouvelle mandature qui a démarré le 18 septembre 2018. Elle a vu la création d’un quatrième collège, celui du « Développement » qui s’inscrit dans la volonté de mon Gouvernement de renforcer la représentation des secteurs liés au développement tel que le tourisme et de s’ouvrir davantage aux secteurs de l’économie bleue et verte, ainsi qu’à celui du numérique, sans négliger une place importante accordée à la culture et à l’environnement.

Vous rassemblez dans cette enceinte les organisations les plus représentatives qui concourent à la vie économique, sociale, culturelle et environnementale de notre Pays.

Au cours de ces deux dernières années (2017-2018), le CESC a rendu pas moins de 44 avis et 2 vœux.

Sur les 30 avis rendus en 2017, 27 projets de textes ont été adoptés à l’Assemblée de Polynésie française. Sur les 14 avis rendus en 2018, 4 n’ont pas encore été adoptés par l’Assemblée, sachant qu’ils ont été examinés par le CESC seulement en fin d’année 2018.

A ce stade, il est donc encore un peu tôt pour en apprécier la portée. Mais c’est vous dire que les projets de lois du pays qui sont soumis à votre consultation ne restent pas lettres mortes dans des tiroirs.

Chères conseillères et chers conseillers, vous connaissez mon attachement à la concertation, au dialogue et au partenariat entre les pouvoirs publics et les acteurs de la société civile organisée.

A ce titre, j’ai la conviction que la complémentarité du travail réalisé par nos institutions contribue à conforter la confiance retrouvée dans notre Pays, à tracer les voies d’un développement durable et harmonieux, au bénéfice premier de nos concitoyens.

Je tiens donc par la présente à vous remercier chaleureusement pour votre attitude positive et responsable, pour la qualité de votre travail dans le processus d’adoption de nos lois du pays. Je laisse le soin à la ministre en charge des institutions de vous dresser un bilan de ces avis dans les semaines à venir. J’ai moi-même été surpris par le nombre de recommandations du CESC qui sont suivies par le Pays. 56 % d’après la Chambre Territoriale des Comptes. Madame Nicole BOUTEAU vous détaillera tout cela bientôt mais ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui.

La période des vœux, c’est l’occasion de regarder avant tout l’avenir, un avenir que l’on espère meilleur, un avenir qui donnera le sentiment à tous que le pays aura progressé, un avenir qui capitalisera et bonifiera tous les bienfaits du passé.

Il est de mon devoir et de celui du gouvernement d’honorer la confiance des électeurs en achevant le travail initié lors de la précédente mandature et en assurant la mise en œuvre des grandes orientations pour lesquelles nous avons été élus et auxquelles je demeure fidèle.

Je le disais avant-hier à l’occasion de la cérémonie des vœux aux partenaires sociaux à laquelle certains d’entre vous ont participé, 2018, est tout d’abord une année qui vient confirmer l’amélioration de notre situation économique.

L’indicateur du climat des affaires a encore gagné 2,9 points au deuxième trimestre, pour se situer à 111,1 points, soit toujours au-dessus de sa moyenne de longue période.

La progression de l’emploi salarié, tout comme de l’emploi non salarié, s’est intensifiée. D’après les statistiques établies par le SEFI, les offres d’emploi ont augmenté de +32,1% en 2018 tandis que le nombre de demandeurs d’emploi a reculé de plus de 7%.

L’activité économique dynamique qui affiche, en 2018, une croissance de +2,3%, permettra l’ouverture d’une discussion sur la revalorisation du SMIG et du point de l’indice de la fonction publique.

Les ménages ont continué de soutenir l’investissement et les prêts à l’immobilier ont progressé de 17,2%.

Globalement, l’amélioration continue des chiffres d’affaires, tous secteurs confondus, a profité à l’emploi et, surtout, aux ménages dont le pouvoir d’achat a bien évolué, grâce à une inflation maîtrisée et à une masse salariale en hausse.

La relance de notre économie nous aura permis de disposer de moyens d’intervention accrus, de rétablir la confiance et de retrouver le chemin d’une croissance durable.

