Le haut-commissaire Dominique Sorain et le Président de la Polynésie française, Edouard Fritch, ont fait une nouvelle déclaration, vendredi, concernant les mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus. Un confinement est mis en place à partir de ce vendredi minuit, pour une durée de 15 jours.
 
« Chers citoyens Polynésiens,
 
Comme vous pouvez le constater, la situation évolue au jour le jour et l’épidémie se propage à grande vitesse dans l’ensemble des pays du monde.
 
Pour ce qui nous concerne, cette épidémie progresse également très vite. En début de semaine, nous étions en présence de trois cas clairement identifiés avec un suivi sanitaire renforcé. Plus de 160 personnes ont été suivies.
 
Depuis le début de la semaine le nombre de personnes contaminées est passé de 3 à 15.
 
Nous venons de franchir une nouvelle étape et cela nécessite de nous adapter et de réagir encore plus vite.
 
En effet, la situation devient extrêmement urgente et nous sommes obligés de passer tout de suite au stade supérieur, c’est à dire à la PHASE 3 qui consiste à combattre la propagation de l’épidémie par tous les moyens.
Il nous faut la contenir et nous devons donc au plus vite durcir encore plus nos dispositifs.
 
Cette nouvelle étape va exiger beaucoup de rigueur, va créer beaucoup de perturbations et avoir un impact sur nos modes de vie. C’est le cas aujourd’hui pour l’ensemble des populations du monde.
 
C’est la santé de tous qui est en jeu. C’est la santé de toute la population, c’est la santé de nos enfants, c’est la santé de nos anciens, c’est la santé des plus fragiles.
Nous devons tout faire pour les préserver, par solidarité, par amour mais aussi par sens des responsabilités.
 
Il y a danger, je l’ai dit, car c’est une contamination qui va très vite et peut toucher rapidement un grand nombre d’entre nous et faire de nombreuses victimes, parmi les personnes les plus vulnérables mais aussi parmi les personnes en bonne santé.
 
Il y a danger. Il faut donc nous battre.
La plus importante bataille est devant nous. Et nous devons tous collectivement être au rendez-vous.
 
Cela va exiger un engagement de tous, un engagement collectif au bénéfice de chaque personne. J’en appelle à votre sens de la collectivité.
 
Les nouvelles mesures que nous prenons aujourd’hui et que nous vous annonçons, le Président FRITCH et moi-même, reflètent un engagement fort de l’Etat et du Pays Elles sont destinées à vous protéger, à nous protéger. Elles sont contraignantes mais je sais pouvoir compter sur vous tous.
 
A compter d’aujourd’hui, ce vendredi 20 mars à minuit, nous demandons à la population de la Polynésie française de se mettre en confinement.
 
–          Qu’est-ce que cela signifie ?
 
Cela signifie qu’on empêche ce virus invisible de tous nous contaminer. Car c’est nous qui faisons circuler le virus par nos contacts, par nos interactions sociales, par notre proximité, par nos déplacements.
C’est un ennemi sournois qui nous laisse peu de chance. Il faut donc le combattre avec nos armes : notre sens du collectif et de la discipline.
Il n’y a pas de vaccin et le seul remède c’est notre comportement qui doit être exemplaire pour l’empêcher au maximum de circuler.
 
–          Comment va se passer ce confinement ?
 
Dès samedi, tous les rassemblements sur la voie publique et dans la sphère privée sont interdits.
Cela signifie que les regroupements extérieurs, les réunions familiales ou amicales seront interdites. Il ne sera plus possible de se promener, retrouver ses amis, d’aller à la plage. Cela signifie que le concours de danse du Heiva 2020 est annulé, les groupes ne pouvant pas les préparer.
 
Il faut limiter au maximum ses contacts en dehors de sa maison.
Concrètement, vous devez rester chez vous et limiter absolument vos déplacements à l’extérieur.
 
Tous les commerces seront fermés sauf :
–          les magasins d’alimentation,
–          les stations-service,
–          les banques,
–          les boulangeries,
–          les structures de santé et les pharmacies.
 
Les restaurants et les roulottes ne pourront plus accueillir de public mais pourront vendre leurs plats à emporter.
 
Clairement, vous ne devez sortir que pour des raisons professionnelles ou des raisons indispensables. Et bien sûr en respectant scrupuleusement les gestes barrières.
Ainsi :
–          Pour aller travailler, seules pourront circuler les personnes se rendant de leur domicile au travail, parce que la vie économique doit continuer. Nous avons besoin d’activité, nous avons besoin que les services vitaux continuent de fonctionner. Dans les cas où c’est possible, le télétravail devra être privilégié. Sur votre lieu de travail, vous devrez strictement respecter les mesures barrières.
 
–          Vous pourrez également aller faire vos courses dans les mêmes conditions. Ne cédez pas à la panique, il n’y a aucune pénurie alimentaire. Vous le savez, les magasins d’alimentation sont ouverts tous les jours. Nous déterminerons avec les commerces les modalités d’accès aux magasins pour limiter les contacts.
 
–          Vous pourrez également aller à vos rendez-vous médicaux.
 
–          Enfin, à proximité immédiate de votre domicile, il sera possible de sortir seul ou pratiquer individuellement une activité physique à condition de ne pas entrer en contact avec une autre personne. Un parent pourra cependant accompagner un enfant à cette occasion.
 
Le détail de ces mesures sera indiqué dans la journée.
 
Tout ce dispositif fera l’objet de contrôles réguliers de la part des forces de l’ordre.
Ce n’est pas de la lutte contre la délinquance, c’est le respect de mesures citoyennes et sanitaires destinées à nous protéger.
 
Je vais également demander aux tavana d’activer leurs plans communaux de sauvegarde pour mettre en application ce dispositif commune par commune.
 
Ce dispositif est pris au minimum pour 15 jours et fera l’objet de réévaluation en fonction de l’évolution de la situation.
 
Pour terminer, je souhaiterais vous rappeler les décisions prises ces derniers jours :
–          l’arrêt des croisières,
–          l’arrêt des arrivées de touristes sur le fenua,
–          l’arrêt des déplacements inter-îles pour préserver nos archipels,
–          la mise en quatorzaine automatique des résidents de retour au fenua. Je rappelle à ce sujet, qu’il faut désormais éviter le retour massif de ceux d’entre nous qui ne vivent pas en permanence au fenua.
 
Ce ne sont pas des mesures faciles, elles ont un impact fort sur le plan économique, elles ont un impact fort sur la vie des familles mais elles sont nécessaires pour lutter efficacement contre le virus.
 
Chers polynésiens, nous mesurons avec le Président FRITCH l’impact de toutes ces décisions sur vos vies.
Mais ensemble, combattons le virus. »