Climat scolaire et recherche de solutions pour lutter contre toutes formes de violences – Les ministres de l’Éducation et de la Jeunesse en mission sur l’île de Bora Bora
Ce mercredi 27 septembre, Ronny Teriipaia, ministre de l’Éducation, et Nahema Temarii, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Prévention contre la délinquance, accompagnés d’une délégation de la direction générale de l’Éducation et des Enseignements (DGEE), du vice-rectorat, ainsi qu’Henry Burns, champion du Fenua, et chargé de mission en charge de la prévention de la délinquance, se sont rendus sur l’île de Bora Bora. Un déplacement axé principalement sur le climat scolaire et la recherche de solutions pour lutter contre toutes formes de violences. Aujourd’hui, plus que jamais, la thématique du climat scolaire suscite une attention marquée de la part des acteurs politiques.
Premier temps fort : visite du lycée Ihi Tea No Vavau
La délégation ministérielle s’est rendue au lycée polyvalent Ihi Tea No Vavau, pour une visite de l’établissement suivi d’un temps d’échanges avec la direction de l’établissement. Sur place, la délégation a été accueillie par le tᾱvana Gaston Tong Sang, Dominique Meriguet, proviseur de l’établissement, son adjointe, Céline Reinier, les conseillers principaux d’éducation (CPE), Maryline Richard et Fabrice Chenu, le secrétariat de direction, et plusieurs professeurs. A l’occasion, les élèves ont préparé une belle prestation de danse et ont ensuite entonné un chant en reo tahiti.
Ce lycée-collège Ihi Tea No Vavau, implanté à Bora Bora depuis la rentrée de 2019, et situé dans le district d’Amanahune, accueille aujourd’hui 1071 élèves qui sont répartis sur 3 principales structures : le collège, avec près de 800 élèves (SEGPA et ULIS), le lycée général qui accueille une centaine d’élèves, et le lycée professionnel qui compte également une centaine d’élèves. Ces effectifs montrent une tendance haussière importante depuis l’ouverture de l’établissement. Il comporte des espaces d’éducation physique et sportive, de restauration, des locaux administratifs et un internat. Le Proviseur a indiqué aux deux ministres présents, que les personnels œuvrent chaque jour pour optimiser les conditions d’apprentissage, maintenir un cadre de vie accueillant et assurer la sécurité des élèves. La priorité pour l’équipe de direction, c’est avant tout et surtout, le bien-être des élèves au sein de l’établissement.
En effet, dans sa lettre de rentrée au titre de l’année scolaire 2023-2024, le ministre de l’Éducation avait déclaré que la priorité donnée à l’ensemble des écoles et établissements scolaires du Fenua, c’est le bien-être des élèves durant leur scolarité. L’amélioration du climat scolaire est devenue un enjeu majeur de politique publique en matière d’éducation. Le travail d’équipe, la collaboration entre élèves et la médiation par les pairs agissent positivement sur le climat scolaire d’une classe ou d’un établissement. Aussi, la mise en place d’espaces de parole peut être une bonne solution pour réguler les émotions et apaiser les tensions. Un environnement accueillant, serein et sans danger, où élèves, équipes pédagogiques, personnels administratifs et agents, se sentent bien, est essentiel à un climat de classe serein.
À ce sujet, le ministre Ronny Teriipaia, a indiqué que « le seul moyen de lutter contre le déclin, c’est l’éducation de nos jeunes. Faisons parler les mots plutôt que les poings. C’est un travail de longue haleine, cela n’est pas facile, mais tous ensemble, je sais que nous y arriverons. Le constat est amer, nous constatons effectivement une recrudescence des faits de violence dans nos établissements et autour. Qu’il s’agisse de violence ordinaire, de harcèlement scolaire ou d’incivilités, le climat qui en découle n’est pas propice au bien-être de nos enfants et de notre société. Il nous faut, chacun dans nos fonctions et responsabilités respectives, travailler ensemble pour élever les consciences. Il s’agit pour nous, à partir des constats, de faire des propositions afin d’améliorer les conditions de vie de nos jeunes et de notre société ».
Une visite de terrain qui a également permis aux ministres, de mesurer le sérieux et l’investissement de ces jeunes.
Deuxième temps fort : temps d’échanges avec la direction de l’établissement et les différents partenaires
La délégation a poursuivi sa mission avec une grande réunion rassemblant les différents partenaires, à savoir la direction du lycée, les élus de la commune, les forces de l’ordre, et les différentes confessions religieuses.
