Un colloque international portant sur « La lutte contre les trafics de stupéfiants dans la zone Pacifique », se tient actuellement, ce lundi 14 novembre, et ce, jusqu’au 16 novembre, à l’hôtel Hilton Tahiti de Faa’a. Parmi les invités, plusieurs responsables parisiens, américains, australiens, calédoniens, néo-zélandais de haut niveau, des autorités locales, de nombreux acteurs de la justice et de la police nationale, ainsi que le Président du Pays.

A l’occasion, le Président Edouard Fritch, est intervenu, ce lundi matin, à l’ouverture de cet événement international, et qui démarre en comité restreint, réunissant que des professionnels.

En effet, la lutte contre les trafics de stupéfiants au Fenua, est une priorité de politique publique, à laquelle tout le monde est associé, l’Etat, le Pays et les autorités judiciaires.

La méthamphétamine, une menace pour l’équilibre social en Polynésie

Ces dernières années, la consommation de méthamphétamine, aussi communément appelé « la ice », qui est importée sous forme cristalline, suscite de vives inquiétudes au Fenua, et partout ailleurs.

La multiplication des arrestations, des procès, des témoignages publics et des discours politiques ont fait de cette drogue, un enjeu public majeur, en quelques années. Interrogatoires, écoutes et filatures s’enchaînent au quotidien et permettent donc de s’attaquer frontalement aux réseaux de trafiquants. Les récits des conséquences désastreuses de sa consommation pour certaines familles polynésiennes, la multiplication des violences liées à la consommation et au trafic, ont élevé la méthamphétamine au statut de « fléau » sociétal.

Une politique sociale et sanitaire ambitieuse semble donc nécessaire. Une enquête de terrain menée entre 2019 et 2021 montre que ce phénomène est majoritairement traité dans un cadre répressif. L’accompagnement social et la prise en charge restent insuffisants dans la lutte contre cette drogue.

Ainsi, dans son intervention, le Président du Pays, a indiqué, « qu’ici en Polynésie française, si la lutte contre les trafics de stupéfiants, et notamment le volet répressif, relève avant tout des compétences de l’Etat, notre territoire et le Gouvernement que je préside se veulent proactifs en matière de prévention et en matière de soins. », rappelant également que la prévention est du ressort du Pays.

Il ajoute par la suite que « C’est ainsi que plusieurs ministères interviennent dans ces domaines : le ministère de la Jeunesse et de la Prévention de la délinquance, avec la délégation pour la prévention de la délinquance de la jeunesse (DPDJ), le ministère de l’Education et bien sûr le ministère de la Santé, en charge de la Prévention ».

Force est de constater que les problèmes liés à la consommation de « l’ice » sont répandus en Polynésie et affectent la vie familiale et sociale, la sécurité, la santé publique ou l’éducation. Le trafic d’ice semble donc bien s’ancrer sur notre territoire où le nombre de consommateurs est estimé à plus de 10.000. La situation est alarmante en termes de santé publique et de conséquences sociétales. Elle nous interpelle sur les moyens, les approches et l’accompagnement adapté à l’ampleur du problème.

Pour relever ce défi, les leviers résident dans la consolidation d’une dynamique par une politique de santé, qui favorise à tous les niveaux l’implication et la coopération avec les usagers dans les champs éducationnels, culturels, cultuels, sociaux, cliniques et institutionnels.

Le Président a clôturé son intervention en déclarant qu’il prend « très au sérieux les problèmes liés au trafic et à la consommation de stupéfiants en Polynésie française. En liaison avec l’Etat, qui est notre partenaire, nous agissons au mieux pour tenter d’endiguer ce fléau et ses multiples conséquences sur notre société insulaire. Encore une fois, je suis persuadé que ce combat est l’affaire de tous : des autorités publiques de l’Etat et du Pays bien sûr, des autorités religieuses qui ici sont influentes, du monde éducatif, du monde associatif, du monde économique et enfin, ou en premier lieu, de la famille. Vraiment, c’est l’affaire de tous ».