Le développement du tourisme et la croissance du nombre de nos visiteurs se sont consolidés avec le tourisme de croisières, l’arrivée de nouvelles compagnies aériennes et la mobilisation de notre compagnie dans le renouvellement de sa flotte. Au-delà des grands projets et de l’avancée des démarches pour concrétiser le Village Tahitien et le projet de ferme aquacole de Hao, de nombreux projets hôteliers et immobiliers sont en route. C’est un signe qui ne trompe pas !

Natitua, le câble desservant les archipels des îles Tuamotu et des Marquises est opérationnel. Il constitue un acte majeur pour le développement économique de tout le Pays, y compris nos archipels éloignés.

2018 c’est encore la poursuite du redressement de la situation financière et budgétaire du Pays, de l’engagement des réformes structurelles dont celle de la réforme des finances publiques et des retraites.

Nous continuons à nous maintenir sur la voie des économies et de la maîtrise de nos dépenses de fonctionnement.

Notre situation économique et sociale s’améliore. Mais elle demeure encore fragile et il reste encore beaucoup à faire. Comme le disait un célèbre écrivain, « Cent fois sur le métier, remettons notre ouvrage ! »

L’un des sujets majeurs qui reste au cœur de notre ouvrage demeure l’avenir de la PSG. La PSG est notre bien commun à tous. Elle concerne toutes les familles de Polynésie, elle concerne tous les citoyens de ce pays. Pour cela, il faut avoir le courage de rebâtir un système social rénové pour mieux protéger les polynésiens et réduire les inégalités.

Nos familles ont besoin d’être protégées de la maladie, nos retraités d’aujourd’hui et de demain ont besoin d’être rassurés, les familles, les personnes en situation de handicap que j’aime à appeler les « Extra-Ordinaires », nos « matahiapo » doivent savoir que la solidarité s’exercera pour les accompagner face aux difficultés de la vie. Il y va de la cohésion de notre Pays. Il y va de notre unité.

Concernant la retraite, après plus de 50 années d’existence, le régime de retraite des salariés polynésiens était en grande difficulté. Le gouvernement a décidé d’intervenir pour garantir le paiement des pensions. Une loi du Pays a été adoptée le 21 septembre 2018 avec une date d’application prévue au 1er juillet 2019. La réforme paramétrique, nous l’avons voulue avec un ajustement, progressif dans le temps.

Sur la maladie, les actions menées par le gouvernement visent à mieux organiser l’offre de soins et parvenir à une maîtrise médicalisée de l’évolution des dépenses de santé. La réforme de notre système de santé repose sur deux piliers : le nouveau Schéma d’Organisation Sanitaire et l’unification des Régimes Maladie.

Tout ce travail doit nous conduire à mettre en place la Branche Unique de l’Assurance Maladie que les partenaires sociaux appellent de leurs vœux.

Les pré-requis étant la mise à l’équilibre des finances des régimes avant leur fusion dans la branche unique, l’existence d’une contribution sur tous les revenus au premier franc et la fixation des objectifs annuels de dépenses, traduite par une loi de pays de financement de la protection sociale.

Je n’élude pas notre préoccupation commune concernant le remboursement, par l’Etat, des prestations en nature et en espèces que la Caisse de Prévoyance Sociale a supportées depuis de longues années pour les victimes de maladies radio induites imputables aux essais nucléaires.

Cette préoccupation je l’ai faite mienne en proposant de compléter l’article 1er de la loi organique 2004-192 du 27 février 2004 portant statut d’autonomie de la Polynésie française des dispositions relatives à la reconnaissance du fait nucléaire et au remboursement de la CPS.

Outre la PSG, j’ai aussi annoncé mardi dernier à l’ensemble des partenaires sociaux que des projets innovants sont en cours de réflexion dans le secteur de l’emploi avec notamment la mise en place d’une réglementation propre à la Polynésie française en matière de protection et de promotion de l’emploi local.

Il s’agit, pour mon gouvernement, d’un chantier prioritaire.

Toutefois, la complexité du dossier et les exigences de légalité de la loi demandent une expertise approfondie et minutieuse. Des travaux préliminaires tels que le réajustement du référentiel des métiers au contexte polynésien et la révision de la procédure de Déclaration Préalable à l’Embauche sont nécessaires.

