Le Haut-commissaire de la République en Polynésie française, Dominique Sorain, et le Président de la Polynésie française, Edouard Fritch, ont fait un point, vendredi matin, sur l’adaptation des mesures sanitaires en Polynésie française, pour lutter contre la propagation de la Covid-19.
Le président a, dans un premier temps, fait un point précis, avec un rappel des chiffres sur la situation sanitaire en Polynésie. A ce jour, un total de 7200 cas positifs a été enregistré depuis le 15 juillet 2020. Sur ce total, 85 patients sont hospitalisés dont 26 en réanimation. On constate une forte accélération de la croissance du nombre de cas actifs.
« C’est à partir du mois d’octobre que la situation s’est fortement dégradée. En effet, le 2 octobre, nous enregistrions 150 nouveaux cas par jour. Une semaine après, nous sommes montés à 280 cas nouveaux par jour, puis à 300 cas nouveaux une semaine plus tard, pour atteindre le niveau alarmant de 470 nouveaux vers la troisième semaine d’octobre. Cette dernière semaine d’octobre, nous oscillons entre 300 et 400 nouveaux cas par jour. C’est bien entendu inquiétant », a déclaré le Président.
« L’autre indicateur est le nombre de personnes admises en réanimation. Durant la première et deuxième semaine d’octobre, nous enregistrions 5 malades en réanimation. Dans la troisième, nous sommes montés à 20 malades, soit quatre fois plus. En quatrième semaine, nous étions à 14 malades et cette semaine, nous sommes montés à 26 cas placés en réanimation, soit une occupation des 2/3 de nos capacités en réanimation. Le nombre de personnes hospitalisées suit également cette même tendance. Avec 31 personnes hospitalisées au début du mois d’octobre, nous sommes à 70 personnes aujourd’hui, hors réanimation. Ce mois d’octobre est un mois de tous les dangers pour notre Pays », a ajouté le Président.
Lors de son allocution, le Président a demandé à la population, d’être extrêmement prudente, d’être extrêmement vigilante, dans l’application des gestes barrières pour contrer la propagation du virus et casser les chaînes de contaminations, car il estime que la situation est alarmante: « Les chiffres traduisent bien la gravité de la situation sanitaire de notre Pays. Avec une augmentation moyenne de plus 400 nouveaux cas positifs par jour durant ce dernier mois d’octobre, la Polynésie s’est hissée parmi les Pays avec un taux d’infection les plus hauts du monde. En début de semaine, nous étions au rang quatre parmi les pays les plus atteints, derrière Andorre, la Belgique et la République tchèque. Ce matin, la réalité est celle-là. Cette réalité traduit le fait que nous n’avons pas su nous protéger et protéger les autres. »
Pas de confinement pour l’heure
Le personnel médical se mobilise sans compter dans les hôpitaux, au Taaone bien sûr, mais aussi à Moorea, à Uturoa et à Taiohae. L’Institut Malardé a été mobilisé. Des renforts médicaux de métropole sont arrivés en métropole etd e nouveaux renforts arriveront également.
« C’est bien à la demande de la Polynésie que le Premier Ministre a étendu le couvre-feu en Polynésie. Ce n’est pas l’Etat qui a repris en main la destinée sanitaire de la Polynésie. Le couvre-feu souhaité par les maires polynésiens, par le Haut-commissaire et moi-même, est destiné à alerter notre population que nous avons atteint un seuil dangereux de contamination. Le couvre-feu est un message que nous adressons à la population pour signaler l’état d’alerte sérieuse dans laquelle nous sommes plongés aujourd’hui », a souligné le Président.
« Pour notre part, nous attendons encore quelques jours pour bien évaluer l’efficacité des mesures prises il y a une semaine, par le Haut-commissaire et moi-même. C’est pour cette raison que le confinement instauré en métropole et en Martinique n’est pas appliqué en Polynésie, parce que nous ne le souhaitons pas pour l’heure. Je dis bien, nous ne le souhaitons pas pour l’heure. Nous faisons tout pour éviter le confinement. Et pour éviter un confinement général de Tahiti et de Moorea, il faut que les mesures prises, il y a une semaine, réduisent sensiblement le nombre de nouveaux cas positifs dans notre pays. Et par cet effet de réduction, soulager nos hôpitaux, et surtout soulager nos personnels médicaux », a également déclaré le Président.
Le Président a rappelé les recommandations à mettre en œuvre, et ce dans un intérêt commun : notamment le respect des gestes barrières, le renforcement de la protection des personnes fragiles.
La Polynésie et sa population doivent ainsi continuer à lutter avec force contre la propagation du virus. Avec l’objectif d’éviter un risque de saturation accrue au Centre Hospitalier de Polynésie française, le Président demande à la population de veiller, de préserver et de mettre en sécurité nos matahiapo, nos personnes handicapées, et d’une manière générale toutes les personnes fragiles et les plus vulnérables.