Pour la ministre Nahema Temarii, ce déplacement fait suite aux récentes bagarres qui sont survenues dans l’établissement du secondaire de l’île. Des images filmées et souvent partagées sur les réseaux sociaux par les jeunes. Bien que le lycée de Bora Bora n’est certes pas un cas isolé, tous ces événements font peser un climat de crainte au sein d’une partie de la population, et semblent malheureusement se banaliser, selon d’autres, avec toujours comme principal déclencheur, des rivalités de personnes ou de famille, alimentées par une consommation excessive d’alcool et de drogues.
La jeunesse polynésienne était donc au cœur des réflexions de ces réunions multi-partenariales. L’oisiveté, le mal-être, la consommation d’alcool et de drogues de plus en plus précoce et la perte des figures d’autorité ont été identifiées comme étant les principales causes des phénomènes de transgression chez les jeunes.
La richesse des échanges entre les partenaires, a abouti à des pistes de réflexion intéressantes prenant en compte les spécificités de l’île. En effet, le ministère de l’Éducation et le ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Prévention contre la délinquance, souhaitent développer un plan d’actions qui s’appuie sur un partenariat fort entre le Pays, les communes, les forces de l’ordre, les confessions religieuses, les équipes pédagogique et éducative, le tissu associatif et des figures connues notamment dans le monde du sport telles qu’Henry Burns, également chargé de mission en charge de la prévention de la délinquance.
La ministre de la Jeunesse entend impulser une meilleure synergie des acteurs locaux, comptant sur une volonté conjointe d’unir les ressources et les énergies, afin de lutter contre les phénomènes de déviances et de débordements. Cette méthodologie de travail devrait amener les forces en présence, à penser et à dégager des politiques sociale et de jeunesse efficientes pour les raromatai, mais plus globalement sur toute la Polynésie.
Enfin, le ministre l’Éducation a proposé, si cela n’existe pas déjà, de mettre en place :
– Un conseil de prévention et de concertation contre la violence au sein de chaque communauté éducative. Co-présidé par le ministre de l’Éducation, la ministre de la Jeunesse et le maire du lieu d’implantation de l’établissement ;
– Proposer une série d’actions coordonnées entre les différents représentants de la communauté éducative ;
– Proposer un calendrier de rencontres.
Troisième temps fort : réunion avec les enseignants, les représentants des parents d’élèves, et les agents d’entretien
Pour clôturer cette tournée ministérielle sur l’île de Bora, les ministres de l’Éducation et de la jeunesse se sont réunis avec les directeurs et directrices d’écoles, les professeurs des écoles volontaires (PE), les représentants des associations de parents d’élèves (APE), et les agents d’entretien.
Les échanges ont principalement porté sur le système éducatif polynésien qui doit urgemment être repensé, prenant en compte les spécificités et difficultés de chaque île et archipel de la Polynésie.
Par la suite, le ministre Ronny Teriipaia, s’est exprimé auprès des personnes présentes, précisant : « Vous faites partie des artisans du réseau des structures scolaires du premier et second degré des îles sous-le-vent, vous êtes les acteurs qui contribuent à la réduction de l’effet des inégalités sociales et territoriales sur les résultats scolaires et favorisez ainsi la réussite des élèves. Je vous remercie pour votre investissement au quotidien auprès de tous nos élèves et notamment, ceux qui ont en le plus besoin. Tous nos enfants sont capables de réussir si on leur offre un système éducatif qui nous rassemble et qui nous ressemble », poursuivant : « Notre venue à Bora Bora doit faire l’objet d’un travail collectif accompagné d’une volonté farouche d’obtenir des résultats rapidement. Chacun doit prendre sa part. Dans notre société moderne, nous ne pouvons accepter de nous laisser glisser vers la violence ».
L’élévation du niveau scolaire de la population polynésienne est un idéal accessible, et les parties prenantes doivent travailler sans relâche pour atteinte cet idéal.
Le ministre a réaffirmé sa volonté d’accompagner les écoles et les établissements scolaires du Fenua, car « notre système éducatif a besoin de cadres formés et investis dans leurs tâches. Je sais que vous l’êtes », a indiqué le ministre de l’Éducation, notamment pour permettre à chaque élève de trouver sa voie en conscience et par choix.