Le projet vous sera bien entendu présenté pour avis dans le courant de l’année et à l’Assemblée à l’occasion de la session budgétaire qui s’ouvre en septembre prochain.

J’évoquerai aussi le sujet de la modernisation de notre Code du travail polynésien qui appelle plus de souplesse et d’adaptations en faveur de l’emploi, notamment en matière de contrat à durée déterminée.

L’emploi et la formation professionnelle constituent également une préoccupation majeure du gouvernement. La lutte contre le chômage reste notre grande priorité, et je pense toujours que l’emploi se crée avant tout dans les entreprises, qu’il faut donc leur donner les moyens de se développer.

Il s’agit d’infléchir significativement la courbe du chômage grâce à une politique publique de l’emploi et de la formation professionnelle « agile » et garante de l’accès pour tous à une formation de qualité. Cet objectif demande une gestion ad hoc des dispositifs d’aide à l’emploi, stages comme contrats aidés, adaptés tant aux besoins des entreprises que des demandeurs d’emploi.

Sur les mesures d’aide à l’emploi, votre institution vient d’être saisie d’une demande d’avis sur un projet de loi du Pays portant modification de dispositions relatives au contrat d’accès à l’emploi dont les bénéficiaires relèveront désormais du Régime de Solidarité de la Polynésie française. Cette décision a été prise au regard du déficit considérable mesuré entre les cotisations perçues par le RGS lors de l’affiliation des stagiaires CAE au régime durant leur période de stage et les prestations servies.

Enfin, je n’oublie pas que cette dernière décennie de crise économique et politique a  malheureusement été marquée par une  dégradation des liens sociaux. La fragilisation sociale menace au travers de la précarisation des conditions de vie, des problèmes d’addiction et de violences intrafamiliales, de l’errance voire parfois de l’engagement dans des actes illicites.

Le redressement de l’économie locale, depuis quatre ans, permet heureusement de réinvestir dans le domaine des solidarités et de la cohésion sociale.

Aussi, nos familles, en chacune de leurs composantes, ont besoin d’être accompagnées, protégées et entendues.

Concernant l’urgence sociale et notamment le public en errance, de grands projets d’établissements seront initiés dès 2019, et notamment :

  • La réhabilitation du centre de jour en faveur des sans domicile fixe accueillant un public mixte uniquement à la journée, dans le cadre d’une prise en charge individuelle. Le centre de jour actuel est situé dans le quartier de Vaininiore à Papeete. Le Maire de Papeete a d’ores et déjà manifesté sa faveur pour un partenariat avec le pays pour la réalisation de ce projet ;

  • La réhabilitation et la remise à niveau du centre d’hébergement d’urgence actuel situé à Tipaerui sera lancé dès 2019. La construction d’un nouveau centre d’hébergement d’urgence accueillant un public mixte majeur, à la nuitée, dans le cadre d’une prise en charge individuelle viendrait remplacer à terme le centre d’hébergement d’urgence situé à Tipaerui ;

  • La construction d’un centre d’hébergement et de réinsertion sociale accueillant un public mixte, ayant un projet d’insertion validé par une commission d’admission, pour une période de 3 à 6 mois maximum, renouvelable une fois ;

  • La construction d’un village communautaire accueillant un public SDF en marge de la société pour une durée illimitée, jusqu’à restauration complète de l’autonomie.

D’autres dispositifs, à destination des familles fragiles, auront vocation à proposer des alternatives à la réponse aux besoins primaires des familles tels que l’alimentaire.

Ainsi sont prévus la création d’une banque alimentaire autour des épiceries solidaires, ou encore la mise en place de jardins collectifs, ayant pour double objectif de contribuer au développement de compétences dans le domaine agricole, mais également de fournir les quartiers en produits alimentaires sains.

Enfin, concernant l’enfance, vous le savez, depuis plusieurs années, les Tavana sont constamment alertés sur le sentiment d’insécurité que fait régner la présence de mineurs et jeunes majeurs dans les rues des communes de l’agglomération de Papeete en soirée. Dans le but de protéger ces jeunes mais également de réinstaurer un climat sécuritaire, le Gouvernement souhaite, aux côtés des Maires, permettre l’instauration d’un couvre-feu pour les mineurs entre 22h et 06h.

