À l’occasion de la première séance de la session administrative de l’Assemblée, qui s’est déroulée ce vendredi, le président Moetai Brotherson a tracé dans son discours, ses priorités pour son mandat. Il est notamment revenu sur trois axes majeurs qui lui tiennent particulièrement à cœur, à savoir la nécessaire « autonomie alimentaire » de « Maohi Nui », la création « d’un statut particulier des victimes des essais nucléaires » à la CPS, et la décentralisation des activités économiques et administratives au sud de l’île Tahiti pour décongestionner les routes de la zone urbaine. Pour la première fois depuis sa nomination lundi dernier, le Gouvernement au complet occupait le banc qui lui était réservé à l’Assemblée.

« Il y a une priorité (…) celle de nourrir son peuple »

« Il y a une priorité (…) celle de nourrir son peuple. Cela passe par l’autonomie alimentaire. C’est la mission première de notre ministre du Secteur primaire (…) Elle passera par une réforme profonde de nos systèmes agricoles, de pêche et de notre culture, de l’alimentation. Elle ne pourra pas se faire sans  faire participer l’éducation qui est un maillon essentiel pour que nos enfants (…) apprennent à mieux s’alimenter, apprennent à faire plus de sport. On va donner une place plus importante à l’activité physique dans le système éducatif », a-t-il annoncé.

Réforme de la PSG : « je demanderais la mise en place d’une mission de l’IGAS »

« Autre défi » à venir, celui de la réforme de la Protection Sociale Généralisée (PSG). Le nouveau chef de l’exécutif a souhaité qu’elle se fasse « avec l’Etat ». « Je demanderai dans les jours qui viennent (…) la mise en place d’une mission de l’IGAS -L’Inspection Générale des Affaires Sociales, NDLR-et de l’IGF -l’Inspection Générale des Finances, Ndlr- pour nous accompagner ». Moteai Brotherson a également annoncé la création « d’un statut particulier des victimes des essais nucléaires dans notre système de protection sociale ». « Nous ne pouvons pas faire l’économie de cette reconnaissance, ici, chez nous », a-t-il estimé.

Sur le thème des grands travaux, le chef de l’exécutif a déclaré : « nous ne ferons plus du BTP pour le plaisir de faire du BTP. Faire des routes, des ronds-points, du bitumage, cela doit servir à développer le Pays. À cette condition-là, oui, la commande publique sera au rendez-vous ». La construction d’un aéroport international aux Marquises figure dans la liste des projets structurants. Mais il devra s’inscrire dans un « écosystème » et se faire en concertation avec les Hakaiki et la population de l’archipel.

« Nous devons aujourd’hui réfléchir aux conditions de notre résilience »

Moetai Brotherson a également appelé de ses vœux le développement, à terme, d’un « second pôle » au sud de Tahiti pour permettre une « décentralisation des activités économiques et administratives », estimant que la congestion des routes dans la zone urbaine de Papeete ne pouvait « plus durer ». Il a aussi fait part de sa volonté de « développer les archipels (…) si l’on ne veut pas continuer à concentrer tous les problèmes sur la seule île de Tahiti ».

Le Président a, en outre, souligné avoir placé le ministère de la Culture et de l’Environnement en seconde position dans l’ordre protocolaire du gouvernement « pour la première fois dans l’histoire » du Pays. « L’environnement, c’est le plus grand défi auquel nous allons devoir faire face collectivement. Si, demain, les températures s’élèvent de 2 ou 3 degrés (…) c’est toute l’activité humaine, l’agriculture, la pêche, qui sera impactée. Il faut, aujourd’hui, réfléchir aux conditions de notre résilience (…) Évidemment, ce n’est pas la Polynésie avec ses 285 000 habitants qui font basculer le climat. Mais tout de même, nous devons viser l’exemplarité. L’exemplarité, cela passe par la transition énergétique », a-t-il dit.

Sur tous ces sujets, le Président a explicité son mode opératoire, indiquant qu’il entendait agir en concertation avec les organisations patronales, syndicales, les représentants des différentes confessions religieuses, mais aussi avec « les jeunes ».

« N’hésitez pas à me tirer gentiment les oreilles si vous pensez que je fais des bêtises… »

Sur un plan politique, il est ensuite adressé à l’opposition : « J’ai vraiment envie que l’on travaille ensemble », a-t-il lancé aux représentants de « la minorité ». « N’hésitez pas à me tirer gentiment les oreilles si vous pensez que je fais des bêtises (…) Nous reviendrons bientôt vers vous avec tout un train de mesures et de textes que vous aurez à examiner et qui, je l’espère, feront l’objet de débats riches, ouverts et productifs », a conclu le Président.