La ministre du Tourisme, Nicole Bouteau, a présidé, mardi après-midi, à la Présidence, le conseil d’administration de l’EGAT – Golf de Tahiti.
A cette occasion, les administrateurs ont examiné et débattu du projet de budget pour l’exercice 2021 de l’établissement qui s’inscrit dans la continuité du plan d’action pluriannuel engagé depuis 2018, avec pour objectifs principaux le redressement de la situation financière de l’établissement, la rationalisation des charges de fonctionnement et l’exécution du plan d’investissement relatif à la réhabilitation des infrastructures du golf.
L’année 2020 a été une année particulière et les effets de la crise sanitaire ont également impacté l’activité de l’établissement. Pourtant, et malgré cette crise mondiale inédite, l’accompagnement du Pays se maintient pour ce nouvel exercice. C’est dans ce contexte qu’a été présenté un projet de budget à la somme de 702 743 764 Fcfp, budget empreint de prudence avec un examen approfondi des dépenses de fonctionnement pour identifier des pistes d’économies sans porter préjudice à la feuille de route engagée.
Au cours de cette séance, le Directeur de l’établissement, Hermann Meuel, a également pu présenter un point de situation sur les investissements réalisés ou en cours de réalisation. Il s’est particulièrement attardé sur le projet de rénovation du Club house, dont les études ont été réalisées ainsi que l’avant-projet définitif. Le démarrage des travaux est prévu en mai prochain pour un achèvement en décembre 2021.
Partenariat avec la direction de l’environnement (DIREN)
La biodiversité exceptionnelle polynésienne, marquée par une faune et une flore riche et diversifiée, subit de nombreuses pressions, dont notamment celles causées par de nombreuses espèces végétales et animales introduites par l’homme. Devenues envahissantes, ces dernières altèrent profondément l’équilibre écologique des milieux naturels, jusqu’à pousser des espèces indigènes et endémiques au bord de l’extinction.
Afin de préserver ce patrimoine, le code de l’environnement a fixé une liste de 164 espèces végétales protégées. Au-delà de la protection administrative de ces espèces, des actions de terrain ont également été initiées à des fins de conservation. Ainsi, après collecte de semences et maîtrise de la multiplication en pépinière, des plantations ont pu être réalisées dans le milieu naturel ainsi qu’au sein de parcelles conservatoires.
Il s’agit de plus de 500 plants qui sont aujourd’hui plantés au sein d’espaces conservatoires à différents endroits de l’île de Tahiti, dont une partie sur le site du Golf de Tahiti-Atimaono. Cette plantation bénéficie d’un entretien régulier et pourra avoir vocation à fournir, à terme, du matériel végétal certifié, notamment dans des opérations de restauration et de réintroduction dans le milieu naturel. En outre, cela permet l’étude de la biologie de ces espèces méconnues au moyen du suivi de leur croissance, de leur reproduction et de leur régénération.
Enfin, de premiers efforts de collectes de graines peuvent dorénavant être engagés sur cet espace afin de renforcer le travail de conservation. En effet, un certain nombre de plants produisent des semences en abondance, avec lesquels des essais de conservation “ex situ” seront engagés durant les quatre prochaines années.
Ce partenariat entre le Golf et la DIREN va faire l’objet d’une nouvelle convention dont le contenu a été présenté aux administrateurs de l’établissement. Elle a pour objet de définir les conditions dans lesquelles chacun des partenaires participe à la mise en œuvre du programme de conservation d’espèces végétales menacées de Polynésie française à Tahiti. Pour ce faire, l’établissement met à disposition à la DIREN et à titre gracieux, une zone comprise entre le trou n°17 et le trou n° 18, d’une superficie estimée à 1 hectare.
Toponymie du site d’Atimaono
Le conseil d’administration s’est achevé par une présentation de la Direction de la culture et du patrimoine des recherches, réalisée, à la demande de la ministre du Tourisme, en matière de toponymie, de tradition orale et d’histoire, se rapportant au lieu-dit de ‘Ätimaono, terre sacrée et particulièrement importante dans l’histoire ancienne de Tahiti. Ces éléments de toponymie seront exposés à l’occasion des 50 ans de l’établissement et de l’inauguration de son Club House en décembre prochain.
Des recherches bibliographiques sur le sujet, il ressort que ‘Ätimaono, second district de la commune de Teva-I-Uta, est une terre chargée d’histoire.
Le toponyme « ‘Ätimaono » renvoie à deux significations principales. La première, qui est la plus citée dans l’ouvrage de Teuira Henry, Tahiti aux temps anciens (2004), se traduit par « le clan des six », issue de ‘Ati (clan, tribu), ma (avec) et ono (six). La seconde, qui provient de Ati (guerre), ma (avec) et ono (Te-ono-te-àha-roa, le poisson barracuda), renvoie à « la guerre contre ceux qui ont le barracuda comme animal « täura » (totem).
Ces deux interprétations s’accordent sur la présence d’un clan belliqueux à Tahiti, dont le ari’i (chef) principal se nomme Te-ari’i-fa’atau (« Prince flegmatique »), accompagné de son chef secondaire Tere-iti-a-uiui (« Petite mission ancienne »). La tradition orale enseigne que ce clan des six avait des alliances avec Päpara, mais qu’il gardait néanmoins son indépendance.
De plus, entre terre, mer, montagne et rivière, ‘Ätimaono apparaît comme un lieu sacré. Son ” mana” émane en partie de la rivière Te’ävaro qui le traverse et lui sert de frontière ouest avec Päpara. Cette rivière renvoie au ‘avaro (Premna tahitensis), un arbre parfumé qui, dans la mythologie tahitienne, serait l’émanation du dieu ‘Ä-varo. Le mythe raconte que ceux qui s’approchent de cet arbre sans le respecter voient apparaître sur leur peau des taches semblables à celles de son écorce. Pour les faire disparaître, le seul remède est de brûler une branche de cet arbre tout en adressant des prières au dieu ‘Ä-varo.
La sacralité du site est également perçue par la présence de la montagne Mo’a-roa, qui signifie « Entièrement sacré », et par la passe sacrée Te-ava-ra’a, une passe peu profonde où naviguent les pirogues et les petites embarcations. Enfin, le marae Fare’-pu’a (« maison de pierre de corail »), qui servait aux activités économiques, politiques, sociales, et religieuses de l’ancienne communauté, confirme l’importance du lieu.
Ainsi, ‘Ätimono, par sa toponymie, et par ces quatre éléments sacrés, est une terre particulièrement importante dans l’histoire ancienne de Tahiti