Le président Edouard Fritch a prononcé un discours au début de la sixième séance de la session budgétaire de l’Assemblée de la Polynésie française, jeudi matin, afin de présenter les grandes lignes du budget 2021 du Pays.

Le jeudi 3 décembre étant aussi la date de la Journée internationale des personnes handicapées, le Président a, en préambule, salué les « Polynésiens et Polynésiennes qui se débattent chaque jour, pour faire reconnaître leur handicap ». Il a tenu à rappeler que « la politique du handicap, repose sur un ensemble de lois, de moyens financiers et humains, mais aussi et avant tout sur un idéal d’égalité, et de justice ».

Le président a, ensuite, évoqué le contexte sanitaire, économique et social que connaît la Polynésie, et ce, depuis le mois de mars dernier.

« La pandémie de la Covid 19 est venue, non seulement contrarier une partie des ambitions que nous formulions l’année dernière, mais elle nous interroge aussi plus profondément sur la pertinence de notre modèle de développement et sur notre résilience », a déclaré le Président.

Concernant la gestion de cette crise, qui nécessite des efforts conséquents, le Président a souligné le fait que le gouvernement, dans sa globalité, a réagi dans l’urgence pour soutenir à la fois le tissu des entreprises fragilisées par le confinement et l’arrêt brutal de leurs activités: « Grâce à l’appui de tous, notre modèle économique et notre modèle social ont pu résister jusqu’à présent. Je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui y ont contribué ». Il a notamment mis en exergue les personnels de la santé « qui ont assumé leur mission avec exemplarité, alors que les risques de la pandémie les affectent encore aujourd’hui, au premier rang ».

 

Solidarité et soutien à l’économie

Le président a également salué le Gouvernement et l’Assemblée de la Polynésie française, qui ont su faire preuve de solidarité à l’égard des Polynésiens, avec notamment la capacité de déployer dans l’urgence, de multiples dispositifs pour accompagner et soutenir chaque Polynésien.

Il a, en outre, évoqué toutes les entreprises du Fenua qui ont dû faire face à la crise sanitaire et à ses conséquences économiques : « Elles ont su s’adapter et je les remercie pour avoir fait le maximum pour préserver l’emploi salarié. Je sais que les dispositifs mis en place (DIESE et CSE) les ont aidées, mais leur attitude citoyenne mérite notre respect ».

Le Président a aussi salué tout particulièrement l’État pour son soutien: « Ils ont montré, une fois de plus, ce que signifie, pour notre collectivité de 280.000 âmes, le mot de solidarité nationale ». Dès le mois de mars, la Polynésie a pu bénéficier de l’appui de l’Etat, tant au niveau des moyens logistiques, que sanitaires. Il y a eu aussi au niveau économique, avec notamment l’arrivée des PGE, du FSE et la nouvelle politique monétaire de l’IEOM.

Edouard Fritch a ensuite détaillé les grandes orientations de l’année à venir : « Pour 2021, la priorité qui se dégage du projet de budget est claire : la sauvegarde de tout l’appareil productif. Il s’agit des emplois, des compétences et de la préservation de l’état des infrastructures de production. Tout ceci, afin d’être prêts, collectivement et solidairement, pour la relance. Conformément à notre statut, ce budget primitif s’équilibre en recettes et en dépenses à 168,4 milliards Fcfp, hors écritures d’ordre, soit une baisse de 2,6% par rapport au budget primitif 2020 qui était de 172,9 milliards Fcfp. ».  

La situation actuelle entraîne une « contraction des recettes fiscales ». La crise sanitaire a ainsi brutalement entravé l’élan prometteur de 2019, affectant de ce fait, le dynamisme économique du Fenua ainsi que les entreprises. Ainsi, les recettes ordinaires sont estimées globalement à 125 milliards Fcfp en 2021 contre 130,9 milliards Fcfp en 2020, soit une contraction de 3,8%. Les recettes fiscales s’élèvent à 99,3 milliards, soit une chute de près de 10 milliards Fcfp par rapport au budget primitif de 2020.

« Néanmoins, en dépit de cette situation fiscale, peu favorable, nous avons décidé de faire porter l’effort sur le fonctionnement de l’administration pour conserver nos marges de manœuvre, notamment notre capacité de soutien et d’accompagnement aux acteurs économiques et aux ménages », a indiqué le Président.

 

Vers davantage d’autonomie alimentaire, transition énergétique et protection de l’environnement

Le Président de la Polynésie française, Edouard Fritch, a ensuite détaillé les secteurs respectifs relevant des différents ministres de son gouvernement. Rappelant l’importance du développement de l’autonomie alimentaire, le Président a ainsi évoqué les mesures qui seront prises pour relancer l’économie, accompagner les plus démunis, mais aussi développer des infrastructures importantes pour la Polynésie.

Le soutien au secteur de la Santé sera bien sûr prioritaire également. « Les vaccins contre la covid 19 seront disponibles, en Polynésie, en début 2021. Le ministère de la Santé prépare un programme échelonné de vaccinations sur un total de 130 000 personnes pour un budget de 900 millions Fcfp », a indiqué le Président. Il a en outre rappelé sa ligne de conduite qui, dans sa situation actuelle, ne consiste à ne sacrifier ni la santé, ni l’économie.

Dans le domaine de la Culture et des Sports, le dossier de l’inscription des Marquises au patrimoine mondial de l’UNESCO sera poursuivi. De même, les dossiers concernant l’épreuve de surf des JO de 2024, en Polynésie, et la préparation des Jeux du Pacifique 2027 seront aussi des priorités. En matière d’Education, le projet d’archipels connectés sera également l’une des priorités de l’année 2021.

« L’année 2021 démarre avec son vaccin. L’espoir est donc à notre porte. Mais, je suis convaincu que cette pandémie, qui nous interpelle dans nos modes de vie, nous adresse en définitive un message, voire une alerte, que nous devons comprendre et prendre en considération. Je reste également persuadé que, même avec le vaccin, plus rien ne sera jamais comme avant.  Plus que jamais, nous devons engager sans plus tarder nos transitions énergétique, écologique, climatique et démographique pour nous rendre plus résilients et mieux préparés aux défis d’aujourd’hui et de demain. Faisons de ces contraintes des opportunités », a souligné le Président.

Et le Président de conclure: « C’est cette idée-force qui est mise en œuvre dans le budget 2021, au travers notamment d’un développement durable du secteur primaire, d’une promotion des énergies renouvelables, de l’officialisation de la plus grande Aire Marine Gérée au monde et de classements de plusieurs sites de nos archipels, de l’extension des rahui, etc. Nous devons changer nos comportements à l’égard de nos lagons, de nos montagnes, de nos rivières, et de nos terres. Il y a plus de 20 ans, Papi Paimore nous avait déjà sensibilisé par ces mots : Te aue nei, te uuru nei, te natura. Je formule le vœu que nous ne restions plus sourds à ces appels prémonitoires de nos anciens ».

 

discours du président