Mais l’année 2019, sera aussi une année chargée de grands rendez-vous.

Ainsi, en février 2019, nous accueillerons la réunion de l’OCTA qui va rassembler les chefs des 25 Pays et Territoires d’Outremer associés à l’Europe.

En 2019, nous attendons la visite de plusieurs ministres du gouvernement national, en particulier ceux avec qui nous travaillons sous convention.

2019, sera également celle des Jeux du Pacifique, moment important pour notre élite et jeunesse sportive qui se prépare d’ores et déjà à participer activement à cette grande compétition du Pacifique.

2019 sera à la fois, l’année des récifs coralliens, composante essentielle de notre biodiversité, et l’année de la COP25 qui se tiendra au Chili.

2019 verra aussi la visite du Président de la République. Ce sera un moment important pour nous de dévoiler nos projets structurants, en vue d’un soutien et d’un partenariat plus importants. Les dates de son déplacement se décident en ce moment. Je me rends dès cette fin de semaine à Paris pour discuter avec les autorités de l’Etat de la révision de la loi organique portant statut de la Polynésie française.

A ce propos, le 18 décembre 2018, vous avez rendu votre propre avis sur le sujet.

Bien que l’Assemblée de la Polynésie française ait rendu son avis sur le projet le 15 novembre dernier, je n’ai vu qu’avantage à ce que les observations et recommandations du CESC viennent compléter les travaux de l’Assemblée nationale et du Sénat.

J’ai pris connaissance de la contribution apportée par votre Institution sur notamment la question essentielle du nucléaire, la protection de l’emploi local, l’extension de la compétence du Pays en matière de sécurité des navires, la préservation de la gestion budgétaire des Autorités Administratives Indépendantes.

Par ailleurs, vous avez émis plusieurs préconisations relatives à votre institution telles que la durée de votre mandat, l’extension de votre champ de compétence et l’adéquation de votre dotation budgétaire.

Sur votre souhait du maintien de la parité stricte dans le cadre de la composition des listes à l’occasion des élections territoriales, j’y suis sensible au point de maintenir les dispositions actuelles et de proposer à la représentation nationale que cette parité s’applique également à toutes nos institutions. Je ferai des propositions dans ce sens dans le cadre de mes prochaines rencontres nationales.

Enfin, j’ai également retenu que vous ne souhaitiez pas vous appeler à l’avenir le Conseil économique, social, culturel et environnemental mais le Conseil économique, social, environnemental et culturel, le CESEC !! Vous avez raison, avec le dérèglement climatique, il vaut mieux rester au sec !

Mes chers amis, je terminerai mon propos en vous disant que je pourrai, ici devant vous, développer d’autres sujets qui touchent la fiscalité, les domaines culturels, la question du dérèglement climatique, le numérique, l’économie, les ressources marines, l’éducation, la santé, les équipements, et tant d’autres.

Mais, j’ai déjà assez pris de votre temps et je ne veux pas en abuser. Une chose est certaine, l’année 2019 sera placée sous le sceau de la reconquête, du progrès et de la solidarité.

En 2018, de nombreuses personnalités nous ont quittées et parmi lesquelles Kofi ANAN qui a prononcé un jour ces mots : « La seule voie qui offre quelque espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité est celle de la coopération et du partenariat ».

Nous sommes à un moment inédit de notre histoire et nous devons écrire cette page ensemble, dans un climat serein, constructif et de confiance.

Je vous souhaite à tous, actrices et acteurs de la Société Civile, une année faite de réussites, de curiosités et d’ouvertures, de réflexions sur le monde complexe qui nous entoure, tant il nous interroge, tant il nous oblige à nous adapter, tant il nous offre aussi des opportunités nouvelles que nous n’avions même pas soupçonnées.

Une année placée sous le signe de la création de richesses et d’emplois, dans une société en paix qui permettra  d’assurer l’avenir de nos enfants.

        Bonne et heureuse année à toutes et à tous !