A l’occasion de la 3ème session extraordinaire qui s’est tenue mardi matin à l’Assemblée de la Polynésie, le Président, Edouard Fritch, a fait un point sur la situation relative à la Covid en Polynésie française puis s’est exprimé sur la parution du livre « Toxique » dont le thème porte sur les conséquences des effets nucléaires.
La situation relative à la Covid en Polynésie française
« Au 15 mars 2021, nous enregistrons 6 nouveaux cas par jour. Nous sommes tombés à moins de 10 nouveaux cas par jour depuis 6 semaines. Cet indicateur est parlant et nous donne des éléments de satisfaction. », a déclaré le Président.
Le Président a souligné le dévouement du personnel soignant du CHPF et en particulier des équipes dédiées à la covid, et le précieux renfort de la réserve sanitaire envoyé par l’Etat qui ont été capital dans la prise en charge hospitalière ainsi que l’engagement depuis plus d’une année des équipes de la direction de la santé qui œuvrent chaque jour à la maitrise de l’épidémie.
« Sur l’ensemble de la Polynésie, nous enregistrons à ce jour 59 cas actifs identifiés sur Tahiti. » a souligné le Président. Ce constat nous amène à dire qu’aujourd’hui les îles ont retrouvé leur statut de « covid free ». Cette réalité est rassurante à la veille de la réouverture au tourisme international. « Cependant, nous devons rester encore très vigilants car cette situation reste fragile. », a insisté le Président.
Concernant la vaccination, « c’est l’un des moyens importants de se protéger », a rappelé le Président. C’est pour cela que le Pays a accéléré la cadence et est capable de vacciner à plus de 1 000 personnes par jour en semaine et passer à 2 500 injections sur 2 jours en un week-end. A ce rythme, les frontières du Pays pourront rouvrir en toute sécurité dans les prochaines semaines, a déclaré le Président. La combinaison cumulée entre les personnes immunisées par les vaccins et les personnes ayant été immunisées pendant 6 mois par l’infection permettront d’atteindre une immunité collective dans les tous prochains mois.
Concernant les variants, la Polynésie n’a pas connu de dérive explosive de nouveaux cas dû aux variants. En effet, à ce jour, seulement 16 cas de personnes infectées par le variant dit « britannique » ont été enregistrées. Le Président a salué l’efficacité des protocoles sanitaires mis en place par le Pays à l’entrée des frontières. Ces protocoles ont été efficients pour isoler rapidement les cas détectés.
« Le Haut-commissaire s’est exprimé dernièrement pour dire que notre réouverture serait programmée pour le mois de mai prochain (…) Je confirme à nouveau que nous sommes en train de réfléchir à un carnet vaccinal qui serait requis à l’entrée ou à la sortie de la Polynésie lorsque la liberté de circulation sera entièrement rétablie entre la Polynésie et le reste du monde. » a également souligné le Président.
Les effets nucléaires en Polynésie française
La semaine qui s’est écoulée a été marquée par un tapage médiatique autour de la sortie du livre « Toxique ». Le Président a souligné que la seule nouveauté de cette étude concerne la méthode de calcul des données dosimétriques des retombées des essais nucléaires.
Le Président a évoqué un passage de ce livre qui correspond à une note rédigée par le médecin chef du Centre médical de suivi qui fait le point sur les conséquences sanitaires des essais au regard essentiellement des données épidémiologiques disponibles et a indiqué qu’il n’y a aucun élément de nature confidentielle dans cette note. « Cette note a été préparée à ma demande en prévision de la réunion annuelle de la Commission consultative de suivi des essais nucléaires ». Cette même commission, où siègent notamment les associations, les parlementaires, Nicole Sanquer et Moetai Brotherson, s’est réunie le 23 février dernier.
L’ouvrage en question met en exergue un « cluster » de cancers au Gambier. Le Président a rappelé que le nuage radioactif a touché Rikitea dès le premier tir en 1966 et que la présence de nombreux cancers au Gambier était connue depuis au moins le rapport de la commission d’enquête de 2006.
« Dans le courrier que j’ai adressé la semaine dernière au président Macron, j’ai souhaité attirer son attention sur le désarroi profond que suscite la publication de ce livre et sur l’attente légitime qui en découle de voir l’Etat apporter des clarifications sur cette situation. » a ensuite poursuivi le Président. L’Etat a un devoir de vérité et de justice vis-à-vis des Polynésiens. C’est une question de dignité et le moment est venu de tout mettre sur la table et de lever les dernières zones d’ombre qui masquent encore la totale vérité sur les conséquences des essais nucléaires a souligné le Président.
« Je ne cherche pas à remuer le passé. Je cherche par contre à éclairer l’histoire de mon Pays blessé par ces essais. Ceci pour mieux rebondir et obtenir enfin la vérité tant attendue. » a indiqué le Président.
C’est dans cet état d’esprit que le Président a rappelé qu’il avait réactivé, peu après sa prise de fonctions, fin 2014, la Délégation au suivi des conséquences des essais nucléaires avec l’aide de Bruno Barrillot. C’est ainsi qu’il a pu signer le 17 mars 2017 à Paris, avec le président de la République, François Hollande, l’Accord de l’Elysée dont la pierre angulaire est la reconnaissance du fait nucléaire et de ses conséquences par l’Etat. C’est dans ce cadre aussi que la Polynésie a obtenu de l’Etat un financement de 700 millions Fcfp pour les équipements en oncologie du CHPF.
Le Président a également rappelé qu’il avait accompagné les parlementaires du Tapura afin qu’ils préparent leurs arguments pour arracher la suppression de la notion de risque négligeable de la loi Morin. D’autres avancées importantes ont eu lieu aussi sous sa gouvernance: l’inscription de la reconnaissance de la Nation de la mise à contribution de la Polynésie pour la capacité de dissuasion nucléaire de la France, le lancement du projet de centre de mémoire, la commande en 2018 auprès de la Maison des sciences de l’homme du Pacifique un programme de recherches pour contribuer à la nécessaire mise en lumière des faits historiques et à la sauvegarde de la mémoire des essais nucléaires en Polynésie française, la reconversion des sites de défense, les travaux qui ont abouti à la signature du contrat de redynamisation des sites, le CRSD, la rétrocession des terrains militaires, la dépollution et la réhabilitation de Hao ou encore l’enseignement du fait nucléaire dans les écoles dès le CM1 et ce jusqu’en terminale.
« Il est certain que nous ne sommes pas arrivés au bout de ce travail. Je le redis, l’Etat a un devoir de vérité et de justice vis-à-vis des Polynésiens. (…) Ce qui nous porte dans cette recherche de vérité, ce sont des actes concrets pour qu’enfin ce débat sur le nucléaire soit apaisé. », a souligné le Président.